De la prostitution sacrée à
l'esclavage sexuel
La prostitution caractérise pour une femme le fait de louer son corps. Cette activité peut devenir aussi une forme d'esclavage lorsqu'une autre personne, le proxénète, s'en approprie les profits.
L'Histoire nous la montre sous ses différents aspects, parfois luxe et liberté, plus souvent misère et oppression.
Prostitution sacrée
La prostitution est évoquée dans le premier livre de la Bible, qui raconte comment Juda, fils de Jacob et frère de Joseph, se laissa séduire par sa belle-fille déguisée en prostituée (Genèse 38, 15).
Elle l'est aussi dans un texte mésopotamien beaucoup plus ancien, l'épopée de Gilgamesh, ce qui pourrait justifier sa qualification de « plus vieux métier du monde ».
La Mésopotamie, lieu de naissance des villes, de l'agriculture, de l'écriture, de l'astronomie et de bien d'autres choses encore, peut se flatter d'avoir également inventé la prostitution !
Liée aux cultes de la fécondité, elle est pratiquée à Babylone dans le temple de la déesse Ishtar par des jeunes filles éduquées à cet effet dès leur plus jeune âge, initiées à la musique, au chant et à la danse. Leur activité pourvoit aux besoins du temple et leur vaut estime et respect. (...)
Mais la prostitution sacrée est connue aussi en d'autres lieux, y compris à Corinthe, dans le temple d'Aphrodite, et à Jérusalem où elle est abolie vers 640 av. J.-C. par le roi Josias, lequel impose par la même occasion le monothéisme.
Elle se rencontre également au sud de l'Inde où, du VIIe siècle de notre ère à l'occupation anglaise, les danses et le sexe sont associés à certains dieux. Comme à Babylone, les temples hindous ont à leur service des bayadères (danseuses sacrées) et des devadasi (« servantes de dieu ») aux mœurs très libres.
Si les religions panthéistes s'accommodent volontiers de la prostitution, il n'en va pas de même des religions monothéistes, qui la tiennent à distance et la réprouvent : « Il n'y aura pas de prostituée sacrée parmi les filles d'Israël, ni de prostitué sacré parmi les fils d'Israël » (Deutéronome 23, 18).
Les Évangiles soulignent toutefois la compassion du Christ pour les prostituées que méprisent les bien-pensants, autrement dit les pharisiens. (...)
Prostitution profane
Avec les courtisanes des cités grecques, il n'est plus question de sacré. Ces hétaïres ou « compagnes » tiennent salon et fréquentent la haute société. Certaines acquièrent de belles fortunes. L'une d'elles, Aspasie de Milet, a même l'insigne honneur de devenir la compagne de Périclès et de disserter avec Socrate.
Nous pouvons rapprocher ces femmes des courtisanes qui peuplent les cités italiennes de la Renaissance et surtout Venise, où l'on en compte une dizaine de milliers au XVIe siècle.
Elles s'offrent le luxe de choisir leurs amants et de fixer leur prix et font les délices des riches voyageurs de passage, des magistrats de la Sérénissime République ainsi que des artistes comme Le Titien (la Vénus d'Urbino).
La tradition se perpétue, quoiqu'à une échelle moindre, dans les salons parisiens du XVIIe siècle, avec des femmes aussi sensuelles que spirituelles comme Marion de Lorme et Ninon de Lenclos.
La littérature française leur doit beaucoup car elles ont aiguillonné ou materné la plupart des auteurs classiques de ce Grand Siècle, de Corneille à La Fontaine.
Avec l'esprit en plus, ces femmes ne sont guère différentes des « cocottes » ou « grandes horizontales » de la Belle Époque, « la belle Otéro », Liane de Pougy ou encore Émilienne d'Alençon.
Conscientes de la brièveté de la jeunesse, ces demi-mondaines aspirent à faire un beau mariage et se ranger, à l'image de Marie-Anne Detourbay devenue comtesse de Loynes (...).
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