La Saint Barthélemy: De la guerre des clans au massacre religieux
Ce 22 août 1572, Gaspard de Coligny quitte le Louvre et s'en va déjeuner. Il n'est pas tout à fait midi. Un coup de feu claque, l'amiral chancelle. Soutenu par ses amis, il se redresse et pointe du doigt la fenêtre d'où est venu le tir. Il saigne.
Mais si la blessure ne semble pas mortelle, ce sang qui coule le long de son bras est le prélude d'une saignée fatidique.
Pour comprendre la Saint-Barthélemy, qui balance entre crise de folie foudroyante et sourde réaction politique, il faut prendre en compte les agissements de rois malades et ruinés par le vice, la pression d'une spiritualité débordante qui bouleverse les espérances et fait vaciller la tradition romaine. En y ajoutant la superstition, les fantasmes, les malédictions et les intérêts personnels.
Chaque événement découle d'un autre lui-même écho du précédent. Voilà ici encore un effet papillon qui se vérifie : l'onde de choc de ce massacre s’est propagée longtemps. De cet épisode de l’Histoire naîtront la Révolution Française, la fin de la monarchie et l'embryon de la démocratie.
C'est à l'occasion du mariage d’Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, la fille de Catherine de Médicis que tout bascule : la tentative d'assassinat de l'amiral de Coligny, puis le massacre de la Saint-Barthélemy vont déchirer la France. La France, c'était un peuple, un roi, une église ; lorsque les protestants ont proposé la liberté de conscience, une église réformée et une foi en Dieu sans intermédiaire, ils ont miné la monarchie et l'hégémonie de Rome.
La Réforme ne pouvait qu'accoucher de la Révolution, mais il a d’abord fallu passer par le chemin des Noces de Sang, des Guerres de religion à répétition et des trois Henri, des Messes pour Paris, des Édits irrévocables révoqués, des révoltes, des conspirations, des trahisons... De la Saint-Barthélemy à la Bastille, le sang coulera à flot....