BERGERAT Émile – Livres Audio
BERGERAT, Émile – Un Duel Darwiniste – La Trouée – Une Femme Libre
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 50min | Genre : Contes
Trois Contes de Caliban (1909) d’Émile Bergerat :
Un duel darwiniste
« Aussi ne faut-il pas croire les journaux allemands, ni quand ils disent que la mort du célèbre Lutz de B… a eu une cause futile, ni quand ils disent autre chose. »
« Aussi ne faut-il pas croire les journaux allemands, ni quand ils disent que la mort du célèbre Lutz de B… a eu une cause futile, ni quand ils disent autre chose. »
La Trouée
« Et il éclata d’un si bon rire, avec une joie si naïve, que je me sentis ému jusqu’au fond de l’âme. « Brave passementier, héros inconscient de cette Iliade moitié bouffonne et moitié navrante, sois béni ! pensai-je ! car toi, du moins, tu as fait ton devoir jusqu’au bout. Grâce à toi et à tes rares pareils, quels qu’aient été ses torts et quels qu’ils soient encore, la bourgeoisie s’est rachetée à jamais sur les sombres coteaux de Montretout et de Buzenval. »
« Et il éclata d’un si bon rire, avec une joie si naïve, que je me sentis ému jusqu’au fond de l’âme. « Brave passementier, héros inconscient de cette Iliade moitié bouffonne et moitié navrante, sois béni ! pensai-je ! car toi, du moins, tu as fait ton devoir jusqu’au bout. Grâce à toi et à tes rares pareils, quels qu’aient été ses torts et quels qu’ils soient encore, la bourgeoisie s’est rachetée à jamais sur les sombres coteaux de Montretout et de Buzenval. »
Une femme libre
« Les peuples héroïques et modèles des civilisations antiques, disparues, mais qui reparaîtront, je vous le jure, n’ont point connu l’aberration fatale qui, depuis deux mille ans à peine, a dévoyé l’humanité et semé dans les champs de la nature l’ivraie de cette tristesse sociale qui empoisonne jusqu’aux remparts de la cité moderne. La sagesse ancestrale ne demandait pas aux yeux de la femme plus de ciel qu’ils n’en peuvent tenir. Le baiser n’y mesurait que sa joie instantanée et furtive, payée aux dieux par les douleurs sacrées de la maternité, aussi longues que la vie des mères vénérables. »
« Les peuples héroïques et modèles des civilisations antiques, disparues, mais qui reparaîtront, je vous le jure, n’ont point connu l’aberration fatale qui, depuis deux mille ans à peine, a dévoyé l’humanité et semé dans les champs de la nature l’ivraie de cette tristesse sociale qui empoisonne jusqu’aux remparts de la cité moderne. La sagesse ancestrale ne demandait pas aux yeux de la femme plus de ciel qu’ils n’en peuvent tenir. Le baiser n’y mesurait que sa joie instantanée et furtive, payée aux dieux par les douleurs sacrées de la maternité, aussi longues que la vie des mères vénérables. »
BERGERAT, Émile – L’Horreur Humaine – Scipion Garsoulas – L’Enfant Perdu
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 49min | Genre : Contes
Trois nouveaux Contes de Caliban d’Émile Bergerat (1845-1923) à ajouter aux 25 déjà parus.
Conte tragique : L’Horreur humaine
« Ordre de l’état-major allemand. Les habitants de la commune ont un quart d’heure pour se réunir tous dans leur église paroissiale, faute de quoi les meubles, immeubles et récoltes seront livrés à l’incendie. Les femmes et les enfants, exceptés seuls de la mesure, pourront se réfugier au château, mais sans leurs animaux domestiques. »
« Ordre de l’état-major allemand. Les habitants de la commune ont un quart d’heure pour se réunir tous dans leur église paroissiale, faute de quoi les meubles, immeubles et récoltes seront livrés à l’incendie. Les femmes et les enfants, exceptés seuls de la mesure, pourront se réfugier au château, mais sans leurs animaux domestiques. »
Conte facétieux : Scipion Garsoulas
« Vous a-t-il été donné d’assister à la séance mémorable où Scipion Garsoulas, député de Provence, obtint le plus beau succès d’hilarité parlementaire que l’histoire du suffrage universel disputera un jour à celle de la gaieté française ? Ce fut prodigieux, on se pâmait sur tous les bancs, le Palais-Bourbon ondulait de rire. »
« Vous a-t-il été donné d’assister à la séance mémorable où Scipion Garsoulas, député de Provence, obtint le plus beau succès d’hilarité parlementaire que l’histoire du suffrage universel disputera un jour à celle de la gaieté française ? Ce fut prodigieux, on se pâmait sur tous les bancs, le Palais-Bourbon ondulait de rire. »
Conte féerique et rustique : L’Enfant perdu
« Et, cependant, elle est toujours triste.
Nul ne peut se vanter de l’avoir vue une seule fois rire ou chanter au rouet, et non seulement depuis la mort d’Eyrnaud, son mari, mais même auparavant. Une ride, creuse comme une ornière, lui fait deux fronts sous un seul bonnet. Et ils ne savent pas, les gars, ils n’ont jamais su la cause de sa mélancolie. Eyrnaud non plus, ne l’a pas sue, le pauvre cher homme ! »
« Et, cependant, elle est toujours triste.
Nul ne peut se vanter de l’avoir vue une seule fois rire ou chanter au rouet, et non seulement depuis la mort d’Eyrnaud, son mari, mais même auparavant. Une ride, creuse comme une ornière, lui fait deux fronts sous un seul bonnet. Et ils ne savent pas, les gars, ils n’ont jamais su la cause de sa mélancolie. Eyrnaud non plus, ne l’a pas sue, le pauvre cher homme ! »
Illustration : Honoré Daumier, Le Ventre législatif (1834).
BERGERAT, Émile – Le Coup De La Belle-Mère – Le Bon Chevalier De Frileuse
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 45min | Genre : Nouvelles
Pour finir 2016 en souriant, deux Contes de Calibande l’humoriste Émile Bergerat.
Le Coup de la belle-mère :
Appréciez le style de présentation des personnages : « J’estime sage d’en revenir au système du vieux répertoire – ou de La Bruyère – et d’appeler paisiblement : Eraste, Clitandre, Araminte et Bélise les types, comme on dit aujourd’hui, de ce conte philosophique.
Celui qui, du fond des nues, règle les choses de ce monde s’amusa donc, un jour, pour tenir le diable en haleine, à conduire Araminte, jeune fille pleine d’agréments du huitième à l’étalage miroitant où l’indolent Eraste, le crayon d’or en flèche à l’oreille, chiffonnait les soldes de faille et aunait les coupons de satin.
Le doux commis, marqué de Dieu, emplissait son idéal de vierge. »
Celui qui, du fond des nues, règle les choses de ce monde s’amusa donc, un jour, pour tenir le diable en haleine, à conduire Araminte, jeune fille pleine d’agréments du huitième à l’étalage miroitant où l’indolent Eraste, le crayon d’or en flèche à l’oreille, chiffonnait les soldes de faille et aunait les coupons de satin.
Le doux commis, marqué de Dieu, emplissait son idéal de vierge. »
Le Bon Chevalier de Frileuse est divertissant à écouter et facile à raconter ensuite :
« M. de Frileuse avait un ami, un seul, mais il était bon !… À ce mot : Turc ! cet ami accourait, et c’étaient des caresses sans fin comme sans prétexte, pour le simple plaisir. Notez que vous n’accueillez pas un frère absent depuis vingt années avec autant de transports que le chevalier ne recevait son ami chaque matin, après une seule nuit d’absence passée par Turc sur le paillasson.
— Je trouve en Turc, disait le chevalier, une supériorité évidente sur tous les amis de la race pensante et parlante : c’est que Turc pense sans parler, et que l’homme parle sans penser. »
— Je trouve en Turc, disait le chevalier, une supériorité évidente sur tous les amis de la race pensante et parlante : c’est que Turc pense sans parler, et que l’homme parle sans penser. »
Illustration : James Lonsdale, Portrait de Charles Howard (1746–1815), 11ème duc de Norfolk.
BERGERAT, Émile – Azeline – Les Demi-Âmes – La Tache D’encre
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 30min | Genre : Nouvelles
Notre site offre aujourd’hui une vingtaine de Contesd’Émile Bergerat (1845-1923).
Azeline et Les Demi-Âmes sont deux légendes bretonnes que nous fait découvrir le gendre de Théophile Gautier :
« Voilà comment on s’aimait chez nous, mon bon monsieur, au temps où il y avait des rois régnants, quand tout le monde allait, le dimanche, à la messe, et ceux qui disent que l’histoire s’est passée ailleurs qu’en Bretagne sont des menteurs qui veulent nous faire du tort dans l’esprit du monde. », dit la vieille sorcière d’Azeline.
« Aujourd’hui, jour des Morts, j’ai appris que les Demi-Âmes s’étaient envolées. Ils sont morts ensemble presque à la même minute et dans la même heure. On les a trouvés dans leur chaumière assis devant l’âtre éteint, et côte à côte sur deux escabeaux rapprochés. »
Dans La Tache d’encre, un « bon juge » nous éclaire sur la triste condition des filles dites « de joie »:
« La plus malheureuse est sans contredit la fille en carte. Vous n’ignorez pas à quelles mesures de police elle doit se soumettre pour exercer son lugubre négoce. Elle est inscrite sur un registre secret du bureau des mœurs, et jamais, vous m’entendez bien, jamais plus, se fût-elle rachetée cent fois par une conduite exemplaire, elle n’est rayée du livre d’infamie. J’en ai vu, moi qui… »
Un récit bouleversant… et rassurant.
Illustration : Wladyslaw Wankie, Bretonne à la pêche (détail, 1893-1894).
BERGERAT, Émile – La Vénus Vitriolée – La Dame Au Sonnet
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 28min | Genre : Nouvelles
Après les douze contes enregistrés d’Émile Bergerat(1845-1923) voici :
La Vénus vitriolée, histoire tragique, inventée par Bergerat.
« Le désastre était effroyable. Sous l’action corrosive de l’acide sulfurique, le pauvre charmant visage, si pur de galbe, si tendre de lignes, couronnement d’un corps triomphal, clef de sa forme voluptueuse, coup de pouce enfin du divin modeleur des types et des espèces, n’était qu’une éponge sanguinolente où s’embroussaillaient les cheveux et la voilette. »
et heureusement suivie de La Dame au sonnet qui résout le problème posé par Le Sonnet d’Arvers (Version 1, Version 2, Version 3) :
« Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :
Un amour éternel en un moment conçu.
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.
Un amour éternel en un moment conçu.
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.
Hélas ! j’aurai passé près d’elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,
Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,
N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,
Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,
N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,
Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses pas ;
Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses pas ;
À l’austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle :
« Quelle est donc cette femme ? » et ne comprendra pas. »
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle :
« Quelle est donc cette femme ? » et ne comprendra pas. »
car nous apprenons par Bergerat l’histoire de ce sonnet et l’identité de sa destinataire par cette femme même, qui n’était pas madame Hugo comme on le crut longtemps.
BERGERAT, Émile – Lazoche, Peintre D’idéaux – Le Sieur « On »
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 35min | Genre : Nouvelles
Voici deux nouveaux Contes facétieux d’Émile Bergerat (1845-1923), dit Caliban.
Lazoche, peintre d’idéaux est l’amusante histoire d’un peintre amateur :
« L’article Venise, était alors fabuleusement demandé par les débitants de peinture. Les Venises de Lazoche lui étaient prises sans marchander, quoiqu’il ne mît pas plus d’une heure à les exécuter, et cela, disait Saintonge, à cause de leur couleur locale « à tromper les pigeons de Saint-Marc ». Lazoche, d’ailleurs, ne vivait que de cette production, exclusivement. Inutile de dire qu’il n’avait pas mis les pieds dans la ville des doges : cela se voyait du premier coup d’œil et il ne cherchait pas à duper le monde. »
Le Sieur « On » est tout entier résumé dans ces quelques lignes :
« La recherche du sieur On est l’exercice mohicanesque auquel il faudrait astreindre les agents de police ou détectives ; mais qui est le Vidocq qui peut se vanter d’en sortir ? Le sieur On, où est-il ? Partout et nulle part, omniprésent, omniabsent, ubiquiste, réel et fabuleux. Ouvrez à la lettre O le Bottin de Paris, de la province, tous les dictionnaires d’adresses, vous n’y trouverez point le nom de On, avec ou sans particule, et pourtant la famille est innombrable, que dis-je ? universelle. Les On se cachent sous tous les noms de l’honnête homme, stupide, génial ou médiocre. Beaumarchais en a démasqué un, le comique qu’il appelle Basile, et Shakespeare un autre, le tragique, Iago ; il résulte de leurs deux types que soit pour la calomnie, soit pour la médisance, mortelles d’ailleurs à l’envi, le sieur On, c’est vous, moi, et toute l’espèce humaine, des deux sexes s’entend, car il n’est femme qui ne soit une Mme Onne. »
BERGERAT, Émile – L’Alliance – Le Premier Mot
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 30min | Genre : Contes
Émile Bergerat (1845-1923), dit Caliban, a l’art – qui n’est pas donné à chaque conteur – de savoir nous émouvoir dans le Conte tragique L’Alliance :
« Il ne se mariait que pour en finir, comme dernier remède, avant l’autre ! Depuis sept ans, il l’aimait toujours, il n’en pouvait plus. Il n’était revenu que pour la voir, une fois encore, la dernière, dans la serre. Et puis, il disparaîtrait à jamais. Il en faisait serment sur la mémoire de sa mère. »
aussi bien que de nous faire rire par la disparité entre les faits et le style, dans le Conte facétieux, Le Premier Mot :
Le bébé « Hilaire récalcitrait à toute imitation de son formulé. Même ce vocable, initial en toutes langues humaines, premier exercice de la phonation, diphtongue quasi animale encore et plutôt cri que mot, « papa », ne frappait les méninges du jeune anthropoïde ou du moins ne s’y répercutait. Il demeurait lèvres closes, les regards creux, semblable à ces babouins emperruqués nommés hamadryas, qui doivent être les magistrats du peuple des singes, tant leur maintien est sévère. »
BERGERAT, Émile – Le Mariage De Cambronne – Le Crime Du Moulin Au Moulin Du Crime
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 30min | Genre : Contes
Le Mariage de Cambronne tourne autour du mot célèbre qui n’aurait peut-être pas été prononcé selon l’oncle d’Émile Bergerat.
« D’abord tu connais la phrase, n’est-ce pas, la fameuse phrase : la phrase historique ?
- La garde meurt…
- C’est ça. Moi, je ne l’ai pas entendue, quoique je fusse à côté de lui, dans le carré, qui fut un triangle, entre parenthèse. Mais elle est authentique, quoique, à Londres, on la mît en doute lorsque nous arrivâmes. On la discutait partout, dans la plus haute société. »
- La garde meurt…
- C’est ça. Moi, je ne l’ai pas entendue, quoique je fusse à côté de lui, dans le carré, qui fut un triangle, entre parenthèse. Mais elle est authentique, quoique, à Londres, on la mît en doute lorsque nous arrivâmes. On la discutait partout, dans la plus haute société. »
Malgré son titre, Le Crime du moulin au moulin du crime est une autre histoire amusante extraite des Contes facétieux.
« – Monsieur l’artiste devait avoir entendu parler d’un crime accompli, il y avait quelques années, dans le pays, et qui était aux causes célèbres ? Un enfant noyé par son oncle et sa tante, une affaire d’héritage ?… Ah ! il en était venu de ces journalistes !… Pour voir le chien surtout.
- Quel chien ?
- Mais le chien qui a repêché l’enfant dans l’étang et a ramené son cadavre… »
- Quel chien ?
- Mais le chien qui a repêché l’enfant dans l’étang et a ramené son cadavre… »
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