FEUILLET Octave – Livres Audio
FEUILLET, Octave – Honneur D’artiste
Donneur de voix : DanielLuttringer | Durée : 5h 20min | Genre : Romans
Extrait : « Si la Révolution nous a enlevé nos privilèges et même nos tètes, elle n’a pu nous enlever les bénéfices de ce que vous appelez, je crois, l’atavisme… c’est-à-dire, en vieux français, la qualité d’un sang qui s’est distillé et raffiné dans nos veines de génération en génération pendant cinq ou six cents ans… C’est ce sang-là, mon cher maître, qui se révolte, malgré nous, quand on le mélange avec du sang… plus jeune… plus pur peut-être, – mon Dieu je ne dis pas le contraire… – mais qui, enfin, n’est pas de la même essence ni du même azur… En conséquence, ce n’est pas l’usage aujourd’hui, plus qu’avant la Révolution, qu’une fille noble épouse un industriel… un savant… un écrivain… un artiste, fussent-ils du premier mérite… On voit peut-être quelquefois des femmes titrées épouser des poètes ou des artistes… mais ce sont des princesses étrangères !… En France, la chose est à peu près sans exemple… et n’allez pas supposer, mon cher monsieur Fabrice, que cette exclusion ait le moindre côté blessant pour ceux qui en sont l’objet… personne au monde n’aime et ne goûte plus que nous les poètes et les artistes… Nous en faisons avec le plus grand plaisir ornement de nos tables, l’intérêt et l’agrément de nos salons… mais nous ne les épousons pas !… »
FEUILLET, Octave – Julia De Trécœur (Version 2)
Donneur de voix : DanielLuttringer | Durée : 2h 30min | Genre : Romans
Extrait :
« Elle releva sa traîne, qui la gênait, et pria sa mère de la fixer avec des épingles. Pendant ce temps, elle s’occupait elle-même activement : il y avait sur la cheminée et sur les consoles des vases remplis de fleurs et de verdure ; elle y puisait de ses mains alertes, et, posée devant une glace, elle piquait et entrelaçait pêle-mêle dans ses cheveux magnifiques des fleurs, des herbes, des grappes, des épis, tout ce qui venait sous ses doigts. La tête chargée de cette couronne épaisse et frissonnante, elle vint se placer au milieu du salon.
« Elle releva sa traîne, qui la gênait, et pria sa mère de la fixer avec des épingles. Pendant ce temps, elle s’occupait elle-même activement : il y avait sur la cheminée et sur les consoles des vases remplis de fleurs et de verdure ; elle y puisait de ses mains alertes, et, posée devant une glace, elle piquait et entrelaçait pêle-mêle dans ses cheveux magnifiques des fleurs, des herbes, des grappes, des épis, tout ce qui venait sous ses doigts. La tête chargée de cette couronne épaisse et frissonnante, elle vint se placer au milieu du salon.
- Allez, mon ami ! dit-elle à M. de Moras.
Il joua la tarentelle, qui débutait par une sorte de pas de ballet lent et solennel que Julia mima avec ses airs souverains, déployant et reployant comme des guirlandes ses bras d’almée ; puis, le rythme s’animant de plus en plus, elle frappa le parquet de ses pas rapides et redoublés avec la souplesse sauvage et le sourire épanoui d’une jeune bacchante : brusquement elle termina par une glissade prolongée qui l’amena toute palpitante devant M. de Lucan, assis en face d’elle.
Là, elle fléchit un genou, porta d’un geste soudain ses deux mains à ses cheveux, et, secouant en même temps sa tête penchée, elle fit tomber sa couronne en pluie de fleurs aux pieds de Lucan, en disant de sa plus douce voix, sur le ton d’un gracieux hommage :
- Monsieur ! »
FEUILLET, Octave – Un Mariage Dans Le Monde
Donneur de voix : DanielLuttringer | Durée : 3h 48min | Genre : Romans
Extrait : « Vous avez cru être, monsieur, un mari modèle, et à beaucoup d’égards vous en étiez un : je vous rends cet hommage ; mais vous aviez pourtant avec la foule banale de vos confrères un point commun, c’était de vous faire une idée très nette des devoirs que le mariage imposait à votre femme, et une idée très vague de ceux qu’il vous imposait à vous-même. Le mariage n’est pas un monologue : c’est une pièce à deux personnages. Or vous n’aviez étudié qu’un rôle, et ce n’était pas le vôtre. Vous êtes trop sincère, monsieur, pour ne pas convenir que votre conception personnelle du mariage était simplement celle-ci : ajouter aux douceurs habituelles de votre vie un accessoire agréable dans la personne d’une femme honnête et gracieuse qui ornât votre maison, qui perpétuât votre nom et vous apportât enfin, sans trop vous déranger, un supplément de confort et de respectabilité. Vous vous êtes beaucoup préoccupé, comme tout votre sexe, de trouver à Paris, en province, en Chine, cette femme merveilleuse qui devait faire tous les sacrifices et n’en exiger aucun. Vous ne l’avez pas trouvée, et personne ne la trouvera, car cet oiseau rare que vous rêvez tous, – la femme d’intérieur, – suppose un oiseau plus rare encore, – c’est un homme d’intérieur. »
FEUILLET, Octave – Le Curé De Bourron
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 30min | Genre : Nouvelles
« Cette année-là (1869), précisément, l’empereur (Napoléon III) et l’impératrice devaient passer à Fontainebleau toute la saison d’été. Quand Leurs Majestés apprirent que le bibliothécaire (Octave Feuillet) était campé en garçon dans son vaste appartement, elles eurent l’extrême bonté de le faire inviter à s’asseoir chaque jour à leur table. Je profitai pendant près de trois mois de cette bonne grâce souveraine, et il m’est resté de cette intimité quotidienne un fonds de souvenirs d’une douceur et d’une tristesse incomparables. Ces souvenirs étaient écrits au jour le jour. Le moment n’est pas venu, s’il doit venir jamais, de les livrer au public qu’il me soit permis seulement d’en détacher un épisode, parmi les moins intimes. »
Le Curé de Bourron est l’histoire sans prétention de la mention de deux souvenirs indépendants : le rôle de Feuillet comme intermédiaire pour faire obtenir au brave curé Pougeois de Bourron (près de Fontainebleau) quelques rouleaux d’or pour l’édition de son manuscrit et surtout le plaisir pour l’auteur de rappeler sa familiarité éphémère avec l’Empereur et l’Impératrice.
Il note naïvement d’ailleurs « Comme un vieillard que je suis maintenant, je me suis laissé entraîner par mes souvenirs, et me voilà loin du curé de Bourron. J’y reviens. »
Illustration : Galerie de Diane, Librairie du Château de Fontainebleau, par Sebastien Bouthillette (licence Cc-By-Sa-3.0).
FEUILLET, Octave – La Petite Comtesse (Version 2)
Georges, provisoirement à la campagne, écrit à son ami Paul ses journées, son travail dans les ruines d’une abbaye, et sa piquante rencontre avec une petite Comtesse originale.
« […] J’ai trente-cinq ans, et il ne suffit plus, Dieu merci, du coup d’œil plus ou moins bienveillant d’une femme pour troubler la sérénité de mon âme. »
Il lui faudra, en effet, trop de temps, hélas, pour comprendre qu’il en est amoureux.
FEUILLET, Octave – Histoire D’une Parisienne
C’est l’histoire d’un « ange », bien élevé par sa mère mais mal marié par sa mère.
Cette histoire commence et se termine ainsi :
Cette histoire commence et se termine ainsi :
« Il serait excessif de prétendre que toutes les jeunes filles à marier sont des anges ; mais il y a des anges parmi les jeunes filles à marier. [...] La conclusion de cette histoire trop véritable est que, dans l’ordre moral, il ne naît point de monstres : Dieu n’en fait pas ; – mais les hommes en font beaucoup. – C’est ce que les mères ne doivent pas oublier. »
FEUILLET, Octave – Monsieur De Camors
Donneuse de voix : Christine Treille | Durée : 8h 49min | Genre : Romans
« Le matérialisme n’est une doctrine d’abrutissement que pour les sots ou pour les faibles : assurément je ne lis dans son code aucun des préceptes de la morale vulgaire, de ce que nos pères appelaient la vertu ; mais j’y lis un grand mot qui peut suppléer à bien d’autres, l’honneur, c’est-à-dire l’estime de soi. Il est clair qu’un matérialiste ne peut être un saint ; mais il peut être un gentilhomme, c’est quelque chose. Vous avez d’heureux dons, mon fils ; je ne vous connais qu’un devoir au monde, c’est de les développer largement et d’en jouir avec plénitude. Usez sans scrupule des femmes pour le plaisir, des hommes pour la puissance, mais ne faites rien de bas. »
Monsieur de Camors saura-t-il, auprès des femmes qu’il aime et des hommes dont il use, préserver cet honneur ? C’est ce que ce roman d’Octave Feuillet, « le Musset des familles », écrit en 1867, nous raconte avec beaucoup de sensibilité et de magnifiques portraits.
FEUILLET, Octave – La Petite Comtesse
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 3h 45min | Genre : Romans
L’héroïne de La Petite Comtesse, œuvre publiée en 1857 un an avant Le Roman d’un jeune homme pauvre est une jeune veuve évaporée, à l’air dévergondé, aimant être courtisée et danser, et ne semblant pas capable d’éprouver une passion véritable et de devenir une épouse sérieuse.
Le roman est constitué de 8 lettres écrites du 15 septembre au 18 octobre, du château du Rozel par Georges à son ami intime Paul B. à qui il ne cache rien et fait confidence de ses relations avec « la petite comtesse ». C’est l’évolution des sentiments des deux cœurs qui est le sujet de ce texte mi-romantique, mi-réaliste, écrit dans le style élégant et discret d’Octave Feuillet, spécialiste de la psychologie féminine comme l’attestera aussi Julia de Trécœur.
Le roman est constitué de 8 lettres écrites du 15 septembre au 18 octobre, du château du Rozel par Georges à son ami intime Paul B. à qui il ne cache rien et fait confidence de ses relations avec « la petite comtesse ». C’est l’évolution des sentiments des deux cœurs qui est le sujet de ce texte mi-romantique, mi-réaliste, écrit dans le style élégant et discret d’Octave Feuillet, spécialiste de la psychologie féminine comme l’attestera aussi Julia de Trécœur.
« – Mon cœur a éclaté, Paul ; je lui ai dit tout, ma passion, mes regrets, mes remords ! J’ai couvert de baisers ses mains tremblantes, son front glacé, ses cheveux humides… J’ai répandu dans sa pauvre âme brisée tout ce que l’âme d’un homme peut contenir de tendresse, de pitié, d’adoration ! Elle a su que je l’aimais ; elle n’a pu en douter !
Elle m’a écouté avec ravissement.
- C’est maintenant, m’a-t-elle dit, c’est maintenant qu’il ne faut pas me plaindre. Jamais je n’ai été si heureuse de ma vie. Je ne méritais pas cela… Je ne puis rien souhaiter de plus… rien espérer de mieux… je ne regretterai rien. »
Et le drame se termine comme Roméo et Juliette ou Tristan et Yseult.