GOURMONT Rémy (De) – Livres Audio
GOURMONT, Rémy (De) – Conversation Du Soir – La Marguerite Rouge
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 30min | Genre : Nouvelles
Treize nouvelles de Rémy de Gourmont (1858-1915), poète symboliste et styliste érudit fleurissent sur notre site. Voici deux fleurs à ajouter au bouquet.
Conversation du soir joue avec le désir, le piano et les roses blanches, les magnolias, les violettes et les cyclamens.
« Mora jouait pour le plaisir des bruits agréables, pour l’excès de vibration que la musique importe dans les cellules cérébrales, pour l’intensité et l’activité que le rythme donne aux battements du cœur et à la circulation du sang ; Ida jouait pour broder un accompagnement à ses rêves et, pendant que la musique se dessinait en vives arabesques devant ses yeux éblouis, elle perdait quasiment la conscience de son être ; allégée et simplifiée, elle sortait d’elle-même, elle montait, mais pour redescendre bientôt, surprise et un peu suffoquée. Cette illusion était plus sûre encore lorsque, au lieu de jouer elle-même, elle écoutait sa sœur qui avait le génie des interprétations rythmiques. »
La Marguerite rouge est plus sombre :
« C’était la première fois de sa vie que Madame de Troène pleurait. À partir de ce moment, son caractère se modifia ; sa famille, peu à peu, lui devint indifférente ; elle s’enferma des mois entiers au château de Troène, sans voir personne, sans ouvrir ses lettres, sans écrire, lisant des manuels de dévotion, bientôt tout abandonnée aux mains du curé. » La découverte de « sa » marguerite rouge va tout bouleverser…
Illustration : Gaston de La Touche, Le Pianiste (détail, 1910).
GOURMONT, Rémy (De) – Stratagèmes
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 30min | Genre : Poésie
Quelques pages très poétiques où la sensualité et l’érotisme se trouvent sublimés par l’érudition.
Stratagèmes (1894) (du recueil Histoires magiques, comme Celle qu’on ne peut pas pleurer ou L’Autreest une promenade dans des souvenirs amoureux qui peut ne pas affecter les lecteurs et les lectrices de la même manière.
« Nous recommençons à pétrir les amusantes soies. Les mystiques bleus surgissent, pâlissant les rouges et faussant les verts. Adieu, les herbes, les ombres virescentes promenant sur l’eau des reflets de retroussis ! Adieu les pourpres brûlés par le désir ! Adieu, charnels pourpres !… Les fenêtres ouvertes sont bleues, nous voici partis vers des ciels pâles… Pourtant, je reprends pied : au contact de ce velours bleu vert j’ai sauté de la nacelle et je te retrouve, Galathée, je baise le bleu vert des veines qui se ramifient à tes poignets… Vert ? De quel vert ? Non, bleu, décidément, ce poignet, par les bleus qui le ceignent de leurs ombres bleues… Ô Sang ! emporte-moi vers le cœur de Galathée, ô galop chimérique des veines, emporte-moi ! Et là prends-moi, galop chimérique des artères, prends-moi et promène-moi par les allées secrètes et par l’intimité de sa chair… »
Illustration : Edmond Aman-Jean, Farniente (1895).
GOURMONT, Rémy (De) – Le Secret De Don Juan – Celle Qu’on Ne Peut Pas Pleurer – L’Autre
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 30min | Genre : Nouvelles
Difficile de ne pas succomber au charme du style de Rémy de Gourmont dans ces Histoires magiques(1894), même si la mort conclut tristement les trois.
Le Secret de Don Juan
« Don Juan entra dans la carrière armé et orné de cette devise : « Pour plaire, il faut prendre ce qui plaît à celles qui plaisent. »
À une défaillante blonde, il prit le geste de comprimer d’une main adroite le douloureux battement d’un cœur absent ;
À une autre, il prit un ironique clignement des paupières qui donnait l’illusion de l’impertinence ;
À une autre… »
À une défaillante blonde, il prit le geste de comprimer d’une main adroite le douloureux battement d’un cœur absent ;
À une autre, il prit un ironique clignement des paupières qui donnait l’illusion de l’impertinence ;
À une autre… »
Celle qu’on ne peut pas pleurer :
« Quel que soit le degré d’immoralité conventionnelle dont un honnête sot taxerait ma conduite, je la juge, moi, d’une moralité très haute et même absolue, – et je puis, fièrement et douloureusement, embrasser dans la chambre de ma femme morte celui que moi-même je fis son amant. »
L’Autre :
« Les deux sœurs ne s’étaient jamais aimées, et l’aînée, celle qui entrait, radieuse et insolente sous son air condoléant, n’avait jamais pardonné à sa cadette, elle restée fille, son précoce mariage. »
Illustration : Eugène Delacroix, Le Naufrage de Don Juan.
GOURMONT, Rémy (De) – Un Cœur Virginal
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 4h 45min | Genre : Romans
Certes Rémy de Gourmont (1858-1915) a écritPhysique de l’amour, Lettres d’un satyre et Un cœur virginal, mais son œuvre où romans, pièces de théâtre, poèmes et essais érudits (voir Le Dit des arbres et Le Pèlerin du silence) abondent ne peut être classée comme érotique.
Un cœur virginal, achevé le 10 octobre 1906, est un roman que Gourmont présente ainsi dans sa préface :
« Roman, c’est un roman. Et ce ne serait que cela, si l’on n’avait tenté, par une analyse sans scrupules, d’y dévoiler, si l’on peut dire, les dessous d’un « cœur virginal », d’y montrer que l’innocence a ses instincts, ses besoins, ses obéissances physiologiques.
Une jeune fille n’est pas seulement un jeune cœur, c’est un jeune corps humain tout entier.
Tel est le sujet de ce roman, qu’il faut bien, tout de même, appeler « physiologique ». »
Une jeune fille n’est pas seulement un jeune cœur, c’est un jeune corps humain tout entier.
Tel est le sujet de ce roman, qu’il faut bien, tout de même, appeler « physiologique ». »
Le thème est la découverte de l’amour par une jolie jeune fille, Rose, de vingt ans, provocante en le sachant et sans le savoir, éprise d’un quadragénaire M. Hervart conservateur de la sculpture grecque au Louvre et entomologiste qui connaît bien les femmes et faisant vibrer le cœur d’un jeune architecte Léonor qui lui non plus n’est pas innocent dans les jeux de l’amour.
Comment ces intrigues amoureuses vont-elles finir ?
Comment ces intrigues amoureuses vont-elles finir ?
Ajoutez à cette étude de la sensualité et de la sexualité, les passions d’Hortense et de Gratienne (que nous regrettons d’avoir nommée GraTienne, au lieu de GraSSienne) et des déclarations du genre :
« Il n’y a pas, reprit Bouret, plusieurs sortes d’amours. Il n’y en a qu’un. L’amour est physique. Le plus éthéré retentit dans l’organisme avec autant de certitude que le plus brutal. La nature ne connaît qu’une fin, la procréation, et si le chemin que vous prenez n’y conduit pas, elle vous arrête et vous condamne au moins à quelque simulacre : c’est sa vengeance. Tout sentiment intersexuel tend à l’amour, à moins que son caractère initial ne soit bien défini ou que les partenaires soient dans la phase finale de la vie où l’amour est impossible… »
« Il n’y a pas, reprit Bouret, plusieurs sortes d’amours. Il n’y en a qu’un. L’amour est physique. Le plus éthéré retentit dans l’organisme avec autant de certitude que le plus brutal. La nature ne connaît qu’une fin, la procréation, et si le chemin que vous prenez n’y conduit pas, elle vous arrête et vous condamne au moins à quelque simulacre : c’est sa vengeance. Tout sentiment intersexuel tend à l’amour, à moins que son caractère initial ne soit bien défini ou que les partenaires soient dans la phase finale de la vie où l’amour est impossible… »
GOURMONT, Rémy (De) – Sélection De Poèmes En Prose
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 20min | Genre : Poésie
Nous retrouvons dans ces cinq poèmes en prose symbolistes de Rémy de Gourmont (1858-1915) la délicatesse et la sensualité de Le Pèlerin du silenceet de Le Dit des arbres. Mais pas de trace d’humour comme dans Le Devoir.
« Pense, disait le poète, pense au pâle abandon… » (Prose pour un poète)
« Là ! mon cher, chuchotait la voix du lointain, te l’avais-je dit ? D’or, de marbre, de chair, je m’évanouis à l’épreuve d’un contact. Je suis l’Intouchable, c’est-à-dire la Femme. » (Vision)
« Doucement, avec des précautions insidieuses, le ciel s’avive ; la ligne du dôme animée d’un peu de violet, le sein, pivoine qui va s’ouvrir, éclate soudain en halo de pourpre ; tout le corps de l’idole saigne sous les griffes du lion, et la crinière surgit, les naseaux étincellent, les yeux fulgurent. » (La Neige)
« Ah ! lance métaphorique du soldat romain qui tous les jours transperces
Jésus, et toi, épée mortuaire, n’êtes-vous pas du même fer ? » (L’Opérateur de mort)
Jésus, et toi, épée mortuaire, n’êtes-vous pas du même fer ? » (L’Opérateur de mort)
« Jadis, au temps des Antoine et des Paphnuce, la Thébaïde l’eût tenté, avec ses cavernes et ses arènes muettes. Presque seul, vraiment seul, dans le désarroi des deuils récents et la survivance illogique des vieilles habitudes, – mort à ce qui n’était pas très loin, très haut ou très absurde, – il habitait une grande maison carrée, couvent égyptien, lourde blancheur écrasée dans l’or pâle des sables. » (Une maison dans les dunes)
GOURMONT, Rémy (De) – Le Pèlerin Du Silence – Les Bras Levés – Le Dit Des Arbres
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 40min | Genre : Nouvelles
Le Rémy de Gourmont (1858-1915), profond érudit, auteur de ces trois textes, est très différent du Gourmont humoriste de Le Devoir ou de Grèbe et Grèbe. Il est vraiment le poète symboliste, par excellence, et Le Pèlerin du silence, qu’il dédie à son ami Mallarmé en est l’hermétique illustration, ainsi que Les Bras levés.
Le poème en prose, Le Dit des arbres, sorte de litanie païenne célébrant l’originalité des différents arbres que Gourmont traduit en symboles qui, tous, sont « joie de mon triste cœur » est vraiment original !
« Cytise, jeune fille penchée au-dessus du ruisseau clair avec des sourires dans les cheveux, cytise blond, cytise blanc, cytise pur,
Tu donneras tes cheveux blonds aux lèvres du vent, et ta peau blanche à l’invisible main du faune, et ta pureté au mâle qui passe dans l’air hystérique.
Blond cytise, arbre rêveur et frêle, joie de mon triste cœur. »
GOURMONT, Rémy (De) – La Propriété Littéraire
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 13min | Genre : Essais
L’article L. 123-1 du Code de la propriété intellectuelle précise : « L’auteur jouit, sa vie durant, du droit exclusif d’exploiter son œuvre sous quelque forme que ce soit et d’en tirer un profit pécuniaire. Au décès de l’auteur, ce droit persiste au bénéfice de ses ayants droit pendant l’année civile en cours et les soixante-dix années qui suivent. »
Il y a une centaine d’années, Rémy de Gourmont (1858-1915) nous donnait son avis d’écrivain sur le problème, cent fois traité, des droits d’auteur… qui duraient moins qu’aujourd’hui.
« La durée des droits accordés par les lois antérieures (1798, 10 ans ; 1810, 20 ans ; 1824, 30 ans) aux héritiers, successeurs irréguliers, donataires ou légataires des auteurs, compositeurs ou artistes, est portée à 50 ans à partir du décès de l’auteur. »
« Ce délai est-il suffisant ? Doit-on l’augmenter ? L’opinion commune, parmi les hommes de lettres, est que le délai est insuffisant. Plusieurs d’entre eux pensent même que la propriété littéraire devrait être perpétuelle. Comme je ne suis ni du premier avis, ni surtout du second, je demande à présenter quelques observations à ces « propriétaristes » trop convaincus. »
L’hypothèse de la propriété éternelle des Fables de La Fontaine est exposée avec l’humour attendu du conteur de Le Devoir.
GOURMONT, Rémy (De) – Le Marbre Et La Chair
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 10min | Genre : Essais
« La matière, telle que créée ou telle que née, est essentiellement amorphe sous une apparence formelle, sous l’illusion d’un contour précis, et c’est à l’intelligence de lui donner sa forme vraie, c’est-à-dire sa destination et sa place dans la hiérarchie des œuvres d’art ou d’amour. [...] Ces réflexions m’étaient l’autre jour suggérées par les œuvres vues en l’atelier du maître Rodin et aussi par les paroles que j’entendis, là, d’un artiste qui comprend son art autant qu’il l’aime. Pour M. Rodin, le modèle est tout et il n’est rien ; il est tout comme matière, comme indispensable cire, il n’est rien comme exemple, comme chose à copier. »
Le Marbre et la chair est consacré à la statuaire de Rodin qui prétend que « En principe, l’œuvre d’art doit être unique ; tout au moins, ne doit-elle être reproduite que par l’artiste lui-même ou sous sa direction. »
Le Marbre et la chair est consacré à la statuaire de Rodin qui prétend que « En principe, l’œuvre d’art doit être unique ; tout au moins, ne doit-elle être reproduite que par l’artiste lui-même ou sous sa direction. »
Illustration : Auguste Rodin, Orphée et Eurydice, Metropolitan Museum of Art (New York).
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