Hérault : Des milliards de bestioles violettes échouées sur la plage
Elles sont bleues. Elles sont petites. Mais elles sont des milliards. Échouées sur les plages de Palavas-les-Flots, dans l’Hérault, les « vélelles », siphonophores bleus ressemblant à des méduses, ont recouvert le sable de la plage. Explication.
De loin, les promeneurs ont d’abord cru à une nappe de pollution. Du pétrole, en tout cas un hydrocarbure. Il est vrai que la plage de Palavas-les-Flots était recouverte d’une épaisse couche sombre et visqueuse. Sauf qu’il s’agissait d’un immense banc de petits siphonophores bleu violet.
On les appelle « vélelles » ou « barquettes de la Saint-Jean », parfois « barques de la Saint-Pierre ». Elles ressemblent à des méduses – mais n’en sont pas. Chaque vélelle est en fait une colonie de polypes spécialisés, issue d’un seul polype initial. Quoi qu’il en soit, elles se promènent en colonies au sein de la Grande Bleue, mais aussi de la Manche et de l’Atlantique, au gré des courants et des vents.
Et, justement, ces trois dernières semaines, un violent vent de sud a soufflé sur les côtes de l’Hérault. Il a rassemblé des milliards de ces petits cnidaires, puis les a échoués sur les plages. Soyez rassuré : les vélelles ne sont pas urticantes pour l’homme. Ouf. Source
Les meilleurs chefs militaires russes de l’histoire
La bataille de Smolensk par Piter von Hess.
C’est à tort que toutes les victoires de l’armée russe sont attribuées à la chance, au froid ou à un grand nombre de combattants. Mais le mythe est tenace. « Vaincre non pas par le nombre, mais grâce au savoir-faire », disait le légendaire généralissime Alexandre Souvorov. Nombre de militaires de notre liste lui auraient donné raison.
Jusqu’au XVIIIe siècle, les chefs militaires de l’armée russe étaient issus de la noblesse. Le corps d’officiers en tant qu’institution a fait son apparition en Russie sous Pierre le Grand, après qu’une grave défaite sous Narva eut contraint le tsar à moderniser son armée. Sous Catherine II, la gloire des officiers russes a retenti dans toute l'Europe et n’a commencé à décliner qu’au début du XXe siècle.
Les longues années de paix ont fait que les hommes ne devenaient officiers que pour toucher une digne retraite et trouver une place tranquille. Durant la Première Guerre mondiale et la guerre civile, la Russie a perdu un grand nombre de commandants expérimentés. Mais une nouvelle pléiade d’officiers talentueux est née dans les rangs de l’Armée rouge.
Dmitri Khvorostinine (XVIe siècle)
Dmitri Khvorostinine.
Ce chef militaire qui a vécu à l’époque d’Ivan le Terrible assumait souvent le rôle d’ « urgentiste » : dépêché sur les fronts où la situation était particulièrement critique, il sortait presque toujours vainqueur de toutes les batailles. A peine après avoir tenu tête aux Suédois, il était envoyé dans le sud pour sauver la Russie d’une invasion tatare. A peine après avoir battu les peuples des steppes, il se mettait en route vers les pays baltes pour défendre la Russie contre les Lituaniens.
Lors de la Guerre de Livonie, les armées européennes étaient techniquement mieux équipées, mais Dmitri Khvorostinine leur opposa des raids agressifs de commandos très manœuvrables. L’ambassadeur anglais le qualifiait d’« homme le plus populaire en temps de guerre ». C’est d’ailleurs peut-être pour cette raison que lorsque Dmitri Khvorostinine ne réussit pas à exécuter un ordre d’Ivan le Terrible, celui-ci ne le mit pas à mort. Ce tsar qui dirigeait le pays d’une main de fer le condamna à se vêtir comme une femme et à piler des céréales pour en faire de la farine.
Alexandre Souvorov (1730–1800)
Portrait d'Alexandre Souvorov par Joseph Kreutzinger, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.
Alexandre Souvorov était considéré auprès de la cour impériale comme un « drôle d’oiseau », un personnage extravagant. La nuit, il pouvait se promener tout nu. Dans les bals, il valsait sans respecter la mesure avec un aide de camp et heurtait sciemment des couples. Enfin, il pouvait venir à un déjeuner en ne portant qu’une seule botte. Mais son comportement ne trompait pas ceux qui connaissait le chef militaire Souvorov. Dans ses mémoires, Louis XVIII le qualifiait d’épée de la Russie, de fléau des Turcs et de terreur des Polonais. Cruel dans ses emportements, intrépide de nature, « c’était la copie d’Attila », écrivait le roi de France.
Alexandre Souvorov est sans doute le meilleur chef militaire russe : il n’a perdu aucune de ses 63 batailles. Il combattait des ennemis plus forts en nombre, mais sortait toujours vainqueur. Son « cheval de bataille », c’était l’offensive, il misait sur l’impétuosité des attaques et sur la responsabilité des soldats. Adulé par ses hommes, il ne cessait de s’occuper de leur ravitaillement, il leur apprenait à faire preuve d’initiative et de débrouillardise au lieu de les dresser.
En Europe, Souvorov était considéré de son vivant déjà comme un chef militaire génial. Même lord Nelson lui écrivait des lettres d’admiration. Son exploit le plus connu est la traversée des Alpes. A la suite d’intrigues au sein de la coalition antifrançaise en 1799, l’armée russe fut encerclée par les ennemis en Suisse.
Il ne restait plus de vivres ni de munitions, les bottes des soldats étaient complètement usées. Préserver l’armée dans de telles conditions relevait du miracle. Mais Souvorov joua la carte de la surprise. Il emmena ses troupes par des sentiers de montagne enneigés et des lacs gelés. Les Russes réussirent une percée et perdirent moins de soldats que l’armée française qui les avait encerclés.
Michel Barclay de Tolly (1761–1818)
Portrait du comte Michel Barclay de Tolly par George Dawe, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.
Il commandait l’armée russe pendant les Guerres napoléoniennes en 1812. Napoléon voulait défaire rapidement ses ennemis lors d’une bataille à la frontière et imposer de lourdes exigences au tsar russe. En juin 1812, l’armée française disposait d’effectifs plus importants et avait toutes les chances de remporter la victoire. Michel Barclay de Tolly en était clairement conscient. Sacrifiant sa réputation, il commença à se retirer, brûlant derrière lui les villages et les champs de blé.
Cette stratégie se révéla efficace. Au lieu d’une victoire rapide, les Français durent suivre les Russes jusqu’à Moscou. L’armée française souffrait de faim, son arrière était déchiré par les attaques de partisans et de cosaques, l’hiver meurtrier approchait. Toutefois, les aristocrates russes exigeaient de courageuses batailles et non une retraite « honteuse ».
« Ce gredin, ce misérable, ce scélérat de Barclay a cédé une très bonne position », écrivait le général Bagration, d’esprit bagarreur. Au final, le commandement de l’armée fut confié au général Koutouzov. Déprimé face à la haine du peuple, Michel Barclay de Tolly allait se placer exprès sous le feu ennemi. Mais sorti sain et sauf de toutes les opérations, il vécut le triomphe de sa stratégie, vit Napoléon battre en retraite et pris la tête de l’armée en 1813 pour aller libérer l’Europe.
Konstantin Rokossovski (1896–1968)
Konstantin Rokossovski. Crédit : Gregory Vail / RIA Novosti
Même trois ans de prison lors des répressions staliniennes ne purent ébranler la fidélité de Konstantin Rokossovski à sa patrie. En 1940, Staline gracia le futur maréchal et un an plus tard, il se félicitait de sa décision. Après la perfide attaque nazie contre l’URSS, les troupes de Konstantin Rokossovski ont été dépêchées sur les secteurs les plus critiques du front. En 1941, la division qu’il commandait a arrêté les chars allemands aux abords de Moscou. En 1942, ses armées encerclaient Stalingrad.
En 1943, il a fait face à la Wehrmacht dans la bataille décisive sur le Saillant de Koursk. Mais son heure de gloire, c’est l’opération Bagration qu’il élabora et dirigea en 1944. A l’issue d’une vaste campagne de désinformation, alors que les nazis s’attendaient à une attaque en Ukraine, l’armée soviétique frappa les positions ennemies en Biélorussie. Le front allemand s’effondra. En l’espace de deux mois, les soldats soviétiques chassèrent les nazis de Biélorussie, de Lituanie et d’Ukraine occidentale, en marchant 600 kilomètres de la Dvina à la Vistule. Les Allemands perdirent quelque 500 000 hommes.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Le premier émigré politique de la famille Romanov: la fuite du fils de Pierre le Grand
Pierre le Grand interrogeant le tsarévitch Alexis, Nikolaï Gay, 1871.
RIA Novosti
Il y a exactement 300 ans, le 21 novembre 1716, le tsarévitch Alexis, homme faible et éloigné des opinions et des réformes de son père, demanda l’asile politique en Autriche, mais fut contraint de rentrer en Russie, où il est mort en prison.
Le premier empereur russe Pierre le Grand est célèbre pour ses guerres, ses réformes radicales et la création de la nouvelle capitale, Saint-Pétersbourg, mais aussi pour son tempérament inflexible. Il travaillait d’arrache-pied, n’en exigeait pas moins de son entourage et ses colères étaient effrayantes : il pouvait faire battre ou ordonner l’exécution de ceux qui provoquaient son mécontentement. Tous craignaient de tomber en disgrâce aux yeux de l’empereur, jusqu’à sa propre famille.
Alexis, fils aîné de Pierre naquit en 1690 et fut l’un des premiers à connaître les affres de la disgrâce. Fils de l’épouse détestée de Pierre, qu’il fît cloîtrer dans un monastère, Alexis vécut à Moscou, loin de son père, jusqu’à l’âge de 19 ans. Il était entouré d’aristocrates sceptiques des réformes de Pierre. L’empereur donnait régulièrement des ordres à son fils – par exemple, préparer la défense de Moscou contre une éventuelle invasion des Suédois – mais restait toujours insatisfait de son travail. Le tsar disait qu’il se fâchait souvent avec son fils et le « battait parfois avec un bâton ».
Le tsarévitch craignait énormément son père, au point que lorsqu’un jour, Pierre voulut tester les connaissances de son fils, Alexis préféra se mutiler en se tirant dans la main plutôt que de risquer l’échec. De son côté, Pierre méprisait son fils et ne supportait pas l’idée que celui-ci puisse hériter de l’empire.
La fuite plutôt que le monastère
Pourtant, par sa naissance, Alexis était bien l’héritier officiel de l’empire russe. Une situation qui tourmentait le tsar, d’autant plus que sa nouvelle épouse, la future impératrice Catherine 1ère, lui donna un autre fils en 1715.
L’historien Mikhaïl Rijenkov écrit que cette même année, Pierre remit publiquement une lettre à Alexis dans laquelle il lui reprochait de « ne pas montrer de disposition pour les affaires de l’État », l’insultait et menaçait de le déshériter. Effrayé, Alexis écrit à son père qu’il était prêt à renoncer volontairement à la couronne et à partir dans un monastère, mais en fin de compte, il partit pour l’Europe et se réfugia en Autriche.
Le vice-chancelier de l'Empire autrichien Schönborn se souvient qu’en novembre 1716, le tsarévitch russe en fuite fit irruption chez lui et l’implora de demander à l’empereur Charles VI la permission de rester en Autriche : « Il faut qu’il sauve ma vie, on veut me tuer ». Le monarque autrichien accorda l’asile à Alexis : il voulait l’utiliser comme pion dans le jeu politique, écrit Mikhaïl Rijenkov.
Avec sa maîtresse Euphrosine, ancienne serve, il vécut d’abord à Ehrenbourg, puis à Naples. C’est là que Pierre Tolstoï, diplomate expérimenté et messager de Pierre, le retrouva en mai 1717. Il convainquit le tsarévitch de rentrer en Russie et lui transmit un message du tsar. Pierre promettait de pardonner à son fils : « Tu ne seras aucunement puni, je te montrerai mon plus grand amour si tu suis ma volonté et rentres ».
Alexis refusa, craignant son père. Pierre Tolstoï soudoya alors un fonctionnaire autrichien et celui-ci mentit à Alexis lui annonçant que Charles était prêt à le livrer à son père. Acculé, le tsarévitch accepta de retourner en Russie.
Pierre le Grand interrogeant le tsarévitch Alexis, Nikolaï Gay, 1871. Galerie d'État Tretiakov. Crédit : RIA Novosti
« J’espère vivre au village »
D’abord, Pierre annonça effectivement sa réconciliation avec le tsarévitch, même s’il ordonna que celui-ci renonce au trône tant pour lui que pour ses héritiers. Alexis se plia à la volonté de son père avec joie. « Dieu merci, j’ai été déshérité !, écrit-il à Euphrosine. J’espère pouvoir vivre en paix avec toi au village ».
Mais les rêves d’Alexis ne se réaliseront pas. Une enquête sur les circonstances de sa fuite fut ordonnée et il se vit accuser de complot contre Pierre. Lors de son interrogatoire, la maîtresse d’Alexis, Euphrosine, témoigna contre le tsarévitch. Après avoir été torturé, Alexis avoua et fut condamné à mort pour avoir cherché à renverser Pierre « avec l’aide de mutins et de pays étrangers ». En juin 1718, le tsarévitch mourut en prison avant son exécution.
Il est difficile de savoir si les aveux d’Euphrosine et d’Alexis étaient authentiques car ils furent obtenus sous la torture. Aucun autre élément ne prouve la culpabilité d’Alexis. Mikhaïl Rijenkov, pour sa part, doute que le tsarévitch soit coupable : « Le fait que Vienne ait perçu Alexis comme une figure importante dans le jeu politique ne prouve en rien que le tsarévitch ait demandé une assistance armée contre son père ».
L’historien estime que la fuite d’Alexis en Autriche donna sans doute à Pierre un prétexte pour se débarrasser définitivement de ce fils indésirable. Ironie du sort, cela n’apporta pas la paix à la dynastie royale : Pierre 1er mourut en 1725, avant d’avoir désigné son héritier et, jusqu’en 1801, la maison des Romanov sera plongée dans l’abîme des révolutions de palais.