Louis XVIII (1755 - 1824) Le «Roi-fauteuil»
Le destin aventureux du roi Louis XVIII illustre les tourments de la monarchie sous la Révolution française et les difficultés de la Restauration après la chute de Napoléon 1er.
Un jeune homme inconséquent
Le futur souverain est, à sa naissance, prénommé Stanislas en souvenir de son arrière-grand-père, roi de Pologne et duc de Lorraine. À Paris, la rue Stanislas et le célèbre collège du même nom lui doivent leur appellation. Il reçoit d'abord le titre de comte de Provence et est appelé Monsieur quand son frère devient roi sous le nom de Louis XVI.
Il émigre le jour même où son frère tente de s'enfuir des Tuileries. Tandis que Louis XVI est arrêté à Varennes, le comte de Provence gagne la Belgique avant de rejoindre son jeune frère, le comte d'Artois (futur Charles X), à Coblence, sur les bords du Rhin. De 1791 à 1815, il n'en finira pas de courir l'Europe d'un exil à l'autre (Vérone, Blankenburg...), entouré d'une petite cour de médiocres courtisans. Il s'attribue le titre de régent après la mort de Louis XVIpuis celui de roi après celle de Louis XVII.
Un roi de bonne volonté
En 1814, à la chute de Napoléon 1er, il monte enfin sur le trône sous le nom de Louis XVIII le Désiré... C'est le «retour des lys» ! Le roi, guéri de ses folies de jeunesse, tente, non sans mérite, de réconcilier la France de la Révolution et celle de l'Ancien Régime.
Il met en chantier un projet de régime constitutionnel défini dans une «Charteconstitutionnelle» que lui-même «octroie» au peuple français (il ne veut pas que la Constitution lui soit «imposée» par une assemblée constituante). Mais le retour de l'ex-empereur de l'île d'Elbe l'oblige à une fuite peu glorieuse et ruine ses efforts de conciliation.
Après l'intermède des «Cent jours» de Napoléon 1er, qui s'achève à Waterloo, le roi quitte son exil temporaire de Gand. Il promet d'abord aux Français, à Cambrai, le 28 juin 1815, l'oubli et le pardon pour les trahisons et les égarements des «Cent jours». Mais de retour à Paris dans les «fourgons de l'étranger», il lui est impossible de résister à la soif de revanche des émigrés. S'ensuit une brève mais violente période de «Terreur blanche».
Du fait d'un scrutin censitaire qui limite le droit de vote aux contribuables aisés, soit à un très petit nombre de possédants, Louis XVIII doit composer avec une majorité parlementaire composée d'ultraroyalistes partisans du retour à l'Ancien Régime (ainsi appelés parce qu'ils sont plus royalistes que le roi lui-même).
La victoire illusoire des ultraroyalistes
Bénéficiant de l'appui du comte d'Artois, le frère cadet du roi, les «ultras» n'ont de cesse de combattre les libéraux bourgeois et notamment le duc Decazes, ministre de l'Intérieur, auquel ils reprochent même le meurtre de l'héritier du trône, le duc de Berry, par le cordonnier Louvel en février 1820.
Le duc de Richelieu qui préside le Conseil (le gouvernement) doit faire une place dans son gouvernement au chef des «ultras», le comte Jean-Baptiste Villèle, maire de Toulouse, mais celui n'en démissionne pas moins en juillet 1821 pour protester contre la politique trop conciliante du duc.
Après les élections partielles d'octobre 1821 qui renforcent la majorité ultraroyaliste, Louis XVIII se voit obligé de rappeler Villèle au gouvernement, d'abord comme ministre des Finances puis comme président du Conseil en septembre 1822. Le même mois, l'opinion éclairée s'indigne de l'exécution des quatre sergents de La Rochelle, coupables d'avoir comploté contre le régime.
Villèle autorise l'expédition d'Espagne en vue de rétablir les Bourbons à Madrid mais c'est seulement après la mort du roi et l'intronisation de son frère, le comte d'Artois, sous le nom de Charles X, que lui-même et les «ultras» vont pouvoir mettre en oeuvre leur programme... Triomphe illusoire qui, par ses excès, entraînera la chute du dernier Bourbon six ans plus tard.
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• 19 mars 1815 : la fuite piteuse de Louis XVIII
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