Alain-Emile Chartier - Souvenirs de guerre
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vendredi 22 décembre 2017
mardi 19 décembre 2017
ERCKMANN-CHATRIAN - Confidences d'un joueur de clarinette !
ERCKMANN-CHATRIAN - Confidences d'un joueur de clarinette
lundi 20 novembre 2017
LA BATAILLE D'AUSTERLITZ !
LA BATAILLE D'AUSTERLITZ
CONTEXTE HISTORIQUE
Chef-d’œuvre de stratégie militaire, la bataille d’Austerlitz, dite aussi « des Trois empereurs » (Napoléon, Alexandre Ier de Russie et François II d’Autriche), demeure la plus célèbre des victoires napoléoniennes. Craignant un débarquement sur ses côtes alors que la Grande Armée était réunie à Boulogne, l’Angleterre parvint à former sur le continent une nouvelle coalition contre la France (la troisième depuis 1792). L’armée française accourut en Bavière, encercla à Ulm les troupes autrichiennes qui capitulèrent le 20 octobre 1805 et écrasa les Russes de Koutouzov à Austerlitz le 2 décembre, jour du premier anniversaire du sacre de Napoléon. Par un froid glacial, le soleil s’étant levé (le fameux soleil d’Austerlitz dans lequel on vit un signe du destin divin de l’Empereur), les troupes ennemies attaquèrent les Français sur le plateau de Pratzen avant d’être repoussées comme prévu dans les étangs gelés de Satschan où elles se noyèrent. Austerlitz fut un désastre pour les Austro-Russes qui n’eurent plus qu’à traiter.
ANALYSE DES IMAGES
Gérard a peint la victoire. Dans un élan, le général Rapp apporte à Napoléon les drapeaux et les canons pris à l’ennemi et lui présente le prince Repnine entouré des prisonniers russes. Napoléon se tient sur un cheval blanc (Cyrus qui, après la bataille, prendra le nom d’Austerlitz), portant la tenue verte de colonel des chasseurs à cheval de la garde. A ses côtés sont représentés Berthier, major général de la Grande Armée, Bessières, commandant la cavalerie de la garde, Junot, aide de camp dont Napoléon fit la connaissance à Toulon, Duroc et le colonel Lebrun, fils de l’architrésorier de l’Empire. Au premier plan, le peintre reprend des scènes célèbres de la conclusion de la bataille d’Austerlitz : le mamelouk qui propose à l’Empereur de lui rapporter la tête du grand-duc Constantin et à qui Napoléon répond : « Veux-tu bien te taire, vilain sauvage ! » ; l’officier russe qui se plaint d’être déshonoré pour avoir perdu sa batterie, auquel il rétorque « Calmez-vous, jeune homme, et sachez qu’il n’y a jamais de honte à être vaincu par des Français ». Comme dans nombre de tableaux napoléoniens, l’Empereur est impassible, tandis que ses protagonistes expriment des sentiments divers, en particulier le bonheur et la gloire dans le cas du général Rapp.
Bien que l’artiste ait pris quelques libertés avec l’exacte topographie (ainsi les étangs gelés placés en haut à gauche de la composition se trouvaient-ils en réalité à plus de 10 kilomètres du sommet du plateau de Pratzen), le tableau fut perçu comme un chef-d’œuvre. Guizot, publiciste sous l’Empire, écrivit à son sujet : « Quelle sagesse dans l’ordonnance générale et quelle adresse dans la combinaison des groupes […] rien d’embarrassé, rien de confus. »
Bien que l’artiste ait pris quelques libertés avec l’exacte topographie (ainsi les étangs gelés placés en haut à gauche de la composition se trouvaient-ils en réalité à plus de 10 kilomètres du sommet du plateau de Pratzen), le tableau fut perçu comme un chef-d’œuvre. Guizot, publiciste sous l’Empire, écrivit à son sujet : « Quelle sagesse dans l’ordonnance générale et quelle adresse dans la combinaison des groupes […] rien d’embarrassé, rien de confus. »
INTERPRÉTATION
Gérard a peint un tableau animé, plein d’élan, sans grande signification autre que celle de célébrer la gloire de la plus belle victoire impériale. Seule l’exceptionnelle qualité picturale de l’artiste, l’un des meilleurs élèves de David, avant tout portraitiste, permet à la composition d’échapper à l’imagerie.
L’œuvre est célèbre dans le programme iconographique de la galerie des Batailles de Versailles, mais ce fut surtout la victoire d’Austerlitz elle-même, qui synthétisait à elle seule l’épopée, qui la fit placer à cet endroit dans le nouveau musée créé par Louis-Philippe. En fait, c’était la faire entrer dans la légende au côté des deux peintures de Vernet, La bataille d’Ienaet La Bataille de Friedland, et d’autres tableaux napoléoniens récupérés par elle comme Le Bivouac de Wagram de Roehn.
L’œuvre est célèbre dans le programme iconographique de la galerie des Batailles de Versailles, mais ce fut surtout la victoire d’Austerlitz elle-même, qui synthétisait à elle seule l’épopée, qui la fit placer à cet endroit dans le nouveau musée créé par Louis-Philippe. En fait, c’était la faire entrer dans la légende au côté des deux peintures de Vernet, La bataille d’Ienaet La Bataille de Friedland, et d’autres tableaux napoléoniens récupérés par elle comme Le Bivouac de Wagram de Roehn.
LA BATAILLE DU PONT D'ARCOLE !
LA BATAILLE DU PONT D'ARCOLE
CONTEXTE HISTORIQUE
Après avoir vaincu les Piémontais et les Autrichiens, l’armée d’Italie s’avance en Lombardie et assiège Mantoue. L’Autriche envoie deux nouvelles armées aux ordres de Davidovitch et d’Alvinczy pour tenter de débloquer la ville. Bonaparte, replié sur Vérone, décide de porter son effort contre ce dernier en coupant ses arrières. Il confie à Vaubois le soin de contenir Davidovitch et laisse 9 000 hommes contre Würmser enfermé dans Mantoue. Sortant de Vérone, Bonaparte lance son attaque le 15 novembre. Augereau passe l’Adige à Ronco mais est arrêté par un feu violent devant le pont d’Arcole. Brandissant un drapeau, Bonaparte s’élance à la tête des grenadiers pour forcer le pont mais est renversé dans les marais. Sur la gauche, Masséna est parvenu à passer et à rallier l’armée, tandis qu’à droite le général Guieu est parvenu jusqu’à Arcole, qu’il a enlevé. Inquiet cependant, Bonaparte replie son monde sur Ronco et va désormais s’appliquer à user les Autrichiens jusqu’au moment qu’il jugera favorable pour l’attaque générale. Le 16, la manœuvre se répète et Augereau échoue à nouveau devant le pont, tandis que Masséna avance à gauche et parvient à repousser l’aile droite autrichienne. Dans la nuit du 16 au 17, Bonaparte fait établir un pont de chevalets en avant d’Arcole, d’où Augereau pourra prendre le village de flanc, tandis que Masséna attaquera de front. Tout se passe comme prévu, et Masséna parvient à s’emparer du pont d’Arcole. Alvinczy, qui a perdu 10 000 hommes se replie, au moment où Vaubois est battu par Davidovitch.
ANALYSE DES IMAGES
Bacler d’Albe a représenté la soirée du 17 novembre 1796. Dans le livret du Salon de 1804, il explique le tableau de droite à gauche : Bonaparte recevant la nouvelle du succès de l’assaut de la 32e demi-brigade (corps d’Augereau), Berthier chef d’état-major ordonnant de faire soigner les blessés, le général Robert, ancien de la prise de la Bastille, blessé à mort et, à gauche sur la jetée, Masséna repartant à l’assaut. De nombreux détails de soldats blessés ou distribuant des cartouches traduisent des situations vécues par Bacler d’Albe, futur général directeur du Dépôt de la guerre, alors capitaine dessinateur à l’armée d’Italie. Le centre du tableau montre évidemment le pont de bateaux construit par les pontonniers d’Andréossy écroulé à plusieurs reprises. Mais le peintre n’a pas omis de représenter dans le lointain Arcole en flammes, avec le fameux pont si durement défendu par les Croates de l’armée autrichienne, ainsi que les troupes d’Augereau achevant de repousser l’ennemi. Cet épisode si célèbre de la bataille est ici devenu secondaire, Bacler d’Albe ayant choisi de représenter l’ensemble du champ de bataille, avec dans le fond la retraite autrichienne. Artiste topographe, le peintre a repris la formule que son ami Lejeune, dessinateur attaché à l’état-major de Berthier, a inaugurée avec la Bataille de Marengo du Salon de 1801 (musée de Versailles). Il s’agissait d’étendre à la grande peinture les petites représentations commandées par le Dépôt de la guerre. Ce fut l’une des origines de la peinture militaire sous l’Empire, face aux représentations plus traditionnelles montrant le souverain victorieux, sans que l’on voie rien de la bataille, genre dans lequel s’illustra Gros en particulier. Denon, directeur du musée Napoléon, a remarqué que « la disposition en [de ce tableau] est claire et présentée de manière que l’on voit non seulement l’action du troisième jour, mais encore le mouvement des deux jours précédents ». En effet, comme Lejeune, Bacler d’Albe a tenté de représenter l’ensemble des mouvements de troupes en une seule image, induisant ainsi un parcours de lecture interne à la composition.
INTERPRÉTATION
Dans l’esprit du public, la bataille d’Arcole se résume à la tentative de Bonaparte pour passer le pont en brandissant un drapeau : plusieurs peintures ont montré cet épisode, portrait par Gros (musée de Versailles), attaque du pont par Horace Vernet (collection particulière). Le sujet a aussi été peint par Thévenin, qui a plutôt montré Augereau suivi du célèbre « tambour d’Arcole », André Estienne (Salon de 1798, musée de Versailles). Car plusieurs généraux agirent de même en cette journée du 15 novembre, dont Augereau et Lannes. C’est le mérite de Bacler d’Albe que d’avoir montré l’ensemble de la bataille comme un historien et non comme un héraut de la renommée d’un général. Le public a d’ailleurs très vite oublié le rôle d’Augereau pour ne retenir que celui du général en chef, et même les efforts des historiens pour restituer la vérité n’ont pu faire oublier l’action de Bonaparte.
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