DOSTOÏEVSKI Fedor – Livres Audio
DOSTOÏEVSKI, Fedor – Journal D’un Écrivain (1873-1876)
Ce journal, écrit et publié de 1873 à 1881, contient des réflexions de l’auteur sur la Russie, sur l’occident, sur le caractère russe, sur l’instruction des femmes, des enfants, etc, et même sur des faits divers, mais également quelques œuvres littéraires de fictions, des nouvelles.
Traduction : J.-Wladimir Bienstock (1868-1933) et de John-Antoine Nau (1860-1918).
DOSTOÏEVSKI, Fedor – La Timide (Version 2)
Conte inclus dans Journal d’un écrivain.
« Je demande pardon à mes lecteurs de leur donner cette fois un conte au lieu de mon « carnet » rédigé sous sa forme habituelle. Mais ce conte m’a occupé près d’un mois. En tout cas, je sollicite l’indulgence de mes lecteurs.
Ce conte, je l’ai qualifié de fantastique, bien que je le considère comme réel, au plus haut degré. Mais il a son côté fantastique, surtout dans la forme, et je désire m’expliquer à ce sujet.
Il ne s’agit ni d’une nouvelle, à proprement parler, ni de « mémoires ». Figurez-vous un mari qui se trouve chez lui, devant une table, sur laquelle repose le corps de sa femme suicidée. Elle s’est jetée par la fenêtre quelques heures auparavant. [...] » (Avertissement de l’auteur.)
Ce conte, je l’ai qualifié de fantastique, bien que je le considère comme réel, au plus haut degré. Mais il a son côté fantastique, surtout dans la forme, et je désire m’expliquer à ce sujet.
Il ne s’agit ni d’une nouvelle, à proprement parler, ni de « mémoires ». Figurez-vous un mari qui se trouve chez lui, devant une table, sur laquelle repose le corps de sa femme suicidée. Elle s’est jetée par la fenêtre quelques heures auparavant. [...] » (Avertissement de l’auteur.)
Traduction : J.-Wladimir Bienstock (1868-1933) et John-Antoine Nau (1860-1918).
DOSTOÏEVSKI, Fedor – La Confession De Stavroguine
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 1h 45min | Genre : Romans
La Confession de Stavroguine à l’évêque Tykhon, censurée, a été supprimée de l’édition originale deLes Possédés (1879) de Dostoïevski et publiée seulement en 1922 comme fragment inédit.
En 1879, l’auteur est plutôt conservateur, car pour lui une vie dans Dieu, nihiliste, est très dangereuse. Toute son œuvre est basée sur le danger de la perte des valeurs, d’où la célèbre formule « Si Dieu n’existe pas, tout est permis ». Nicolas Vsévolodovitch Stavroguine, le prince mystérieux, le ténébreux nihiliste, le possédé, le déraciné qui ne se laisse jamais dévoiler est devenu presque athée, au contact de la civilisation occidentale mais on le devine parfois plutôt chrétien ; il en va de même pour ses aventures amoureuses. Son nihilisme n’a pas pour conséquence l’indifférence au Bien et au Mal, mais une obsession pour la bassesse. Stavroguine a violé la petite Matriocha. L’enfant éprouve un sentiment de honte et de déshonneur. Elle croit même avoir « tué Dieu », comme si le nihilisme était passé dans son corps. L’auteur se garde bien de prendre position. L’intéressent seulement les confrontations d’idées, l’homme en lutte avec ses doutes. Tout ici n’est clarifié qu’avec le dialogue où s’affrontent Stavroguine et le moine Tikhon.
Notons cette précision de Dostoïevski : « Cette confession écrite est le produit, à mon sens, d’un auteur en état de crise, son œuvre est celle du diable qui le possédait. Le sentiment qui a poussé à écrire ce document est exactement celui qu’éprouve un malade souffrant d’un mal aigu et s’agitant dans son lit pour trouver une position qui lui apporterait un allégement, tout au moins momentané, ou sinon un allégement, un changement de douleur. »
En 1879, l’auteur est plutôt conservateur, car pour lui une vie dans Dieu, nihiliste, est très dangereuse. Toute son œuvre est basée sur le danger de la perte des valeurs, d’où la célèbre formule « Si Dieu n’existe pas, tout est permis ». Nicolas Vsévolodovitch Stavroguine, le prince mystérieux, le ténébreux nihiliste, le possédé, le déraciné qui ne se laisse jamais dévoiler est devenu presque athée, au contact de la civilisation occidentale mais on le devine parfois plutôt chrétien ; il en va de même pour ses aventures amoureuses. Son nihilisme n’a pas pour conséquence l’indifférence au Bien et au Mal, mais une obsession pour la bassesse. Stavroguine a violé la petite Matriocha. L’enfant éprouve un sentiment de honte et de déshonneur. Elle croit même avoir « tué Dieu », comme si le nihilisme était passé dans son corps. L’auteur se garde bien de prendre position. L’intéressent seulement les confrontations d’idées, l’homme en lutte avec ses doutes. Tout ici n’est clarifié qu’avec le dialogue où s’affrontent Stavroguine et le moine Tikhon.
Notons cette précision de Dostoïevski : « Cette confession écrite est le produit, à mon sens, d’un auteur en état de crise, son œuvre est celle du diable qui le possédait. Le sentiment qui a poussé à écrire ce document est exactement celui qu’éprouve un malade souffrant d’un mal aigu et s’agitant dans son lit pour trouver une position qui lui apporterait un allégement, tout au moins momentané, ou sinon un allégement, un changement de douleur. »
Traduction : Ely Halpérine-Kaminsky (1858-1936).
DOSTOÏEVSKI, Fedor – Le Crocodile
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 1h 45min | Genre : Nouvelles
La longue nouvelle de Dostoievski, Le Crocodile, est restée inachevée. Écrite pendant les années 1860, à l’heure où la Russie se libéralise, en même temps que Crime et châtiment, elle est, à l’opposé, une œuvre burlesque, légère, absurde, très inspirée du style fantastique de Gogol dans Le Nez. L’annonce du sous-titre est révélatrice : ce livre est « un récit véridique, sur la façon dont un monsieur, d’âge et d’aspect certain, fut avalé vivant par le crocodile du Passage, tout entier, de la tête jusqu’aux pieds, et ce qui s’ensuivit. »
L’argument est extraordinaire, kafkaïen avant la lettre et l’apologue, parodiant le mythe de Jonas dans la baleine, est très antisocial ; Dostoïevski y exprime sa haine des Allemands (le manager et sa mère) et des Français, du capitalisme occidental et du catholicisme. Par exemple, le crocodile est à la fois propriété privée et source de revenus, il est donc inviolable. D’ailleurs, il est creux et confortable à souhait ; il permet de penser, de parler, et d’être écouté.
On a parfois l’impression que l’auteur dans sa loufoquerie se moque du lecteur, en rapportant les propos du héros avalé, confortablement installé dans le ventre du saurien :
« Maintenant que j’en ai enfin le temps, je suis tout entier aux grandes idées, je me préoccupe du sort global de l’humanité. C’est de ce crocodile que sortiront désormais la vérité et la lumirère. Il n’est pas douteux que je vais découvrir une nouvelle et personnelle théorie, de nouveaux rapports économiques et que j’aurai lieu d’en être fier. Je n’avais pu m’appliquer à ces questions jusqu’ici, par suite du peu de loisirs que me laissaient mon service et les futiles distractions mondaines. Je vais tout révolutionner ; je serai un nouveau Fourier… »
L’argument est extraordinaire, kafkaïen avant la lettre et l’apologue, parodiant le mythe de Jonas dans la baleine, est très antisocial ; Dostoïevski y exprime sa haine des Allemands (le manager et sa mère) et des Français, du capitalisme occidental et du catholicisme. Par exemple, le crocodile est à la fois propriété privée et source de revenus, il est donc inviolable. D’ailleurs, il est creux et confortable à souhait ; il permet de penser, de parler, et d’être écouté.
On a parfois l’impression que l’auteur dans sa loufoquerie se moque du lecteur, en rapportant les propos du héros avalé, confortablement installé dans le ventre du saurien :
« Maintenant que j’en ai enfin le temps, je suis tout entier aux grandes idées, je me préoccupe du sort global de l’humanité. C’est de ce crocodile que sortiront désormais la vérité et la lumirère. Il n’est pas douteux que je vais découvrir une nouvelle et personnelle théorie, de nouveaux rapports économiques et que j’aurai lieu d’en être fier. Je n’avais pu m’appliquer à ces questions jusqu’ici, par suite du peu de loisirs que me laissaient mon service et les futiles distractions mondaines. Je vais tout révolutionner ; je serai un nouveau Fourier… »
Traduction : J.-Wladimir Bienstock (1868-1933).
DOSTOÏEVSKI, Fedor – Le Grand Inquisiteur
Dostoïevski a oscillé toute sa vie entre foi et incroyance, entre le cœur et la raison, entre la raison qui le faisait pencher vers l’athéisme et le cœur qui le ramenait toujours vers le Christ qu’il aimait tant.
Un fait m’a toujours marqué – qui le troublait lui aussi profondément : c’est qu’il lui fallait souvent plusieurs jours d’un travail acharné pour construire une argumentation théologique, alors que quelques heures lui suffisaient pour la démolir complètement.
Les pages du Grand Inquisiteur constituent peut-être le summum de l’œuvre de Dostoïevski : elles sont le fruit de plusieurs décennies de réflexion, toutes ses grandes idées sont là et ont fusionné pour donner ce grand conte philosophique.
Pas étonnant qu’il ait marqué des personnalités aussi diverses que Freud, Einstein ou encore Camus.
Pas étonnant qu’il ait marqué des personnalités aussi diverses que Freud, Einstein ou encore Camus.
« Il a désiré se montrer, ne fût-ce qu’un instant, au peuple, à cette multitude malheureuse, souffrante, plongée dans l’infection du péché, mais qui L’aime d’un amour enfantin. L’action se passe en Espagne, à Séville, à l’époque la plus terrible de l’Inquisition, lorsque chaque jour on faisait, pour la plus grande gloire de Dieu : des autodafés magnifiques de ces sacripants d’hérétiques… »
J’ai ajouté à cette lecture l’analyse de Sigmund Freud : Dostoïevski et le parricide.
Je conseillerai en supplément la lecture des Rêves de la louve du très grand écrivain kirghize Tchinguiz Aïtmatov qui nous fait revivre dans la deuxième partie de son livre, chapitre II, la confrontation entre Ponce Pilate et le Christ dans des dialogues hautement philosophiques qui n’ont rien à envier à ceux de Dostoïevski.
Illustration : El Greco, Portrait de Fernando Niño de Guevara, Grand Inquisiteur d’Espagne.
Traductions : Victor Derély (1840-1904, Le Grand Inquisiteur) ; Henri Mongault (1888-1941, Dostoïevski et le parricide).
DOSTOÏEVSKI, Fedor – Cœur Faible
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 2h 10min | Genre : Nouvelles
Vassia Choumkov, simple fonctionnaire, à la veille de se marier, craint de ne pas remettre à temps son travail de copiste qu’il a négligé au profit de ses rendez-vous amoureux. Ce Cœur faible ne peut supporter la plénitude de son bonheur : accablé de ne pouvoir manifester sa reconnaissance à son généreux supérieur « Son Excellence », qui lui a donné une gratification, à la vie et à son ami Arkade Ivanovitch Néfédévitch, qui lui apportent tant de bonheur, il glisse irrémédiablement vers la folie…
« La réponse accrut la stupéfaction de l’auditoire, tellement elle paraissait étrange et déraisonnable : comment un homme pouvait-il devenir fou de reconnaissance ? »
Cœur faible est une belle évocation de l’amitié et une suite de pages émouvantes sur l’« âme slave », comme on s’y attend chez Dostoïevski.
Traduction : Georges d’Ostoya-Sochinsky (1878-1937) et Gustave Masson (1819-1888).
DOSTOÏEVSKI, Fédor – Les Possédés
Les Possédés ou Les Démons (titre original russe : Бесы)
Dostoïevski, conservateur et nationaliste convaincu, voulait exprimer dans ce roman sa crainte des révolutionnaires à travers une fiction mettant en scène les héros (les conservateurs) face aux « ennemis de la Russie» (les socialistes et les nihilistes).
En réalité, l’auteur critique toutes les idéologies : les démocrates et les socialistes sont les possédés, les fanatiques religieux et les ultra-conservateurs aussi.
En réalité, l’auteur critique toutes les idéologies : les démocrates et les socialistes sont les possédés, les fanatiques religieux et les ultra-conservateurs aussi.
« En ma qualité de chroniqueur, je me borne à relater les faits exactement comme ils se sont produits, ce n’est pas ma faute s’ils paraissent invraisemblables. […] » Ainsi s’exprime le narrateur dans cette œuvre de fiction.
Et, à nouveau, Dostoïevski nous donne l’impression, fascinante, d’être « dépassé » par l’originalité, l’étrangeté, ou même la folie des ses personnages…
Et, à nouveau, Dostoïevski nous donne l’impression, fascinante, d’être « dépassé » par l’originalité, l’étrangeté, ou même la folie des ses personnages…
Traduction : Victor Derély (1840-1904).
DOSTOÏEVSKI, Fedor – L’Idiot
L’Idiot est un roman psychologique complexe : le récit met en scène une quarantaine de personnages très distincts, dont le comportement confine souvent à la folie.
Le prince, Léon Nikolaïévitch Muichkine, personnage fragile, débonnaire et naïf, débarque dans la bourgeoisie russe de cette époque, artificielle et corrompue. Il représente la douceur de la folie contrastant avec la violence folle qui anime d’autres personnages.
Les rebondissements, aussi fréquents qu’imprévisibles, éblouissent le lecteur, et… surprennent même l’auteur !
Traduction : Victor Derély (1840-1904).
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