Kahina : la reine guerrière des Berbères
Une légende de l’époque, une histoire sur l’Algérie et la persistance de l’invasion des guerriers de l’islam venus d’Arabie…
Kahina, sa lutte armée contre l’invasion islamique arabe.
Fabuleuse épopée, que celle de cette reine berbère qui s’opposa au VIIe siècle, à l’invasion arabe de l’Afrique du Nord ! Kahina, qui signifie prêtresse, de son vrai nom Dihya ou Damya en tifinagh, est une reine guerrière berbère des Aurès qui s’opposa à l’expansion islamique en Afrique du Nord au VIIe siècle, et donna sa vie pour tenter de sauver l’indépendance de son pays.
La reine guerrière berbère qui résista aux envahisseurs arabo-musulmans.
Quinze ans après la mort du Prophète Mahomet, les armées arabo-musulmanes conquérantes arrivaient aux portes de l’Afrique du Nord. Ce pays, jadis transformé par la civilisation romaine, en partie conquis à la foi chrétienne, va basculer dans l’empire grandissant du monde musulman.
C’est alors, que pour faire face à l’envahisseur, une femme va organiser la résistance berbère, réaliser la difficile unité du Maghreb et infliger aux cavaliers arabes de cuisantes défaites. Celle-ci, connue dans l’histoire sous le nom de La Kahina, avait un caractère sacré. Il signifiait, la sorcière, la prêtresse, la devineresse. Son véritable prénom est Dehya ou Dhya Tadlut, qui signifie en berbère, la « Belle gazelle ».
Elle possédait en effet un don prophétique et était vénérée de son peuple. Mais ses succès mêmes causeront sa chute.
Orgueilleuse, intransigeante, fière de ses victoires, la Kahina ne vivait plus que pour sa tribu. Mais cette femme admirable, si longtemps écoutée et obéie, ne pourra maintenir l’unité berbère et venir à bout des éternelles rivalités tribales. Dès lors, elle prédira son propre destin et, vaincue par la trahison, elle accomplira un dernier baroud d’honneur dans lequel tomberont ses meilleurs compagnons, avant qu’elle-même y laisse la vie.
L’islamisation de l’Afrique du Nord était en marche.
Carte montrant l’expansion omeyyade arabe (islamique) tout au long des VIIe et VIIIe siècles de notre ère. Dans le vert foncé est représenté l’étendue de l’Islam jusqu’à la mort de Mohammed (622-632 ) ; dans le vert intermédiaire est représenté les conquêtes du califat de Rashidun (632-661 ) ; et dans le vert le plus clair est représenté les conquêtes du califat omeyyade entre 661-750 .
C’est en s’appuyant sur les travaux des plus éminents historiens qu’un conférencier algérien a retracé avec émotion, amour et passion pour sa terre, l’extraordinaire épopée de cette « Jeanne d’Arc berbère » qui incarna avec tant de grandeur, la folie d’indépendance et la fierté passionnée d’un peuple.
Entre l’antique Thevest romaine appelée à présent Tebessa, et l’agglomération de Bir El Ater, se trouve un puits appelé « Bir el Kahina » (le puits de la Kahina), en référence ou en souvenir du lieu où elle aurait été tuée. À Baghaï, actuellement petit village à une vingtaine de kilomètres de Khenchela, les habitants désignent certaines ruines anciennes comme étant les ruines du « palais de la Kahina ».
Le nom de la rivière Meskian, où Kahina remporta sa première victoire contre le général Ibn Numan, ainsi que celui du village de Meskiana qu’elle arrose, viendraient des mots berbères Mis n Kahina qui signifie « les fils de Kahina ». Certains berbères chaouis des Aurès disent qu’ils ont le «nez de la Kahina», légèrement busqué.
La bataille des chameaux
Sa première bataille a lieu à Meskiana. De nuit, Kahena dissimule son armée dans la montagne pour prendre en embuscade les troupes ennemies, et remporte une victoire fracassante qui sera ensuite appelée « bataille des chameaux » (les Berbères ayant tiré leurs flèches entre les jambes de leurs chameaux). La seconde bataille a lieu à Tabarqa en 695. Suite à ces victoires, Kahena règne sur l’Ifriqiya (royaume d’Afrique du Nord comprenant la Tunisie,l’est de l’Algérie, l’ouest de la Libye) pendant cinq ans.
Alors que les Omeyyades contre-attaquent, Kahena s’aliène une partie de son peuple en pratiquant une politique de la terre brûlée pour que les territoires conquis par l’ennemi ne lui profitent pas.
Trente ans avant la victoire de Charles Martel à Poitiers, la dernière bataille de la Kahina !
En 702, à Tabarqa, après plusieurs années de combats, Dihya s’engagea dans sa dernière bataille. La défaite de ses troupes fut en partie due à la trahison d’un jeune Arabe que la reine avait épargné et adopté selon la coutume de l’anaïa (protection) en vigueur chez les anciens Berbères.
Voyant que tout était perdu, Dyhia envoya ses deux fils se rendre à l’envahisseur. Elle-même continua de combattre mais, trahie, fut faite prisonnière puis décapitée dans les environs d’El-Djem, et sa tête remise au calife. Sa disparition permit la reprise de la progression des armées arabes vers l’ouest du Maghreb et vers l’Europe. C’est exactement trente ans plus tard, que le 25 octobre 732 à Poitiers, Charles Martel et son armée mirent un terme aux incursions arabo-musulmanes qui furent contraintes de refluer vers l’Espagne.
Le personnage historique de Dihya la Kahena est devenu de nos jours un symbole, tout comme Massinissa, Jugurtha, et Saint Augustin. La tradition orale des Chaouis ne donne pas beaucoup de précisions sur tout le parcours historique de la Kahina ni même sur sa tribu des Dejrawa. Mais « la Belle Gazelle » reste la reine de cœur des Chaouïas. Source
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