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samedi 10 mars 2018

FERNÁN CABALLERO – Livres Audio !

        FERNÁN CABALLERO – Livres Audio       


FERNÁN CABALLERO – La Mouette

Donneuse de voix : Cocotte | Durée : 10h | Genre : Romans

Franz Xaver Winterhalter - Étude d'Italienne (1864)
« Quand le premier ouvrage (La Gaviota – La Mouette) de l’auteur de Lágrimas (Un ange sur la terre) parut, en Espagne, cette publication fut accueillie par le public avec un enthousiasme universel. Voici comment s’exprimait un des critiques les plus compétents de la presse espagnole, D. Eugenio de Ochoa, en terminant un article consacré, dans le journal La España, à l’examen de la Gaviota :
C’est la première lueur d’un beau jour, le premier fleuron de la couronne poétique qui ceindra le front d’un Walter Scott espagnol.
Dans le prologue que Fernán Caballero a placé en tête de la Gaviota, il a déterminé admirablement le point d’où il est parti et le but moral qu’il se propose dans ses ouvrages :
« En composant cette œuvre légère, dit-il, nous n’avons pas eu l’intention de faire un roman, mais de chercher à donner une idée exacte, véritable, de l’Espagne, des mœurs de ses habitants, de leurs caractères, de leurs habitudes.
Nous avons voulu esquisser la vie intime du peuple, dans la haute et la basse classe, peindre son langage, ses traditions et ses légendes. Ce que nous avons recherché, avant tout, c’est de peindre, d’après nature et avec la plus scrupuleuse exactitude, les objets et les personnages mis en scène.
Notre ambition a été de donner une idée, aussi exacte que possible, de l’Espagne et des Espagnols. »
Ce programme, Fernán Caballero l’a religieusement et admirablement rempli dans toutes ses œuvres. »
A.M. Préface de Lágrimas, Un ange sur la terre.
Traduction : Teotimo T. (1882).
Écouter un extrait : Chapitre 01.

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FERNÁN CABALLERO – Demi-Poulet

Donneuse de voix : Cocotte | Durée : 12min | Genre : Contes

Demi-Poulet
Il existe plusieurs versions de ce conte, qu’on trouve dans plusieurs langues.
Cette version est extraite du roman La Mouette de Fernán Caballero, auteure espagnole du XIXe siècle, dont un autre ouvrage, Un ange sur la terre, se trouve dans la bibliothèque de Littératureaudio.com.
Une grand-mère raconte cette histoire à ses petits-enfants :
« Il y avait autrefois une belle poule qui vivait fort à l’aise dans une ferme, entourée de sa nombreuse famille dans laquelle on pouvait remarquer un petit poulet difforme et estropié. C’était justement celui que sa mère aimait le plus. Les mères sont toujours ainsi. »
Traduction : Teotimo T. (1882).
Demi-Poulet.
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FERNÁN CABALLERO – Un Ange Sur La Terre

Donneuse de voix : Christine Sétrin | Durée : 10h 28min | Genre : Romans

Julio Romero de Torres - La Siesta
À bord du vaisseau qui les emmène de La Havane en Espagne, lors d’une tempête, la mère de la petite Lágrimas (Larmes) meurt et l’enfant se retrouve seule avec son père, le dur et cruel Don Roque. Dès lors l’existence de la jeune fille sera marquée par la souffrance physique et morale, due à son trop tendre caractère et sa grande sensibilité…
Ce qui pourrait paraître un mélodrame dans la plus pure tradition du XIXème est en fait pour Fernán Caballero (pseudonyme de l’auteure Cecilia Böhl de Faber y Larrea (1796-1877)) une trame pour nous offrir une succession de scènes de moeurs, et pour peindre, plutôt que des héros de roman, des portraits de la vie réelle. Même si son discours moral semble aujourd’hui un peu désuet, elle n’a pas son pareil pour décrire la vie quotidienne andalouse et mettre en scène des personnages pittoresques – souvent très drôles – mais tellement humains : la paysanne pleine de bon sens, le nouveau riche et l’avare endurci ou encore les étudiants en pleine vie de bohème…
Où l’on découvrira que le safran n’était pas, en 1853, un condiment apprécié par tout le monde…
Traduction : Alphonse Marchais (XIXème siècle).
Illustration : Julio Romero de Torres (1874–1930), La Siesta.
Licence Creative Commons
Écouter un extrait : Préface.

FÉNÉON Félix – Livres Audio !

               FÉNÉON Félix – Livres Audio               


FÉNÉON, Félix – L’Armure

Donneur de voix : Christian Dousset | Durée : 14min | Genre : Nouvelles

Armure savoyarde
Si, dans Les Ventres, la plume acide de Félix Fénéon vitriole impitoyablement les travers d’une société égoïste et dénuée d’humanité, la charge se fait plus légère dans L’Armure même si l’ironie, fort présente, se manifeste sous d’autres formes. Cette nouvelle a été publiée dans La Libre Revue, le 16 mai 1884.
« Ce couple était une ambulante antithèse.
D’une longueur infinie, anguleux, le parchemin du visage zigzagué d’inextricables rides, face glabre et jaunâtre, front soucieux, tel était M. de Lansalumey. Perpétuellement occupé à résoudre mille questions d’une érudition heidelbergeoise, son suprême bonheur était de se jeter à corps perdu dans les bras décharnés de la science. Au contraire, pour sa femme, le bonheur consistait à se jeter à corps non moins perdu dans les bras du sculpteur Maxence Gla… »
Illustration: Armure savoyarde.
Licence Creative Commons
L’Armure.
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FÉNÉON, Félix – Les Ventres

Donneur de voix : Christian Dousset | Durée : 22min | Genre : Nouvelles

Félix Fénéon par Vallotton
Après L’Éducation spiritualiste, tribune philosophique et politique, voici un autre aspect du talent de Félix Fénéon à travers l’une de ses nouvelles parue dans La Libre Revue du 1er décembre 1883 et intitulée Les Ventres.
« Un assourdissant vacarme emplissait cette petite bourgade savoyarde.
Temps lugubre et froid : ciel gris de nuages, terre grise de neige piétinée et boueuse. La nature était triste parce qu’on était en février ; les hommes gais parce qu’on était en carnaval.
De tout le territoire ambiant, les campagnards étaient accourus au village, bien décidés à prendre leur revanche des stagnantes tristesses de l’hiver. Et c’étaient des cris, des danses, des gesticulations.
Seuls, deux hommes se montraient réfractaires à ces joyeusetés carnavalesques. »
Sont-ils si éloignés de nous ces villageois gavés, sourds à la détresse de ces deux « étrangers », incapables d’un geste d’humanité ? Oserai-je un rapprochement intempestif en évoquant Brueghel, Marco Ferreri et Coluche ? En tous cas, ici, point « d’Auvergnat qui, sans façons, m’a donné quatre bouts de pain quand dans ma vie il faisait faim » mais des Savoyards qui…
Illustration : Félix Vallotton, portrait de Félix Fénéon (1898).
Licence Creative Commons
Les Ventres.
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FÉNÉON, Félix – L’Éducation Spiritualiste

Donneur de voix : Christian Dousset | Durée : 11min | Genre : Société

Félix Fénéon
« Il faut absolument entrer dans la voie de la « déchristianisation ». Là est la tâche urgente. Et cette déchristianisation se traduit par l’abrogation du Concordat, la séparation des Églises et de l’État. Tout autre solution est illusoire. »
Félix Fénéon (1861-1944) est surtout connu comme journaliste, critique d’art et directeur de revues. Parmi celles-ci, citons La Libre RevueLa Revue blanche et La Revue indépendante. C’est dans cette dernière publication que paraît le présent article en juin 1884. Plus tard, sa plume se glissera dans les colonnes du Figaro et du Matin où il rédigera ses fameuses Nouvelles en trois lignes.
Ce découvreur de talents défendra tant les impressionnistes que les novateurs du style tels que Rimbaud, Laforgue, Mallarmé, Valéry, Apollinaire…
Signataire du Manifeste des intellectuels pour le soutien au capitaine Dreyfus, il sera aussi très engagé dans le mouvement anarchiste.
Illustration : Félix Fénéon.
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L’Éducation spiritualiste.
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Fiction N°81 - Livres !

                          Fiction N°81 - Livres                    


Fiction N°80 - Livres !

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NOUVELLES
Un autre monde par J. H. Rosny aîné
Il était arrivé quelque chose par Dino Buzzati
Rencontre par Gérard Klein
Le saule par Jane Rice
Le second lot par John Novotny
D’une route à une autre par Robert Marner
Écrit dans le ciel par Robert F. Young
Épitaphe par Theodore Sturgeon
L’habitant des étoiles par Alain Dorémieux
Son et lumières par Idris Seabright
Pour vous servir… par Anthony Boucher
Double vue, Le but, Signe de mort par J. L. Monod
CHRONIQUES ET RUBRIQUES
Faut-il brûler les auteurs de space-opéra ? par A. Michel
Ici, on désintègre ! (Revue des Livres)



Fiction N°79 - Livres !

                        Fiction N°79 - Livres                      



Fiction N°78 - Livres !

                        Fiction N°78 - Livres                      


NOUVELLES
Les premiers jours de mai par Claude Veillot
Retour aux cavernes par Robert Sheckley
Dfnts pour dfnts par Miriam Allen deFord
Dialogue avec le robot par Anthony Boucher
Témoignage perdu par Victoria Lincoln
Le Yoreille par Pierre Véry
Le singe vert par Theodore Sturgeon
Vers un autre pays sans nom par Monique Dorian
Et s’il n’en reste qu’un… par Poul Anderson
Suivez les instructions par Isaac Asimov
Articles et chroniques
La théorie unitaire de Jean Charon par Jean-Jacques


vendredi 9 mars 2018

Histoire - LA LÉGENDE DORÉE DE NAPOLÉON !

 Histoire - LA LÉGENDE DORÉE DE NAPOLÉON 

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CONTEXTE HISTORIQUE

Durant la monarchie de Juillet, une flambée de bonapartisme se fit jour, encouragée par la politique de rassemblement national de Louis-Philippe. En quête d’une troisième voie entre les différentes tendances politiques, le souverain tenta en effet de se les rallier en cautionnant le grand événement révolutionnaire et impérial rejeté depuis 1815. Cela lui était d’autant plus facile qu’il avait lui-même combattu à Neerwinden en 1792.
Ce furent les bonapartistes qui furent les mieux traités dans cette nouvelle politique. Le roi inaugura le musée de l’Histoire de France à Versailles (1833), fit relever la statue de Napoléon au sommet de la colonne Vendôme (actuellement aux Invalides) et inaugura l’arc de triomphe de l’Étoile enfin achevé (1836). Partout l’Empire était mis en valeur, et Napoléon eut également droit de cité au Salon. Cette politique bonapartiste devait connaître son apothéose en décembre 1840 avec le retour des cendres.

ANALYSE DES IMAGES

Le tableau de Mauzaisse

Exemple tardif d’allégorie, ce tableau exposé au Salon de 1833 (no 3130) participe du culte napoléonien. Héros absolu, Napoléon, revêtu de son uniforme de colonel des chasseurs à cheval de la garde, est élevé au ciel où le Temps le couronne, tandis que lui-même, regardant fièrement le spectateur, écrit son œuvre sur les tables de l’Histoire. Une grande diagonale souligne cette sorte d’apothéose de l’Empereur.

Mais une ambiguïté subsiste entre le propos de Mauzaisse et la réalisation de son œuvre, très pesante, très réaliste dans sa façon de montrer l’événement. Cette ambiguïté ne s’explique que par les choix politiques et sociaux de l’artiste.

Le tableau de Dulong

Exposé au Salon de 1835, ce tableau s’inspire d’une chanson célèbre de Pierre-Jean de Béranger (1780-1857), Les Souvenirs du peuple, qui évoque la rencontre de Napoléon et d’une jeune servante lors de la campagne de France en 1814. Un soir, l’Empereur harassé par les combats s’arrête dans une auberge de Champagne et s’écrie : « Dieu, quelle guerre ! » Après s’être endormi auprès du feu, il s’éveille et console la servante qui pleure sur les malheurs de la France et lui affirme qu’il se rend sous Paris pour la venger. Ce sont ces souvenirs que raconte la jeune fille devenue grand-mère à ses petits-enfants : « Parlez-nous de lui, grand-mère ! Parlez-nous de lui !… »

Œuvre assez faible techniquement, le tableau de Dulong n’en est pas moins intéressant par l’image de Napoléon qu’il véhicule. Nous sommes loin ici du héros victorieux ou de l’homme sacré. C’est un empereur proche du peuple, attentif à ses malheurs, que Béranger comme Dulong représentent. Toutefois, la religion n’est jamais bien loin, même en ce cas, et le tableau se présente un peu comme la transcription d’une Madeleine aux pieds du Christ. La jeune Champenoise, illuminée par le feu de la cheminée, apparaît comme touchée par la grâce du grand homme en qui elle a placé toute sa confiance. Napoléon est donc présenté comme le seul capable de sauver la France. Ainsi s’explique le côté luministe de cette scène intime.


INTERPRÉTATION

Contrairement au tableau de Dulong, la composition de Mauzaisse ne s’inscrit pas dans la culture populaire, mais dans le contexte de l’art officiel. Sa lecture, pour être aisée, ne touche pas le peuple mais l’érudit, même si le message demeure à peu près identique entre les deux œuvres. En effet, Mauzaisse montre que l’Empereur n’est pas mort, mais qu’il survit dans le monde intemporel de l’Histoire et du Temps, assimilé au ciel. Toutefois, ce n’est plus à un dieu que nous avons affaire, mais bien à un simple mortel, peint de manière réaliste, placé dans l’au-delà par le biais l’imagination et le souvenir font survivre dans l’au-delà. Or cet au-delà n’est ni sacré, ni divin, il est celui de l’Histoire.

Pour bien comprendre la différence de conception entre Dulong et Mauzaisse, il faut se placer d’un point de vue social. Mauzaisse, artiste officiel, peint pour la bourgeoisie au pouvoir, pour des commerçants réalistes, voire matérialistes et athées, qui n’acceptent Napoléon qu’en l’intégrant dans l’Histoire. Il peint une œuvre essentiellement intellectuelle destinée à un public cultivé, insensible à une religion napoléonienne dont il se méfie. Si la bourgeoisie cherche à travers cette peinture à se rallier le peuple en lui donnant à voir une œuvre allégorique, sorte d’apothéose de l’Empereur, cette représentation ne correspond cependant en rien à l’attente des bonapartistes.

Dulong, petit artiste secondaire, vraisemblablement proche du peuple et des bonapartistes, cherche au contraire à éveiller les sentiments en s’inspirant de la culture populaire dont témoignent les chansons de Béranger. Le peintre parle ainsi aux sens, aux espoirs d’une population laissée pour compte face à la prospérité de la bourgeoisie sous le règne de Louis-Philippe.


Histoire - PORTRAIT MYTHOLOGIQUE DE LA FAMILLE DE LOUIS XIV !

 Histoire - PORTRAIT MYTHOLOGIQUE DE LA FAMILLE DE LOUIS XIV 

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CONTEXTE HISTORIQUE

Un ambitieux portrait mythologique

On ignore qui commande cette grande toile au peintre Jean Nocret, mais des témoins contemporains expliquent qu’elle est destinée au château de Saint-Cloud, propriété de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV. Élève de Jean Le Clerc, Nocret s’illustre par ses talents de décorateur pour la famille royale, tant aux Tuileries qu’à Saint-Cloud. La consécration officielle lui vient avec sa réception à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1663. Portraitiste de talent, il se spécialise dans les portraits de membres de la famille royale, en particulier dans ceux de la famille de Monsieur, dont il devient le premier peintre.

Le portrait collectif en travestis mythologiques, aussi appelé l’assemblée des dieux, est peint en 1670. Nocret s’inspire de la peinture d’histoire, qui garde au XVIIe siècle une prééminence artistique certaine. Il réalise une composition savante et courtisane non exempte de préciosité, en s’appuyant sur la mythologie antique et l’allégorie pour donner de la famille royale une image d’harmonie divine. Louis XIV est alors âgé de 32 ans, son frère Philippe de 30 ; ils ont tous deux fondé une famille, dont les membres drapés à l’antique complètent le dispositif scénique imaginaire.



ANALYSE DES IMAGES

Un nouveau Panthéon

La scène est figée dans une campagne baignée de douceur – mixte entre l’Arcadie heureuse et les monts des divinités antiques (Parnasse ou Olympe) – et campe les personnages dans des poses affectées, aux corps idéalisés mais aux visages ressemblants. Au centre exact de la composition, Anne d’Autriche relie tous les fils tissés entre les différents personnages, soit par le sang soit par les alliances matrimoniales. Fille de Philippe III d’Espagne, épouse de Louis XIII, mère de Louis XIV et de Philippe d’Orléans, elle tient entre ses mains un globe, symbole de la souveraineté qu’elle a exercée comme régente durant la minorité du roi. Travestie en Cybèle, déesse maternelle de la fertilité, elle est une charnière entre le passé et le présent.
Elle relie aussi les deux groupes non concurrents centrés sur ses deux fils, celui de gauche autour de Philippe d’Orléans, celui de droite autour de Louis XIV. Pour marquer la prééminence absolue du roi, Apollon-Louis et Junon-Marie-Thérèse sont situés à droite de la composition, placés sur une estrade de marbre et sous un dais écarlate porté par deux atlantes, et fortifiés par la métaphore solaire (le riche manteau doré faisant écho au sceptre surmonté d’un soleil rayonnant). Cette thématique est centrale dans le tableau, Louis XIV générant une lumière solaire que sa cousine la Grande Mademoiselle (représentée en Diane à droite) reflète comme la Lune et que son frère Philippe d’Orléans (l’Étoile du matin, assis à gauche) annonce comme l’aurore. Tout est bien organisé autour de la figure royale solaire.
Auprès de Marie-Thérèse, le petit Dauphin Louis est peint en Hymen portant une couronne de laurier comme son père, tandis que sa sœur Marie-Thérèse manie une guirlande de fleurs et que son frère Philippe-Charles, figuré en Cupidon, s’appuie sur le genou de leur mère. Le lien familial est ainsi renforcé par la thématique de l’amour. À l’arrière-plan, entre Louis XIV et Anne d’Autriche, sont peintes en Grâces les trois filles de Gaston d’Orléans, oncle du roi. Dans la partie gauche, Henriette d’Angleterre, épouse de Monsieur, figure debout une belle Flore, déesse du printemps, alors que sa fille Marie-Louise porte les ailes de papillon d’Iris. Enfin, à l’extrême gauche, la sœur de Louis XIII et reine d’Angleterre, Henriette, tient fermement le trident d’Amphitrite. Son portrait est inspiré d’une toile perdue de Peter Lely.
Les enfants situés au premier plan (deux enfants de Louis XIV dans un petit tableau et deux enfants de Philippe d’Orléans en Amours jouant avec une lyre) sont décédés en bas âge pour trois d’entre eux, le quatrième étant Anne-Marie d’Orléans.
Le nouveau Panthéon des Bourbons – dont les références culturelles ne sauraient être assimilées à une quelconque forme de paganisme – trouve son principe d’organisation dans la juxtaposition de sens et de corps autour du roi (plutôt qu’aux liens de parenté entre les dieux antiques), chaque personnage participant à la gloire monarchique tout en contribuant à l’exalter.

INTERPRÉTATION

L’apogée du mythe apollinien

Le réinvestissement de la métaphore solaire, lieu commun de l’imaginaire monarchique, connaît son point culminant durant les années 1670, avec la reprise à l’envi du mythe apollinien dans les décors du château de Versailles, en particulier dans ceux du Grand Appartement. La gloire solaire est l’objet d’une mise en valeur qui impose Louis XIV comme incarnation du « Roi-Soleil », pour mieux dire l’ordre et la souveraineté, et pour affirmer la dépendance-révérence des hommes qui lui sont soumis. Pourtant, au même moment, le roi choisit d’abandonner progressivement la référence antique et le système de correspondance savante au profit d’un autoréférencement  qui montre qu’il se suffit à lui-même et qu’il est pleinement représentatif de la souveraineté – c’est ce que Le Brun entreprendra au plafond de la galerie des Glaces. La richesse de sens des portraits du roi contribue à l’édification d’une image royale à facettes multiples mais toutes productrices de la gloire inaltérable du monarque.
Derrière l’harmonie familiale, en résonance avec l’harmonie de la nature, la réalité de la famille royale est tout autre. Un effet de télescopage chronologique permet de représenter ensemble les membres de la famille de Louis XIV, dans une sorte de présent immuable occultant les effets du temps et de la mort comme ceux des dissensions passées (par exemple pendant la Fronde), dans une campagne apaisante. Pourtant, à la date de réalisation du tableau, certains des personnages sont déjà décédés, comme Henriette de France et Anne d’Autriche. Seuls les deux enfants peints dans un petit tableau situé au premier plan renvoient conventionnellement et explicitement aux douleurs de la mort, pourtant réalité quotidienne de la démographie d’Ancien Régime, y compris dans les familles les plus privilégiées. Les hiérarchies internes à la famille royale sont par ailleurs signifiées par les positions (assis ou debout selon le rang) et par la place occupée dans l’espace scénique. L’art sert alors un projet politique et dynastique inscrit dans une temporalité suspendue.
Représentative du goût de la noblesse pour la culture gréco-romaine, la toile de Nocret garde cependant un grand intérêt, en raison de son ambition et de la grande rareté des portraits collectifs de la famille royale – intérêt tant par ce que ce tableau veut dire (une harmonie contagieuse et une certaine idée de la souveraineté) que par ce qu’il tait (les effets inéluctables du temps).

Histoire - LA GRANDE MADEMOISELLE !

    Histoire - LA GRANDE MADEMOISELLE    

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CONTEXTE HISTORIQUE

Un portrait allégorique

Les portraits d’Anne-Marie-Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, dite la Grande Mademoiselle, sont nombreux et les peintres qui se livrèrent à l’exercice sont parmi les portraitistes les plus en vogue à la cour (Jean Nocret, Louis-Ferdinand Elle, Pierre Mignard, atelier des frères Beaubrun). Actif à Paris de 1671 jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes en 1685, Pierre Bourguignon réalise de la princesse un portrait en divinité antique au début des années 1670 pour saisir les traits saillants de son modèle, cédant ainsi à la mode du portrait allégorique si bien illustré par la toile de Jean Nocret représentant en 1670 la famille royale en « travestis mythologiques ». Campée en Diane-Lune, la Grande Mademoiselle occupait d’ailleurs au sein de cette vaste composition une place de choix auprès du roi-Apollon-Soleil.
Pierre Bourguignon recentre l’attention sur la Grande Mademoiselle et sur sa filiation, utilisant des motifs récurrents dans l’iconologie propre à la princesse, à savoir l’adjonction du portrait ovale de son père Gaston d’Orléans au cœur de la toile et le port d’armes. Son œuvre lui sert de morceau de réception à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1672. De facture classique, l’œuvre fait la part belle aux drapés et au travestissement allégorique.

ANALYSE DES IMAGES

La princesse Minerve protectrice des arts

La figure de la Grande Mademoiselle se détache sur fond de lourde tenture bleue fleurdelisée galonnée d’or. Anne-Marie-Louise d’Orléans est ici travestie en Minerve, déesse de la guerre mais aussi de la ruse, de la sagesse et des arts. Elle porte un casque empanaché complété par une cuirasse recouverte d’une cape orange qui vient l’enrober jusqu’aux pieds. Assise avec majesté, elle regarde au-delà du champ de la composition, dans un ailleurs peuplé de rêves de grandeur inassouvis. Le bouclier aux armes de Méduse et la lance font le pendant guerrier des accessoires liés aux arts négligemment posés au sol : à gauche, des instruments de musique (c’est la Grande Mademoiselle qui a introduit Lully à la cour), à droite, des livres et un instrument de mesure géométrique devant un bas-relief antiquisant représentant L’Union de la Peinture et de la Sculpture réalisée par Jacques Buirette en 1663 pour sa réception à l’Académie.
De sa main droite, elle soutient un portrait ovale de son père Gaston d’Orléans, fils d’Henri IV et turbulent frère cadet de Louis XIII. Le prince est peint dans la fleur de l’âge, à une époque où il se faisait une spécialité de participer aux complots ourdis contre le cardinal de Richelieu (années 1620 et 1630 en particulier). Sa représentation en armure en fait un double des vertus guerrières de la Grande Mademoiselle. Il s’agit d’inscrire la princesse de Montpensier dans une filiation par le sang et par les valeurs défendues – la folle liberté des baroques décrite par Jean-Marie Constant et que la Fronde a donné l’occasion de vivre à la Grande Mademoiselle.

INTERPRÉTATION

Une petite-fille de France

Née en 1627, Anne-Marie-Louise d’Orléans est consciente et imbue de sa naissance. Petite-fille d’Henri IV, fille de Monsieur (Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII) et cousine germaine de Louis XIV, héritière immensément riche et titrée (la plus fortunée du royaume, voire d’Europe, disait-on), elle jouit d’une liberté peu commune dans la France du Grand Siècle. Femme forte et indépendante au destin romanesque, elle affirme son autorité tout en ne parvenant pas à ancrer sa propre existence dans une continuité dynastique puisqu’elle mourra en 1693 sans postérité. Le portrait de Pierre Bourguignon dit tout cela à la fois : l’attachement au sang de France tourné vers le passé et les attributs d’une majesté inaccessible (la guerre et le mécénat). La vie de mademoiselle de Montpensier relève par bien des aspects de l’exception, ainsi que le révèlent les titres spécialement créés à son intention (petite-fille de France, Grande Mademoiselle), et d’une geste héroïque rendue obsolète par la captation royale de la gloire sous le règne de son cousin Louis XIV. Minerve armée dans ses portraits des années 1660 et du début des années 1670, elle est Diane tournée vers le roi et dépendante de la lumière irradiée par le souverain dans la toile de Nocret déjà évoquée.
Impuissante à obtenir la main du roi, elle s’était investie en effet à corps perdu dans la Fronde jusqu’à soutenir par l’épreuve du feu le prince de Condé dans sa prise d’armes contre le pouvoir royal. Son engagement provoque son exil, imposé par Louis XIV jusqu’en 1657. À partir de cette date, elle mène une active vie curiale et montre une forte attirance pour les arts. Ses portraits peuvent être appréhendés comme autant d’entreprise de relégitimation de sa place à la cour. Elle entreprend par ailleurs de rédiger ses Mémoires, qui restent un témoignage appréciable de la vie de cour au XVIIe siècle. Sa malheureuse liaison tardive (à plus de quarante ans) avec le duc de Lauzun aboutit à sa conversion : la Grande Mademoiselle passe ses dernières années confite en dévotion. Sophie Vergnes résume ainsi sa vie : « La fille de Monsieur a donc payé du prix de la solitude ses richesses et son esprit d’insubordination. Elle n’a pas su concilier ses ambitions avec les réalités de sa condition féminine mais elle a toujours refusé que d’autres lui dictent son destin et su préserver jusque dans l’humiliation de la défaite son esprit d’indépendance, demeurant ainsi une frondeuse jusqu’après la Fronde. »