LE FORT DE DOUAUMONT, LIEU D'HISTOIRE, SITE DE MÉMOIRE
CONTEXTE HISTORIQUE
Douaumont en 1916, un résumé de la bataille de Verdun
Douaumont, clef de voûte du réseau de fortifications de la région de Verdun et point d’observation exceptionnel, est pris par les Allemands le 25 février 1916, au tout début de leur grande offensive. L’événement a immédiatement un retentissement considérable, tant la propagande allemande s’emploie à en faire une victoire décisive. Du côté français, une gêne persiste : le fort qui en cours de désarmement depuis 1915 a été pris quasiment sans résistance par une simple avant-garde allemande. Cette information n’ayant pas été préalablement donnée au public, les dirigeants français se voient d’abord dans l’obligation d’atermoyer quant à l’étendue du succès allemand. Mais une impérieuse nécessité va par suite voir le jour : reprendre à tout prix ce fort, demeuré un « bastion » dans les esprits. Cette volonté de contrer les succès allemands, tant du point de vue militaire que psychologique, explique, bien plus que leur valeur opérationnelle, l’acharnement mis à recouvrer ces fortifications.
Après une première tentative infructueuse fin mai, Douaumont est finalement reconquis par les Français le 24 octobre 1916, réussite suivie de peu par la réoccupation du fort de Vaux (2 novembre), situé non loin, et lui aussi tombé entre les mains allemandes après des combats acharnés. A ce stade, la boucle est bouclée, la grande bataille s’achève sur un retour au statu quo de départ entre les armées ennemies, à ceci près que chacune se trouve diminuée de centaines de milliers d’hommes tués ou blessés.
Douaumont, clef de voûte du réseau de fortifications de la région de Verdun et point d’observation exceptionnel, est pris par les Allemands le 25 février 1916, au tout début de leur grande offensive. L’événement a immédiatement un retentissement considérable, tant la propagande allemande s’emploie à en faire une victoire décisive. Du côté français, une gêne persiste : le fort qui en cours de désarmement depuis 1915 a été pris quasiment sans résistance par une simple avant-garde allemande. Cette information n’ayant pas été préalablement donnée au public, les dirigeants français se voient d’abord dans l’obligation d’atermoyer quant à l’étendue du succès allemand. Mais une impérieuse nécessité va par suite voir le jour : reprendre à tout prix ce fort, demeuré un « bastion » dans les esprits. Cette volonté de contrer les succès allemands, tant du point de vue militaire que psychologique, explique, bien plus que leur valeur opérationnelle, l’acharnement mis à recouvrer ces fortifications.
Après une première tentative infructueuse fin mai, Douaumont est finalement reconquis par les Français le 24 octobre 1916, réussite suivie de peu par la réoccupation du fort de Vaux (2 novembre), situé non loin, et lui aussi tombé entre les mains allemandes après des combats acharnés. A ce stade, la boucle est bouclée, la grande bataille s’achève sur un retour au statu quo de départ entre les armées ennemies, à ceci près que chacune se trouve diminuée de centaines de milliers d’hommes tués ou blessés.
ANALYSE DES IMAGES
Tableaux de l’armée française en majesté
Le tableau de Chartier nous plonge a u cœur de la mêlée, pour donner à voir les héros en action tout près des murailles du fort. Les soldats français attaquent bravement, forment bloc baïonnette au canon, cernés par un cadre de fumée en forme de losange. On se bat aussi à la grenade, tel ce blessé au centre du tableau qui, tête bandée et genou à terre, cherche dans sa besace les précieux projectiles. Le corps-à-corps est souvent de mise, à coups de crosse ou à mains nues. A l’extrême-gauche, un Français égorge même un Allemand avec un couteau. Le tableau présente ainsi un large panel des violences de guerre en 1914-1918, en s’appesantissant toutefois sur les plus marginales : le feu a atteint infiniment plus d’hommes que les poignards de tranchées. Le peintre nous montre aussi des morts, dont un Allemand au premier plan à gauche, ainsi qu’un Français roux venant juste d’être touché (coin en haut à gauche), dont le casque saute sous l’impact. La seconde lithographie est une représentation tout aussi romantique de la même attaque, mais à un autre moment, celui de la victoire finale. Les ruines du fort (le nom est écrit à côté du mort allemand) servent de socle à un porte-drapeau exalté, dont la pose triomphante, torse bombé, préfigure les statues des monuments aux morts les plus patriotiques. L’élément essentiel ici est la présence de soldats coloniaux, lesquels ont effectivement joué un rôle primordial dans ces affrontements : « en 1916, les tirailleurs algériens et sénégalais sont considérés comme des troupes de choc dont l’efficacité est éprouvée sur la somme et surtout à Verdun, dans la reprise du fort de Douaumont » (Marc. MICHEL in Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918 p. 343).
Le tableau de Chartier nous plonge a u cœur de la mêlée, pour donner à voir les héros en action tout près des murailles du fort. Les soldats français attaquent bravement, forment bloc baïonnette au canon, cernés par un cadre de fumée en forme de losange. On se bat aussi à la grenade, tel ce blessé au centre du tableau qui, tête bandée et genou à terre, cherche dans sa besace les précieux projectiles. Le corps-à-corps est souvent de mise, à coups de crosse ou à mains nues. A l’extrême-gauche, un Français égorge même un Allemand avec un couteau. Le tableau présente ainsi un large panel des violences de guerre en 1914-1918, en s’appesantissant toutefois sur les plus marginales : le feu a atteint infiniment plus d’hommes que les poignards de tranchées. Le peintre nous montre aussi des morts, dont un Allemand au premier plan à gauche, ainsi qu’un Français roux venant juste d’être touché (coin en haut à gauche), dont le casque saute sous l’impact. La seconde lithographie est une représentation tout aussi romantique de la même attaque, mais à un autre moment, celui de la victoire finale. Les ruines du fort (le nom est écrit à côté du mort allemand) servent de socle à un porte-drapeau exalté, dont la pose triomphante, torse bombé, préfigure les statues des monuments aux morts les plus patriotiques. L’élément essentiel ici est la présence de soldats coloniaux, lesquels ont effectivement joué un rôle primordial dans ces affrontements : « en 1916, les tirailleurs algériens et sénégalais sont considérés comme des troupes de choc dont l’efficacité est éprouvée sur la somme et surtout à Verdun, dans la reprise du fort de Douaumont » (Marc. MICHEL in Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918 p. 343).
INTERPRÉTATION
Un lieu mis en mémoire
« Quel bel esprit que cet esprit de France. Oui, ce sont ses fils qui sont ici rassemblés ; car il y a des hommes des campagnes de Normandie ; des ciels ensoleillés et des orangeraies de la Côte d’Azur ; des coteaux chargés de vignes des Pyrénées ; mais certains viennent de plus loin encore ; car voici Abdallah, de la lointaine Tunis et voici Bamboula, du Sénégal » (Sœur S.M. EDWARDS, citée par Malcolm BROWN, Verdun 1916, p. 193). Ce témoignage d’une infirmière officiant dans le secteur de Douaumont à l’automne 1916 est éclairant, au-delà des lieux communs racistes de l’époque, sur le sens de la bataille de Verdun aux yeux des Français de l’époque. Du fait de la rotation continue des troupes mise en place par Pétain (la « noria ») la plupart des unités de l’armée française sont allées s’y battre. Verdun a donc constitué un moment d’accomplissement du devoir citoyen particulièrement intense, et cette raison a contribué à l’installer durablement dans la mémoire, officielle autant que familiale, de la Grande Guerre. Victoire défensive Verdun est aussi certainement le moment de la guerre le plus aisément endossable par l’Etat français, ce qui explique aussi pourquoi c’est ce nom qui a fleuri et fleurit encore dans les discours politiques et les manuels scolaires, et non celui du Chemin des Dames ou des offensives meurtrières et inutiles de 1915. Douaumont, bataille dans la bataille, est devenu après-guerre le lieu du célèbre ossuaire, lieu encore aujourd’hui emblématique de 14-18.
« Quel bel esprit que cet esprit de France. Oui, ce sont ses fils qui sont ici rassemblés ; car il y a des hommes des campagnes de Normandie ; des ciels ensoleillés et des orangeraies de la Côte d’Azur ; des coteaux chargés de vignes des Pyrénées ; mais certains viennent de plus loin encore ; car voici Abdallah, de la lointaine Tunis et voici Bamboula, du Sénégal » (Sœur S.M. EDWARDS, citée par Malcolm BROWN, Verdun 1916, p. 193). Ce témoignage d’une infirmière officiant dans le secteur de Douaumont à l’automne 1916 est éclairant, au-delà des lieux communs racistes de l’époque, sur le sens de la bataille de Verdun aux yeux des Français de l’époque. Du fait de la rotation continue des troupes mise en place par Pétain (la « noria ») la plupart des unités de l’armée française sont allées s’y battre. Verdun a donc constitué un moment d’accomplissement du devoir citoyen particulièrement intense, et cette raison a contribué à l’installer durablement dans la mémoire, officielle autant que familiale, de la Grande Guerre. Victoire défensive Verdun est aussi certainement le moment de la guerre le plus aisément endossable par l’Etat français, ce qui explique aussi pourquoi c’est ce nom qui a fleuri et fleurit encore dans les discours politiques et les manuels scolaires, et non celui du Chemin des Dames ou des offensives meurtrières et inutiles de 1915. Douaumont, bataille dans la bataille, est devenu après-guerre le lieu du célèbre ossuaire, lieu encore aujourd’hui emblématique de 14-18.