Guillaume, le faydit: La tragédie cathare
Ce roman s'adresse au fond du cœur des languedociens et à tous ceux
qu'attriste le sort des peuples soumis à une idéologie dominante. Les
vagues de français qui en ce début du XIIIe siècle sont parties
conquérir les terres occitanes "mises en proie" par Innocent III ont
aussi anéanti un mode de vie, une tradition, une culture que l'Histoire,
quelques siècles plus tard s'acharnera à parachever par les édits de
Villers-Cotterêts : la langue d'Oc sera bannie des imprimeries. Ce roman
permet de suivre de 1210 à 1244, le parcours d'un noble de la mouvance
de Foix, devenu Faydit (dépossédé) participant aux grandes batailles et
péripéties de la croisade. Le récit appuyé sur des textes historiques
fait revivre ce qu'ont pu être le désespoir et l'incompréhension des
méridionaux devant cet acharnement à les priver de leurs terres, de
leurs droits et de leurs lois. Le héros, Guillaume de Sahuc, loin de son
idéal de chevalerie appris à la cour de Trencavel, est ici le symbole
autour duquel se refédère de nos jours l'identité d'un pays, celui des
terres occitanes où jadis s'exprimait la foi cathare. Tout comme
éradiquer une hérésie avait été jadis un prétexte, ici la religion n'est
que la toile de fond du roman. Les actions politiques, guerrières, la
désolation du peuple, les spoliations, l'évocation de la vie facile
d'une société peu préparée à une invasion font replonger dans le
quotidien d'un Faydit malheureux jusqu'au plus profond de lui-même. Un
beau roman de sang, de larmes et de tragédies mais aussi d'amour de la
vie.