Jean Madeline (1866-1919) est le pseudonyme d’Edmond Fabre, qui a publié plusieurs romans. On sait peu de choses sur ses œuvres. Il fut journaliste et écrivain, mais il est surtout connu comme sous-préfet de Rambouillet, puis préfet de Corse, du Tarn, de Maine-et-Loire et de l’Oise. Homme de lettres aimable, il fut bon républicain et toucha même au roman érotique…
Les quatre nouvelles que nous vous proposons, par leur poésie et leur discrète ironie, donnent envie d’en lire davantage.
Extraits :
« – Fait-on beaucoup de politique ici ?
Il me demanda, surpris :
- Qu’entendez-vous par là ?
Et je compris que l’art de servir son ambition en feignant de se dévouer aux affaires publiques leur était inconnu. » (Le Mensonge)
Dans les regards relate de manière très poétique les différentes images que l’on peut laisser sur la rétine de ceux que l’on croise dans la rue. Tel conservera de madame Verdot la vision d’une « belle bourgeoise », tel autre d’« un joli mollet », d’une assez vieille femme, d’une courtisane qui attend sur un banc, alors qu’elle est une gentille maman que sa fillette accueille avec joie.
« Ils marchent, sans oser se rien dire, timides devant l’aveu. Et les feuilles à peine nées, les feuilles précoces qui déjà savent leur métier, s’étonnent de ces amoureux qui ne savent pas encore le leur. Les branches espiègles se rapprochent, tâchent de les resserrer, de les joindre. Les mousses se font glissantes à leurs pieds. Mais, pour monter les marches de l’escalier d’amour, ces innocents se tiennent à la rampe.
Au travers des branches tremble un reflet d’eau. Et c’est un étang, dont l’intimité verte s’étoile de tulipes blanches. Il se baisse, cueille une fleur, et tandis qu’il l’accroche, maladroit aux palpitations du corsage, toute sa tendresse longtemps gardée déborde, emplit l’avenir :
- Tu m’aimeras toujours, Toujours ?
« Et voilà pourquoi Gertrude, qui sait tout cela, se penche sur sa robe de noce, lui demandant son histoire à elle, le secret de son avenir, ce que cette vie qui va s’ouvrir lui apportera de joies et de tristesses – et si elle ne regrettera jamais les jours d’autrefois, et cette chambrette paisible, où la lampe presque éteinte met un recueillement de crépuscule. » est la conclusion de La Robe.