Par Jean-Marc Châtaigner,Hervé Magro
Pour la première fois, un ouvrage collectif destiné à un public
francophone examine la question méconnue des " Etats fragiles " qui,
tout en s'imposant dans les relations internationales, reste souvent
confondue avec les concepts plus datés " d'Etat effondré " ou " d'Etat
failli ". La fin de la guerre froide s'est accompagnée d'un nouveau
désordre international. Le concept " d'État fragile ", malgré son flou
et ses limites, permet d'explorer des pistes nouvelles sur le rôle-clé
de l'Etat dans ses fonctions régulatrices et stabilisatrices,
réhabilitées après deux décennies de dérégulation politique et
économique. Derrière les appareils étatiques se cachent aussi des
sociétés fragiles, incapables de faire face aux défis de la
globalisation et qui souffrent de la diffusion des " maux publics
mondiaux " (trafics d'armes, de drogue, de matières premières...). La
solidarité internationale prend alors un sens nouveau, dépassant ses
missions classiques de développement économique ou de lutte conte la
pauvreté. Ce livre pluridisciplinaire rassemble des contributeurs venus
d'horizons très divers, soulignant la complexité de ce nouveau champ de
la réflexion et de l'action internationales, au croisement de l'après 11
septembre et d'évolutions théoriques fondamentales sur les liens entre "
sécurité " et développement. Elle illustre aussi l'intensité du débat
international qui ne peut être laissé au monopole de la pensée des
seules universités et " think tanks " anglo-saxons, aussi riche soit
leur contribution. Cet ouvrage n'est donc pas une nouvelle tentative
pour définir des méthodes qui permettraient de réorganiser les Etats
selon des modèles standards, imposés de l'extérieur. L'échec de l'Irak,
comme les difficultés rencontrées en Afghanistan ou en République
démocratique du Congo, sont là pour montrer les limites de cette
approche. Il insiste au contraire sur la diversité des solutions et la
nécessité de s'appuyer sur les ressources des acteurs locaux pour les
aider à construire leurs propres modèles de gouvernance. Son objet
principal est bien de favoriser le passage de la recherche à l'action,
dans l'intérêt commun des populations et des administrations des pays
partenaires comme des praticiens du développement.