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mardi 29 novembre 2016

LA FRANCE OFFRANT LA LIBERTÉ À L’AMÉRIQUE !

 LA FRANCE OFFRANT LA LIBERTÉ À L’AMÉRIQUE 


CONTEXTE HISTORIQUE
Jean Suau est un peintre d’histoire quelque peu oublié, né en 1755 et mort en 1841. Il fut l’élève du chevalier de Rivalz (Pierre Rivalz) et le père du peintre Pierre-Théodore Suau (1789-1856) qu’il contribua à former dans son propre atelier. Jean Suau fut successivement membre et professeur de l'Académie de peinture, sculpture et architecture de Toulouse, professeur à l'École spéciale des beaux-arts de cette même ville, professeur à l’École centrale de Haute-Garonne et dirigea les classes de l’antique, du modèle vivant et d’anatomie artistique.

Il eut comme élève Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) qui, comme son propre fils, fréquenta ensuite le célèbre atelier parisien de Jacques-Louis David (1748-1825).

Le peintre remporta le concours de l'Académie royale de Toulouse en 1784 avec la peinture La France offrant la Liberté à l’Amérique. Ce tableau témoigne de l’immense intérêt que connut en France la Révolution américaine qui fut le sujet d’une importante iconographie allégorique. Entre 1779 et 1801, on relève ainsi plus d’une trentaine d’œuvres (sculptures, gravures, peintures) exposées aux Salons (Paris) traitant directement des événements américains.
ANALYSE DES IMAGES
Au centre du tableau, l’allégorie de la France est représentée en cuirasse avec un manteau bleu orné de fleurs de lys dorées. Elle tient par la main la Liberté et l’offre à l’Amérique représentée par un Indien portant une coiffe à plumes, qui s’empresse de la recevoir sur son embarcation. La Liberté porte dans sa main droite le sceptre symbole de souveraineté et dans sa main gauche le bonnet phrygien icône de la liberté.

La France est suivie des allégories de la Victoire (représentée aves les ailes et tenant une couronne de laurier), de la Paix (agenouillée, coiffée d’une couronne de fleurs), de l’Abondance (tenant un bouquet de fleurs et d’épis de blé) et du Commerce (montrant une carte et une boussole).

Au-dessus d’eux, dans un ciel nuageux en train de s’éclaircir, la Renommée annonce l’événement de sa trompette.

Sur la gauche du tableau, diverses nations s’occupent à entasser et déplacer des marchandises, attestant par là d’une prospérité commerciale et économique renaissante.

A l’extrême droite du tableau, se trouve Hercule qui chasse de sa massue le Léopard anglais, avec l’aide du coq français, piquant et menaçant.

Au loin, la mer s’ouvre sur un horizon ensoleillé. L’ensemble de la composition est baigné de couleurs douces, rehaussées de quelques traits vifs et éclatants.
INTERPRÉTATION
Aux lendemains de la guerre de Sept ans (1756-1763), la politique fiscale de l’Angleterre déclencha dans ses treize colonies d’Amérique une vague de protestation qui allait bientôt se transformer, devant l’intransigeance britannique, en une véritable Révolution.

La rupture est définitivement consommée le 4 juillet 1776 avec la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis qui marque la naissance d’une nouvelle République indépendante.

La France, grâce à l’intervention de Benjamin Franklin et à la détermination du marquis de La Fayette, décide, en 1778, d’intervenir auprès des insurgés américains. Grâce à ce soutien et à bien d’autres facteurs, la guerre prend fin en 1783 avec le traité de Paris qui consacre la défaite anglaise et la reconnaissance officielle des Etats-Unis d’Amérique.

Le tableau met en scène allégoriquement l’aide militaire et financière française aux insurgés américains lors de la guerre d’Indépendance d’Amérique (1776-1783).

Va s’en suivre, tout au long du dernier tiers du XVIIIe siècle, une vague d’œuvres allégoriques qui attestent de l’intérêt de l’opinion publique française pour les événements américains.

Dans ce cadre, le tableau de Jean Suau résume parfaitement les intérêts français et les mobiles qui se cachaient derrière l’intervention (revanche contre l’Angleterre, sentiment anti-anglais, aspirations à la reconquête du commerce maritime, gloire de la France dans ses alliances) tout en utilisant un vocabulaire allégorique classique (la Liberté, la France, Hercule, le coq français, le léopard anglais…).

Ces derniers éléments expliquent son couronnement par l’Académie royale de Toulouse. On remarquera enfin que l’identité de la jeune république américaine est représentée par un indien alors que la plupart des images de l’époque préfèrent utiliser son pendant féminin : la figure de l’indienne sauvage et indomptable. Ici, probablement afin de donner à son sujet un caractère solennel, l’artiste a choisi un indien à la peau blanche dont la coiffe seule indique l’identité nationale.


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lundi 28 novembre 2016

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