Rechercher dans ce blog

jeudi 27 octobre 2016

Napoléon et le surnaturel : entre prophéties et prémonitions mortelles !

Napoléon et le surnaturel : entre prophéties et prémonitions mortelles

Qui n’a pas entendu parler de Napoléon 1er, cet Illustre personnage dont la célébrité n’est pas sans concurrencer celle de Jésus-Christ ?
Y a t-Il un quelconque endroit sur cette Terre où son nom ne soit pas parvenu ? Déjà, en 1829, la renommée du « Grand Homme », comme l’appelait le Capitaine Colgnet, avait atteint les antipodes de la France, ainsi que put le constater, avec surprise, le naturaliste d’Orbigny qui, en pleine exploration de la Patagonie, fut accueilli par ces paroles d’un grand chef Inca : « Permets que je t’embrasse, puisque tu as vu ce demi-dieu, puisque tu lui as parlé ».
Il n’est donc pas un seul être sur cette Terre qui n’ait entendu parler de celui qui surpassa, par son génie, les « César, et autre « Hannibal ».

On raconte que, depuis sa mort survenue le 5 mai 1821, on a vu paraître, chaque jour, un nouveau livre sur le « Petit Caporal ». Napoléon 1er devrait, par conséquent, être la figure historique la mieux connue qui soit. Mais est-ce vraiment le cas ?
Chacun croit le connaître et se permet de le juger, tantôt en le condamnant à porter le titre de dictateur, tantôt en lui reconnaissant une semi-divinité que lui-même aurait reniée.

Ce qui est sûr, c’est qu’il ne laisse personne indifférent. Détesté par les uns, adulé par les autres, il peut, toutefois, faire le consensus sur un point : la complexité de sa personne.
Ainsi que l’a écrit Léon Bloy (écrivain maudit né en 1846) :
« En réalité, Napoléon nous est peut-être moins connu qu’Alexandre ou Sennachérib. Plus on l’étudie, plus on découvre qu’il est l’homme à qui nul ne ressembla et c’est tout. Voici le gouffre. J’ai beaucoup étudié cette histoire… et j’ai fini par sentir que j’étais en présence d’un des mystères les plus redoutables de l’histoire… Quand j’avais douze ans … je sentais déjà et je n’ai jamais cessé de sentir en lui le Surnaturel. »
Le « Surnaturel », le mot est lâché et c’est sans doute celui qui qualifie le mieux l’homme dont le destin n’a été à nul autre pareil. Quel destin, en effet, que celui de « l’Empereur ».
Destin qui semble avoir été écrit d’avance, comme l’a, d’ailleurs, reconnu Maître Philippe de Lyon, puisque ce dernier n’a pas hésité à classer Napoléon 1er parmi les trois personnages prédestinés de ce monde, avec Jeanne d’Arc et Victor Hugo.
Et, ainsi que nous allons le voir, cette « prédestination » n’est pas une simple parole lancée en l’air, mais trouve son fondement même dans l’annonciation qui avait été faite de Napoléon Bonaparte.
Prophéties et prédictions
Le plus célèbre des astrologues Nostradamus, médecin de son état, écrivit, en 1550, ses fameuses centuries, dont quelques quatrains ne furent pas sans rappeler l’auguste personne de l’Empereur. En voici un extrait :
« Un Empereur naîtra près d’Italie
Qui a l’Empire sera vendu bien cher …
De la cité marine et tributaire
La tête rase prendra la satrapie …
Par quatorze ans tiendra la tyrannie.
De soldat simple parviendra en Empire,
De robe courte parviendra à la longue,
Vaillant aux armes, en Église ou plus pire,
Vexer les prêtres comme l’eau fait l’éponge ».

Néanmoins, il faut bien reconnaître que l’interprétation des centuries a toujours prêté à caution. Car il est bien facile de faire dire ce que l’on veut à des vers obscurs, après que l’histoire se soit déjà déroulée.
Il en va tout autrement de la prophétie de Philippe-Noël Olivarius, rédigée huit ans plus tôt, soit en 1542.
C’est en 1793 que l’ouvrage d’Olivarius réapparut miraculeusement, après que l’on eut réuni dans une
grande salle parisienne les livres provenant du pillage des bibliothèques des maisons royales et de quelques monastères.
François de Metz, alors secrétaire général de la Commune de Paris, procédait au tri, lorsque son attention fut attirée par un petit in-douze intitulé « Livre de Prophéties » composé par Philippe-Noël Olivarius, docteur en médecine, chirurgien et astrologue.
Intrigué par le titre, François de Metz se mit en devoir de lire l’ouvrage d’Olivarius, mais n’en comprit pas le sens, comme il devait l’avouer, un peu plus tard, à sa fille.
Toutefois, ayant eu sans doute le sentiment, pour ne pas dire le pressentiment, de l’importance de ce livre, il prit la précaution d’en faire réaliser plusieurs copies, et conserva l’original pour lui.

En 1804, ce même original tomba entre les mains de Napoléon 1er, quelque temps après le sacre. Après l’avoir lu, il le remit à Joséphine, en lui précisant : « tiens, il paraît qu’on y parle de moi ».
Et voici ce que Joséphine, médusée, put y lire :
« La Gaule itale verra naître, non loin de son sein, un être surnaturel ; cet homme sortira tout seul de la mer, viendra prendre langue et moeurs chez les celtes gaulois, s’ouvrira, encore jeune, à travers mille obstacles, chez les soldats, un chemin, et deviendra leur premier chef.
Ce chemin sinueux lui baillera force, peine ; s’en viendra guerroyer près de son natal pays par un lustre et plus. Outre-mer sera un guerroyant avec grande gloire et valeur, et guerroiera de nouveau le monde romain.
Donnera lois aux Germains, pacifiera troubles et terreurs aux gaulois celtes, et sera ainsi nommé, non roi, mais imperator, par grand enthousiasme populaire.

Batailleur partout dans l’empire, il déchassera princes, seigneurs, rois, par deux lustres et plus. Sera vu avec une armée forte de 49 fois 20.000 hommes, piétons armés qui porteront armes à cornets de fer… portera à dextre main un aigle, signe de la victoire à guerroyer.

Il s’en viendra dans la grande ville, ordonnant force grandes choses, édifices, ports de mer, aqueducs, canaux ; il fera à lui tout seul, autant que les Romains. Il aura femme par deux, et fils un seul.

S’en ira guerroyant jusqu’où se croisent les lignes longitude et latitude. Là, ses ennemis brûleront la grande ville. Lui y entrera et sortira avec tes siens de des sous les cendres et les ruines.
Les siens n’ayant plus ni pain ni eau, par grande froidure, seront si mal que les deux tiers de son armée périront. Puis le grand homme abandonné, trahi par ses amis, sera pourchassé à son tour à grande perte jusque dans sa propre ville, par les grandes populations européennes. À sa place, sera mis le vieux roi de la Cape.
Quant à fui, il est contraint à l’exil dans la mer d’où il est venu si jeune, et près de son sol natal. Il y demeurera onze lunes avec quelques-uns des siens, vrais amis et soldats.

Aussitôt les onze lunes achevées, lui et les siens prendront un navire et viendront mettre pied sur la terre gauloise. Et il cheminera vers la grande ville où s’est assis le vieux de la cape qui se lève, fuit, emportant avec lui les ornements royaux.
Chassé de nouveau par une trinité de populations européennes après trois tunes et tiers de lune. On remet à sa place le vieux roi de la Cape. Enfin, il dicte des conseils souverains à toutes les nations et à tous tes peuples et il meurt. »
Ceux qui connaissent bien l’histoire, peuvent retrouver dans ce texte (écrit en 1542, ne l’oublions pas) les événements les plus marquants de la vie de Napoléon :
– l’enfant quittant la Corse pour aller étudier en France, la première campagne d’Italie, la campagne d’Égypte, la seconde campagne d’Italie, la rédaction du Code civil, l’accession au titre d’Empereur, les batailles victorieuses en Europe, la mise en place de grands travaux publics, son mariage avec Joséphine et Marie-Louise, la naissance de l’Aiglon, l’incendie de Moscou, la retraite de Russie, la campagne de France, l’arrivée de Louis XVIII, l’exil puis le retour de l’île d’Elbe, Waterloo et l’exil à Sainte-Hélène.
La campagne de Russie de juin à décembre 1812, la première grande défaite de Napoléon. De gauche à droite : la bataille de Borodino, le grand feu de Moscou, l’arrière-garde dirigée par le Maréchal Ney, les traînards de la Grande Armée.
On ne pouvait faire meilleur résumé. Le « prédestiné » allait également hanter les songes du roi de Prusse, le Grand Frédéric II, ainsi que semble en attester le rêve que fit ce monarque un certain 15 août 1769.
Il est six heures du matin, dans le château de Breslau, lorsque Frédéric II fait appel à son astrologue pour lui conter le songe particulièrement troublant qu’il vient de faire :
« Asseyez-vous et écoutez-moi. J’ai fait cette nuit un curieux rêve et j’aimerais que vous me l’expliquiez. Je voyais l’étoile de mon royaume briller au ciel, lumineuse et resplendissante. J’admirais son éclat, sa hauteur, lorsque soudain parut, au-dessus, une autre étoile qui éclipsa la mienne en s’abaissant sur elle.
Il y eut lutte; je les vis, un instant, confondre leurs rayons, et mon étoile, obscurcie, enveloppée par l’orbite de l’autre, descendit jusqu’à terre, comme opprimée sous une force qui semblait devoir l’éteindre et l’anéantir. À votre avis, que peut signifier ce songe ? »
Frédéric II (1712-1786), âgé de 68 ans, par Anton Graff

Et l’astrologue de répondre, sur un ton embarrassé :
« Je pense qu’un grand homme de guerre est né ou que la Prusse sera dominée par une puissance invisible. »
Or, le 15 août 1769, naissait à Ajaccio un bébé du nom de … Napoléon Bonaparte !
Joséphine de Beauharnais, quant à elle, ne fit point de songe, mais consulta des voyants qui allaient lui révéler des choses non moins troublantes.
Alors qu’elle n’était qu’une enfant et qu’elle habitait encore la Martinique, une vieille femme lui prédit qu’elle serait « plus que reine ».
Bien plus tard, un bohémien lui révéla, dans le marc de café, le destin de son époux, simple général à l’époque :
« victoires fulgurantes, seigneur des lois, honneurs suprêmes, île hostile, honneurs pour les familiers, divorce, noces impériales, lutte contre un grand ours, froid et frayeur, triomphe bref, île, poison. »
Enfin, et pour en terminer avec les prédictions, il nous faut encore rappeler cet épisode prenant place lors de la campagne d’Égypte, dans la ville du Caire, où le général Bonaparte, arpentant alors les rues de la capitale égyptienne, fut interpellé par une vieille femme qui s’offrit à lui révéler son avenir.

Sans même attendre sa réponse, la diseuse de bonne aventure tira cet horoscope d’une petite pyramide de coquillages aux couleurs variées :
« Tu auras deux femmes, tu en répudieras une à grand tort ; ce sera la première. La seconde ne lui sera point inférieure par ses grandes qualités. Elle te donnera un fils. Peu après, commenceront contre toi de sourdes intrigues. Tu cesseras d’être heureux et puissant.
Tu seras renversé dans toutes tes espérances. Tu seras chassé par la force et relégué sur une terre volcanisée, entourée de mers et d’écueils. Garde toi de compter sur la fidélité de tes proches, ton propre sang doit s’élever contre ta domination. »
Voilà, peut-être, la raison pour laquelle Napoléon tarda tant à répudier Joséphine.

Joséphine de Beauharnais (1763-1814)
L’initiation en Égypte
Puisque nous sommes en Égypte, nous allons y rester, car c’est dans ce pays que Napoléon avait rendez-vous avec le merveilleux. L’on raconte, notamment, que c’est là-bas qu’il rencontra le Comte de Saint-Germain, censé être décédé depuis 1784.
Le comte, paraissant en bonne santé et n’avoir nullement souffert des affres du temps, aurait prédit au futur empereur sa grandeur et sa chute.
Mais bien plus extraordinaire fut, pour Napoléon, la visite de la Grande Pyramide. S’étant, un jour, élevé à bord d’une montgolfière, afin de pouvoir repérer les positions de ses ennemis commandés par Ibrahim-Bey, il fut, à son retour sur terre, considéré comme celui qui avait pu conférer avec Mahomet.
Cela lui valut de grands avantages, car, après son ascension, les Dervis, les Muphtis et autres prêtres égyptiens l’invitèrent à aller visiter la pyramide de Chéops.
Le 12 août 1799, au soir, l’Imam Mohammed conduisit donc le jeune général en chef jusqu’à la Grande Pyramide de Gizeh. Après avoir pénétré à l’intérieur, ils arrivèrent jusqu’à la chambre du Roi, où Bonaparte demanda à être laissé seul. On sait qu’il y passa la nuit entière.

Au petit matin du 13 août, les hommes composant son état-major commencèrent à s’inquiéter suffisamment pour prendre le risque de désobéir aux ordres et s’apprêtèrent à rentrer dans la pyramide, afin d’aller porter secours à leur chef. Ils avaient déjà mis la main sur leurs sabres, lorsque Napoléon Bonaparte sortit enfin, très pâle, hirsute et le visage complètement défait.
Un de ses aides de camp se permit, alors, de lui demander, sur un ton facétieux, s’il avait été le témoin de quelque chose de mystérieux. Bonaparte répliqua, avec quelque brusquerie dans sa voix, qu’il n’avait rien à dire. Puis, sur un ton un peu plus doux, il ajouta qu’il ne voulait plus jamais qu’il soit fait mention de cet incident.
Bien des années plus tard, quand il fut empereur, Napoléon continua à refuser de parler de cet étrange événement survenu dans la pyramide, insinuant simplement qu’il avait reçu quelque présage de sa destinée.
Et à Sainte-Hélène, juste avant la fin, il semble qu’il fut sur le point de se confier à Las Cases, mais, au lieu de cela, il se contenta de secouer la tête, en disant : « Non. À quoi bon. Vous ne me croiriez jamais. »
Que s’est-il donc passé dans la Grande Pyramide de si terrible que le plus grand des guerriers, qui n’avait peur de rien, préféra garder le secret jusqu’au bout plutôt que de révéler une chose pour le moins extraordinaire ?
C’est Edouard Schuré, dans son livre « Les Grands Initiés » , qui nous conduit, par ses immenses connaissances, à un commencement de réponse.
En effet, lorsqu’il nous décrit l’initiation égyptienne, telle qu’elle se pratiquait au temps des pharaons, on a une idée de ce qui a pu se passer dans la fameuse « chambre du roi ».

Ceux qui souhaitaient avoir accès à la science divine, s’adressaient aux hiérophantes, prêtres présidant aux mystères d’Eieusis. Ces derniers proposaient à l’adepte de « franchir le seuil d’Osiris », c’est-à dire d’avoir accès à la « lumière ».
Mais le chemin pour y parvenir était périlleux et seule une longue initiation préparatoire pouvait amener l’adepte jusqu’à l’épreuve finale, laquelle consistait à rester couché dans un tombeau une nuit entière.
C’est au crépuscule que les prêtres d’Osiris venaient chercher l’adepte et l’accompagnaient, à l’aide de flambeaux, jusqu’à une crypte où se trouvait un sarcophage ouvert en marbre.
L’hiérophante disait alors à l’adepte :
« Aucun homme n’échappe à la mort et tout âme vivante est destinée à la résurrection. L’adepte passe vivant par le tombeau pour entrer dès cette vie dans la lumière d’Osiris. Couche-toi donc dans ce cercueil et attends la lumière. Cette nuit tu franchiras la porte de l’épouvante et tu atteindras au seuil de la Maîtrise ». 

Et voilà comment Edouard Schuré nous décrit l’ultime épreuve :
« L’adepte se couchait dans le sarcophage ouvert … L’adepte est seul dans les ténèbres, le froid du sépulcre tombe sur lui, glace tous ses membres. Il passe graduellement par les sensations douloureuses de la mort et tombe en léthargie. Sa vie défile devant lui en tableaux successifs comme quelque chose d’irréel…
Mais à mesure qu’il sent son corps se dissoudre, la partie éthérée, fluide de son être se dégage. Il entre en extase… Quel est ce point brillant et lointain qui apparaît, imperceptible sur le fond noir des ténèbres ? Il se rapproche, il grandit, il devient une étoile à cinq pointes dont les rayons ont toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et qui lance dans les ténèbres des décharges de lumière magnétique.
Maintenant c’est un soleil qui l’attire dans la blancheur de son centre incandescent… à sa place un bouton de fleur vient éclore dans la nuit, une fleur immatérielle, mais sensible et douée d’une âme. car elle s’ouvre devant lui comme une rose blanche ; elle épanouit ses pétales …

Napoléon Bonaparte contemplant une momie
Mais voici qu’elle s’évapore comme un nuage de parfums. Alors l’extatique se sent inondé d’un souffle chaud et caressant. Après avoir pris des formes capricieuses le nuage se condense et devient une figure humaine. C’est celle d’une femme, l’Isis du sanctuaire occulte, mais plus jeune, souriante et lumineuse.
Un voile transparent s’enroule en spirale autour d’elle et son corps brille à travers. Dans sa main elle tient un rouleau de papyrus. Elle s’approche doucement, se penche sur l’initié couché dans sa tombe et lui dit :  « Je suis ta soeur invisible, je suis ton âme divine et ceci est le livre de ta vie.
Il renferme les pages pleines de tes existences passées et les pages blanches de tes vies futures. Un jour, je les déroulerai toutes devant toi. Tu me connais maintenant. Appelle-moi et je viendrai! » … Mais tout se brise, la vision s’efface.
Un déchirement affreux ; et l’adepte se sent précipité dans son corps comme dans un cadavre. Il revient à l’état de léthargie consciente ; des cercles de fer retiennent ses membres ; un poids terrible pèse sur son cerveau ; il se réveille … et debout devant lui se tient l’hiérophante accompagné des mages. On l’entoure, on lui fait boire un cordial, il se lève. »
Dame Blanches et prémonitions
D’autres êtres, aussi énigmatiques, croisèrent le chemin de Napoléon 1er. Tel fut le cas de la dame blanche de Baireuth, même si cette dernière n’entra pas directement en contact avec l’Empereur.
C’est le 8 octobre 1806 que la dame blanche fit sa première apparition, devant les yeux mêmes du Prince Louis-Ferdinand de Prusse.
Agité de « sombres pressentiments » depuis cette bien curieuse rencontre, le prince devait mourir, deux jours plus tard, au combat de Saalfeld, la gorge percée d’un coup de sabre donné par le maréchal des logis Guindey, du 10ème hussards.

La mort de Louis-Ferdinand de Prusse sous le sabre du maréchal Guindey
Trois ans plus tard, Napoléon s’arrêta au château de Baireuth et se fit raconter, par le chapelain Sluter, la mésaventure survenue au général d’Espagne, dans ce lieu même, quelque temps auparavant.
Arrivé au château tard dans la soirée, le général, épuisé par sa longue journée passée à cheval, se coucha aussitôt, sans même songer à se restaurer au préalable.
Et on peut imaginer que, la fatigue aidant, il ne tarda pas à sombrer dans un profond sommeil. Durant la nuit, cependant, un cri terrifiant se fit entendre provenant de sa chambre. Pensant, sans doute, à une
agression, les officiers d’ordonnance accoururent pour porter assistance à leur général.
Mais quelle ne fut pas leur surprise en découvrant leur général évanoui au beau milieu de la pièce, et écrasé par le lit qui s’était retourné on ne sait de quelle façon.
Après avoir été dégagé de cette bien fâcheuse posture, le général fut examiné par un médecin qui lui fit une saignée et lui administra un calmant après qu’il eût repris connaissance. Étant, désormais, parfaitement conscient, le général expliqua qu’un spectre avait tenté de l’égorger, que, lors de la lutte, le lit avait été renversé, et qu’étant sur le point de succomber, il avait crié à l’aide.
Il fit également une description tout à fait précise de l’apparition, dont le visage et les yeux l’avaient particulièrement marqué. Des gens du château lui apprirent, alors, qu’il s’agissait là du portrait fidèle de la dame blanche.

À cette nouvelle, le général blêmit et s’affaissa presque sur les genoux, en murmurant :
« C’est elle. Elle m’est bien apparue ainsi. Son apparition annonce sans aucun doute ma mort prochaine. »
Ne pouvant rester dans ces lieux, le général se mit en quête d’un autre logis avant la fin de la nuit. Puis, à la pointe du jour, il envoya tout un détachement de soldats essayer de dénicher une quelconque entrée secrète dans la chambre fatidique.
Mais ils eurent beau arracher les tapisseries et défoncer les planchers, on fut obligé de reconnaître qu’aucun être ne pouvait pénétrer dans la pièce, à part, bien entendu, la fameuse dame blanche.

Au moment de son départ, et comme il franchissait la porte de la ville de Baireuth, le général d’Espagne eut ces derniers mots : 
« Ici, j’ai entendu sonner la cloche funéraire. Je mourrai bientôt. »
Effectivement, il mourut peu après, lors du combat d’Aspern (pendant la bataille d’Essling), comme le remarqua Napoléon assis devant la cheminée et dont les yeux assombris n’avaient cessé de fixer les flammes.
Cette terrible bataille d’Essling allait, du reste, être à l’origine de la disparition d’un autre grand soldat : le maréchal Lannes. Ce dernier, s’il n’avait eu à affronter la redoutable dame blanche, fit, néanmoins, un rêve prémonitoire la veille même de la bataille.

Cadet de Gassicourt, pharmacien ordinaire de l’Empereur, rapporte que le Maréchal s’était confié à lui en ces termes : 
« J’ai eu cette nuit un rêve étrange, cette bataille sera pour moi la dernière. »
Un discours à peu près similaire fut tenu au docteur Lannefranques, un de ceux qui ont donné leurs soins au duc de Montebello, lorsque le maréchal, étant monté à cheval pour se rendre à l’île Lobau, s’arrêta, prit et serra la main du docteur tout en lui disant, avec un petit sourire triste :
« Au revoir, vous ne tarderez probablement pas à venir me retrouver ; il y aura de la besogne aujourd’hui pour vous, et pour ces messieurs, ajouta-t-il en montrant plusieurs chirurgiens et pharmaciens qui se trouvaient avec le docteur.
M. le duc, répondit M. Lannefranques, cette journée ajoutera encore à votre gloire. – Ma gloire ! interrompit
vivement le maréchal. Tenez, voulez-vous que je vous parle franchement : je n’ai pas une bonne idée de cette affaire ; au reste quelle qu’en soit l’issue, ce sera ma dernière bataille. »
À 6 heures du matin, le maréchal reçut un boulet qui lui fracassa la cuisse droite et la rotule du genou gauche. Quelques jours plus tard, et malgré tous les soins apportés par le corps médical, il mourut emporté par la fièvre.
Un autre officier de talent, le général Lasalle, allait disparaître peu après, lors de la bataille de Wagram. Fait extraordinaire, il eut, lui aussi, la prémonition de sa mort, ainsi qu’en attestent les paroles mêmes de Napoléon :
« Lasalle, au milieu de la nuit, m’écrivait du bivouac, sur le champ de bataille de Wagram, pour me demander de signer sur l’heure le décret de transmission de son titre et de son majorat de comte au fils de sa femme, parce qu’il sentait sa mort dans la bataille du lendemain, et le malheureux avait raison. »

La bataille de Wagram en Autriche les 5 et 6 juillet 1809 qui verra une victoire française décisive
Il semble que ce sentiment prémonitoire d’une mort certaine ait affecté plus d’un officier supérieur de l’époque. Plusieurs autres cas ont, en effet, été signalés, dont celui du commandant de la Garde Impériale : le maréchal Bessières.
À la veille de la bataille de Lützen, celui qui « avait vécu comme Bayard et mourut comme Turenne » ; selon les propres mots de Napoléon, ne se sentait pas très bien et refusait de prendre son petit déjeuner.
Devant l’insistance de son entourage, il finit, néanmoins, par accepter :
« Au fait, si un boulet de canon doit m’enlever ce matin, je ne veux pas qu’il me prenne à jeun ! »
Après s’être alimenté, il brûla les lettres de sa femme, puis s’en alla rejoindre Ney à la sortie du village de Rippach. Le premier boulet ennemi emporta la tête de son ordonnance qui le suivait. Quant au second projectile, il traversa le maréchal de part en part après avoir ricoché.
Sans doute l’Empereur eut-il la vision instantanée de la mort de son fidèle ami, car, comme il le disait lui-même :
« Lorsque la mort frappe au loin une personne qui nous est chère, un pressentiment annonce presque toujours l’événement, et celui que la mort frappe nous apparaît au moment de sa perte. »

L’homme noir
Cette parenthèse sur les prémonitions étant achevée, il est temps de revenir à nos personnages mystérieux.
Après le petit homme rouge des Tuileries et la dame blanche de Baireuth, une créature non moins inquiétante va s’imposer dans l’histoire napoléonienne : l’homme noir de Fontainebleau. 
Cinq ans avant les fameux « adieux », l’homme noir était apparu à une habitante de la cité Seine-et-Marnaise et l’avait forcée à remettre un message à l’Empereur.
Alors que ce dernier se promenait dans le parc du château de Fontainebleau, en compagnie de Berthier, la femme se présenta à eux et révéla, au premier, sa destinée, et au second, sa mort violente (Berthier mourut en terre étrangère, juste avant la bataille de Waterloo, après être tombé du haut d’un balcon, sans doute quelque peu aidé dans cet accident plus que suspect).

De gauche à droite : le maréchal Bessières, Fesch l’oncle de Napoléon, le maréchal Lannes, Edouard Schuré, Saint-Germain, et le roi de Prusse, Frédéric Il.
Par la suite, l’homme noir fit lui-même une apparition dans la cour du Château, lors des adieux de l’Empereur. L’horloge venait de sonner onze heures, lorsque la Garde Impériale, médusée, vit passer devant elle un homme vêtu de noir et dont il était impossible de distinguer le moindre trait.
Son passage fut si rapide que personne n’eut seulement l’idée d’arrêter cette « ombre ». À noter qu’un homme noir s’était déjà présenté à Henri IV, dans un carrefour de la forêt de Fontainebleau, nommé, depuis, la Croix du Grand Veneur.
Conclusion
D’autres mystères, encore, entourèrent Napoléon. Faute de pouvoir les citer tous ici, on signalera, cependant:
– Ce jour de 1809, où l’Empereur séjournant alors dans le château de Schënbrunn, se sentit mal à l’aise à la vue d’une pendule, la même pendule qui sonnera l’heure de la mort de l’Aiglon. Et Napoléon de dire à son entourage : « On étouffe ici ! »
– Ces mots inscrits de la main même du jeune Bonaparte, sur un cahier inachevé et abandonné dans la mansarde du quai Conti : « Ste Hélène petite isle » ; comme si Napoléon Bonaparte avait eu une vision de sa fin, plusieurs décennies avant.

– Et l’incorruptibilité du corps de Napoléon attestée par plusieurs témoins : pour le retour des cendres, lorsqu’on exhuma son cadavre à Sainte-Hélène, la décomposition ne l’avait pas atteint et sa dépouille était encore intacte, bien qu’elle ne fût pas embaumée.
Au vu de tout ce qui précède, force est de reconnaître que le destin de Napoléon ne fut pas celui du commun des mortels. Il faut savoir, notamment, qu’il risqua la mort dans 635 combats et 85 batailles rangées, du pont d’Arcole au dernier carré de Waterloo, qu’il eut 18 chevaux blessés ou tués sous lui, mais que la grande faucheuse ne voulut jamais de lui à ces moments-là.

Et jusqu’au personnage, lui-même, d’avoir été exceptionnel. L’impression qu’il produisait sur ses contemporains était proprement phénoménale.
Dans ses mémoires, le général baron Thiébault reconnaît avoir approché les plus grands souverains de l’Europe, mais qu’aucun d’eux n’a produit sur lui un effet qu’il puisse comparer à celui que l’on éprouvait lorsqu’on paraissait devant cet être colossal.
Enfin, reste le mystère de son « immortalité » ; ce nom, « Napoléon », dont la célébrité ne s’est pas estompée avec les siècles et qui continuera, sans doute, très longtemps à hanter la mémoire collective de notre monde.
Seul Chateaubriand, dans ses « Mémoires d’Outre-Tombe » a su exprimer ce formidable ascendant sur les consciences, et c’est donc à lui que nous laisserons les mots de la conclusion :
« Après avoir subi le despotisme de sa personne, il nous faut subir le despotisme de sa mémoire. Ce dernier despotisme est plus dominateur que le premier, car si l’on combattait quelquefois Napoléon alors qu’il était sur le trône, il y a consentement universel à accepter les fers que, mort, il nous jette. Aucune puissance légitime ne peut plus chasser de l’esprit de l’homme le spectre usurpateur. »
Source : Pascal Cazottes/Top Secret N°28

Le rêve caché d’Hitler !

 Le rêve caché d’Hitler : s’emparer des ultimes secrets de la franc-maçonnerie 


Une page de l’histoire de la seconde guerre mondiale est restée ignorée jusqu’à peu. Le régime de Vichy, dès le 17 septembre 1941, sous la signature du Maréchal Pétain, mandate l’Administrateur général de la Bibliothèque Nationale, Bernard Faÿ de “rechercher, de réunir, de conserver et d’éditer tous les documents maçonniques”.
Ce décret va déclencher, en lien avec l’autorité allemande, l’organisation d’une gigantesque opération portant le nom de code de Brabant et qui va aboutir au transfert par camions et trains entiers d’une grande partie des archives secrètes de la franc-maçonnerie française.

Destination première : Berlin. Objectif des services nazis : trouver la formule de la pierre philosophale, les 
rituels magiques de théurgie et les secrets des Hyperboréens.
La haine antimaçonnique de Vichy se traduit par la promulgation des lois du 13 août 1940 interdisant les “sociétés secrètes”.
Le terme de “sociétés secrètes” a été utilisé volontairement dans la création des lois pour dénigrer les loges maçonniques, ainsi que toute organisation initiatique pouvant constituer un contre pouvoir, comme par exemple la société Théosophique.
La position du Maréchal Pétain au regard de la franc-maçonnerie est nette. Alors qu’il préside le dernier gouvernement de la IIIème République, il oblige son vice-président Camille Chautemps à démissionner de l’institution maçonnique.
Ce dernier refuse et interroge le maréchal sur ses convictions à l’égard des loges. Philippe Pétain répond : “Je sais seulement que c’est une société dont tout le monde me dit qu’elle fait beaucoup de mal à mon pays”.
Plus tard il ajoute “Un juif n’est jamais responsable de ses origines ; un franc-maçon l’est toujours de ses choix”.
Affiche de propagande antimaçonnique et antisémite du gouvernement de Vichy
Le ton est donné ; antisémitisme et “antimaçonnisme” sont associés et deviennent un credo officiel de cette
époque trouble. Ce qui explique, pour partie, la discrétion qu’entretient toujours au XXIème siècle la franc-maçonnerie.
———————–

Chronologie de la Franc-maçonnerie

– 24 juin 1717, naissance officielle de la maçonnerie moderne, avec la fondation de la Grande Loge de Londres.
 1723, James Anderson rédige le Livre des Constitutions, ouvrage de référence de la maçonnerie.
– 1738, naissance de la Première Grande Loge de France.
 1773, formation du Grand Orient de France.
– 1877, le Grand Orient de France supprime de sa Constitution l’obligation de croire en Dieu.
– 1893, création de la Fédération française du Droit Humain, d’obédience mixte.
– 1894, création de la Grande Loge de France.
– 1913, création de la Grande Loge Nationale Française.
– 13 août 1940, loi portant interdiction des associations secrètes.
– Novembre 1940, Bernard Faÿ, administrateur de la Bibliothèque nationale sous le gouvernement de Vichy, est chargé d’inventorier les archives maçonniques.
– 1952, création de la Grande Loge Féminine de France.
– 1973, création de la Grande Loge Mixte Universelle.
– 1983, création de la Grande Loge Mixte de France.
———————–
Dès août 1940, la chasse aux franc-smaçons s’organise. Le ministre Pierre Pucheu décide de faire publier les noms des quatorze mille francs-maçons dans le Journal officiel. Quant aux fonctionnaires, ils doivent signer un document officiel dans lequel ils déclarent n’avoir jamais fait partie de la maçonnerie.
Des centaines de fonctionnaires doivent démissionner. La persécution n’est pas le seul fait de l’Etat français. Les allemands arrêtent, le 17 août 1940, le frère Gloton, directeur du journal maçonnique La chaîne d’union (qui existe toujours aujourd’hui). Il est retenu trois semaines à la prison de Fresnes.
Toutes ses archives sont saisies. Les locaux du Grand-Orient, rue Cadet sont occupés par le service des sociétés secrètes dirigé par Bernard Faÿ.
Les persécutions contre le système maçonnique ont été sanglantes. Entre 1940 et 1945 ce sont 560 membres du Grand Orient de France qui ont été fusillés ou déportés. Pour la Grande Loge de France on compte 177 victimes, là encore du seul fait de leur appartenance maçonnique.
Document historique : le décret de Pétain de 1941 qui organise la répression contre la franc-maçonnerie
Hitler, voyait dans la franc-maçonnerie un ennemi direct de la race aryenne et du nazisme. L’idéologue et philosophe du parti nazi, Alfred Rosenberg, était persuadé que les francs-maçons détenaient de vrais secrets occultes, magiques et théurgiques.
La pierre philosophale, ultime secret de longévité et pouvoir absolu des alchimistes du Moyen Âge avait été trouvée, pensait-il, dans les hauts grades initiatiques conférés par les francs-maçons. La mythologie de l’antique civilisation nordique de l’Hyperborée devenait ici réalité.
———————–

Bernard Faÿ et le fichier des “60 000” : Itinéraire d’un agent français au service des nazis, dans la politique antimaçonnique

Bernard Faÿ soutient en 1924 une thèse de doctorat ès lettres sur L’Esprit révolutionnaire en France et aux États-Unis à la fin du XVIIIème siècle. Il est nommé chargé de cours à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand avant de devenir professeur dans plusieurs universités.
Cette brillante carrière universitaire culmine avec sa nomination comme professeur de civilisation américaine au Collège de France, à moins de 40 ans (1932-1944). Durant les années 1930, il collabore régulièrement au journal d’extrême-droite La Gerbe.
Bernard Faÿ est nommé administrateur général de la Bibliothèque nationale le 6 août 1940 à la suite de la destitution par Vichy de Julien Cain qui est juif.
Il applique donc au sein de la BN les règlements édictés par le maréchal Pétain : saisie des bibliothèques des Français déchus de leur nationalité (Juifs, communistes…), refus des lecteurs juifs, suspension des personnels juifs, etc.
Pendant ce temps, Julien Cain, l’ancien “patron” de la BN, vit dans la clandestinité, avant d’être arrêté par les Allemands et déporté à Buchenwald.
Bernard Faÿ joue un rôle très important dans la politique antimaçonnique de Vichy. Ce monarchiste est en effet persuadé de l’existence d’un complot mené par la franc-maçonnerie, qui serait à l’origine de la Révolution française et influerait encore négativement sur la France, causant son abaissement tant sur le plan intérieur qu’extérieur. (Note de T-E : et encore aujourd’hui beaucoup d’auteurs le pensent, sans forcément toujours citer en premier la « franc-maçonnerie » mais ce qu’on appelle le mouvement global de « l’anti-France » à travers la république (maçonnique), la gauche politique… voir des auteurs comme Adrien Abauzit).
Il représente le courant contre-révolutionnaire qui se reconnaît dans le discours passéiste et rural de Vichy, qui s’appuie sur un prétendu déclin de la France. Il est nommé chef du Service des sociétés secrètes (SSS), chargé de classer les archives saisies dans les loges et de les utiliser pour des études et pour la propagande antimaçonnique.
Selon la propagande du régime de Vichy, les francs-maçons seraient l’une des causes de la défaite de 1940. D’après l’Action française, ils auraient participé à un “complot” réunissant “le juif, le protestant, le maçon et le métèque”.
Pour lutter contre ce qu’il nomme le “parasite monstrueux”, Bernard Faÿ publie pendant quatre ans une revue, Les Documents maçonniques, qui cherche à démontrer la désastreuse influence de la franc-maçonnerie sur la France, il fait tourner le film documentaire “Forces occultes”, organise des conférences et une grande exposition au Petit Palais en octobre-novembre 1941.
L’exposition maçonnique, au petit Palais pendant l’occupation, co-financée par les services allemands et ceux de Vichy pour dénoncer la F.M
Il entreprend surtout de répertorier tous les anciens francs-maçons dans un gigantesque fichier de près de 60 000 noms, qui sert notamment à exclure les anciens maçons de la fonction publique. À la Libération, le bilan humain s’élève à environ un millier de francs-maçons français assassinés par le régime de Vichy, soit exécutés, soit morts en déportation. Il est arrêté le 19 août 1944.
À la libération, les responsables des services antimaçonniques sont poursuivis devant les tribunaux
Comme de nombreux collaborateurs, il prétend n’avoir fait qu’obéir aux ordres qui lui étaient donnés et avoir même aidé à se cacher les employés juifs de la BN. Le tribunal le condamne aux travaux forcés à perpétuité, à la confiscation de ses biens et à l’indignité.
Alors qu’il est soigné à l’hôpital d’Angers en 1951, Bernard Faÿ parvient à s’échapper et à quitter la France pour trouver refuge en Suisse. Il est gracié en 1959 et meurt en 1978, sans avoir cessé de publier des études littéraires et historiques.
———————–

La quête des mystères perdus

Le mysticisme nazi rassemble un ensemble de doctrines florissantes en Allemagne à l’époque du IIIème Reich et mêlant le pangermanisme et l’aryanisme à des doctrines ésotériques. Ces doctrines s’inspirent de théories développées en Allemagne à partir du début du XIXème.
Ce courant quasi-religieux consiste en fait en la combinaison du pangermanisme et racisme allemand avec l’occultisme, l’ésotérisme, la cryptohistoire, et le paranormal. Le nazisme ne se veut pas seulement une idéologie politique, mais aussi une vision globale du monde.
Ses racines plongent en effet pour une bonne part sur un ensemble de mythes raciaux et occultistes (mythes du Nouvel âge, ou de l’âge du verseau) développés à la fin du XIXème siècle et au début XXème siècle.
Il attribue généralement une signification religieuse à la personnalité d’Adolf Hitler et à sa doctrine. Le mysticisme nazi est un mouvement initiatique Völkisch qui plonge ses racines tant dans les doctrines de la Société Thulé et de la Société Théosophique que dans les idées d’Arthur de Gobineau.
Selon certains, Hitler lui-même semble avoir porté un certain intérêt pour l’occultisme nazi.
D’après les déclarations de Frantz Bardon (célèbre Hermétiste, né le 1er décembre 1909 à Katherein près d’Opava en République Tchèque. Il était un magicien de scène et professeur d’hermétisme), Adolf Hitler était membre d’une loge d’un ordre maçonnique de “la centurie d’or”, connue, en fait, comme la 99ème loge.
En ce qui concerne ces 99 loges, elles seraient disséminées dans le monde et chacune serait composée de 99 membres. Chaque loge serait autonome, calquée sur le modèle de la Golden Dawn, dont le mage britannique Aleister Crowley, au début du siècle dernier était l’instigateur.
Les membres des 99 loges seraient des dirigeants très influents dans l’économie et la finance et seraient aujourd’hui encore en activité. Ce sujet fut, durant l’année 2007, étudié très sérieusement au sein d’une loge maçonnique française de “perfection”, réservée aux maçons des Hauts Grades.
Le thème fit l’objet d’une planche et de débats. Les affirmations de Frantz Bardon ne furent pas remises en cause. Mais les historiens de la maçonnerie admettent que l’existence des 99 loges noires n’est pas prouvée à ce jour.
Franz Bardon affirma aussi qu’Hitler et l’ordre de Thulé ne furent qu’un instrument entre les mains d’un groupe de magiciens noirs tibétains.
Seul celui qui sait cela est en mesure de comprendre la phrase d’Hitler lors de son discours du 30 janvier 1945 : 
Ce n’est pas l’Asie centrale qui sortira victorieuse de cette guerre mais l’Europe et à la pointe de celle-ci la nation qui, depuis 1.500 ans, s’est révélée comme la puissance prédominante capable de représenter l’Europe contre l’Est et qui la représentera aussi dans l’avenir : je parle de notre grand Reich allemand, la nation allemande !
Ce qu’est devenu Hitler a suscité beaucoup de mythes. D’après les dires de Franz Bardon, Hitler se serait enfui en Amérique du Sud avec l’aide de la 99ème loge.
Il y eut aussi une autre société secrète qui annonça la venue d’un Messie aryen, la “Société Edelweiss”. Hermann Goering en était membre.
Hermann Goering (1893-1946)
Pour d’autres chercheurs, Hitler n’avait que mépris pour les occultistes et préférait l’activisme politique auprès des masses.
Cependant, les théories occultistes vont directement et fortement influencer le cercle intérieur des idéologues nazis. En particuliers, Heinrich Himmler et la SS, Alfred Rosenberg (le “philosophe” officiel du
nazisme), Rudolf Hess (dauphin d’Hitler avant sa fuite en 1941), Richard Walther Darré (théoricien du nazisme rural), sont connus pour s’être intéressés au mysticisme et au paranormal.
L’hitlérisme ésotérique est centré sur les mythologies “païennes” (Hindoue notamment) pré-chrétiennes supposément propres à des races données, et l’inclusion d’une figure mythifiée d’Adolf Hitler dans
l’écheveau de ces mythologies.
Des thèmes comme l’origine de la race aryenne, les Teutons en général, et les peuples Germaniques en particulier, ainsi que la présumée supériorité des soi-disants Aryens sur les autres races, et ce que ces derniers prétendaient au sujet de leurs racines, sont autant de concepts clés.
Diverses localisations, telles que l’Atlantide, Thulé, l’Hyperborée, Shambhala et d’autres sont suggérées comme le foyer de la société originelle des surhommes.

Les fondements mythologiques du nazisme

Une floraison de théories et organisations mêlant occultisme et racisme germanique “aryen” ont préparé la voie au nazisme au début du XXème siècle. Les théories développées seront au coeur de l’idéologie nazie, en particuliers chez Alfred Rosenberg (le « philosophe » du parti) et Himmler et la SS.
L’armanisme est une théorie développée par le pangermaniste Guido List, dit “Guido von Liste” (1848-1919), écrivain occultiste (à partir de 1902) soutenu par les théosophes viennois, qui réalise pour la première fois la fusion de l’occultisme et de l’idéologie pangermaniste.
Guido von List (1848-1919)
Les théosophes apportent en particulier l’idée de la succession de 5 races dans l’histoire mondiale : races astrales, hyberboréenne (ayant vécue aux pôles et disparue), lémurienne (ayant vécue sur une île disparue dans l’Océan indien), atlante et aryenne.
Des traditions racontent qu’Helena Blavatsky, fondatrice de la théosophie en 1875, aurait été initiée en Gobi par l’élite sacerdotale cachée d’anciennes races (la SS enverra plus tard une mission à leur recherche en Gobi).
L’armanisme postule que l’Allemagne antique était une civilisation supérieure dont la religion originelle, comprenant renaissance et déterminisme karmiques, s’exprimait sous deux formes : une forme exotérique (accessible à tous) qui était le wotanisme et une forme ésotérique (réservée à des initiés) qui était l’armanisme.
Les “Armanen” étaient, dans cette théorie, un légendaire groupe de prêtres-rois de l’ancienne nation ario-germanique, adorateurs du dieu-soleil.
La romanisation et la christianisation de l’Allemagne (par Charlemagne en particulier) aurait obligé l’armanisme à se cacher pour se perpétuer à travers des organisations (guildes, sainte-Vehme, templiers, rose-croix et franc-maçonnerie…), textes et légendes ( Graal..), symboles architecturaux et héraldiques, etc.
———————–

La franc-maçonnerie dans l’appareil politique français sous Vichy

Entre les deux guerres mondiales, la franc-maçonnerie française occupe une place majeure dans l’appareil politique de la République et s’implique fortement dans ses combats. Elle sera donc particulièrement touchée lorsque la République s’effondrera face aux troupes allemandes en 1940.
Le régime de Vichy et l’occupant allemand s’unissent pour organiser dès octobre 1940 une importante exposition antimaçonnique qui circulera dans toute la France.
Le thème général affirme l’existence d’un complot de l’anti-France, qui aurait été responsable de l’effondrement du pays, et qui aurait été organisé, selon les thèses de l’Action française, par “le juif, le protestant, le maçon et le métèque”.
Un service des sociétés secrètes est organisé en 1941. Il étudie les archives confisquées et publie une revue “Les documents maçonniques” qui voit dans la franc-maçonnerie l’une des causes principales de la défaite.
Une loi de 1941 applique le “statut des juifs” aux francs-maçons. Le film antimaçonnique “Forces occultes” est réalisé et projeté à Paris en 1943.
À la Libération, environ un millier de francs-maçons français ont été déportés ou tués, la plupart pour leurs activités de résistance ou à cause de leurs origines juives. Les temples ont été pillés, les archives confisquées.
La collection de la revue Documents Maçonniques, organe clef de la propagande contre la franc-maçonnerie en France sous l’Occupation
Lorsque les loges se relèvent, des comités d’épuration se mettent en place. Au total, le nombre de francs-maçons actifs a diminué des deux tiers.
La franc-maçonnerie française mettra vingt ans à retrouver ses effectifs d’avant-guerre et ne retrouvera jamais l’influence politique et sociale qu’elle eut sous le Premier Empire, à la suite de la révolution de 1848 et sous la Troisième République, préférant désormais se tourner davantage vers la réflexion philosophique, voire spirituelle.
———————–

L’Ordre de Thulé

La Société Thulé ou l’ordre de Thulé (en allemand Thule-Gesellschaft) a été une société secrète allemande de Munich, qui à l’origine était un groupe d’études ethnologiques s’intéressant tout spécialement à l’Antiquité germanique.
Elle tire son nom de Thulé, partie la plus septentrionale d’Europe et lieu mythique pour les anciens Grecs et Romains. Le nom de Thulé figure notamment dans l’Enéide du poète romain Virgile, et il est généralement admis que l’Ultima Thulé des anciens Grecs désignait les terres les plus au nord et tout particulièrement la Scandinavie.
L’emblème de la loge de Thulé, “Thule gesellschaft emblem”
Certains membres de ce groupe pensaient que Thulé était ce qui subsistait d’un continent aujourd’hui disparu, appelé Hyperborée, et que ce continent était le berceau de la race aryenne.
Au départ, Thulé n’était qu’une société de recherches ethnographiques. Sous la direction du professeur Félix Niedner, elle édita, à partir de 1912, une compilation en vingt quatre volumes : “Altnordische Dichtung und Prosa (Prose et poésie de l’Antiquité nordique)“.
La guerre de 1914-18 dispersa ses collaborateurs. Un grand nombre en furent victimes. La paix revenue, le groupe se reforma, mais prit une orientation nouvelle sous l’influence de l’écrivain et professeur d’histoire Paul Rohrbach, qui a publié de nombreux ouvrages relatifs à l’Asie et au pangermanisme.
Ce fut aussi Paul Rohrbach qui introduisit le Dr Karl Haushofer dans le groupe Thulé et qui finalement lui en confia la direction. Un autre membre influant fut Dietrich Eckart, lequel y introduisit Alfred Rosenberg.
Karl Haushofer (1869-1946)
Jusque-là le groupe Thulé n’était qu’une sorte d’académie dilettante. La Société Thulé, a été (re)créée par le baron Rudolf von Sebottendorff le 17 août 1918. Diffusée à Munich, l’idéologie de cette société prônait l’antisémitisme, l’antirépublicanisme, le paganisme et le racisme.
Son symbole, la croix de Wotan, n’est pas sans rappeler la croix gammée. Vers 1923, Rudolf Hess, revenu à Munich, devient l’un des animateurs de l’Ordre de Thulé, dont Hermann Göring est l’un des membres les plus célèbres.
L’étrange voyage de Hess, considéré alors comme le dauphin de Hitler, vers le Royaume-Uni en 1941, expédition par laquelle il voulait négocier une paix séparée et qui a abouti à son incarcération, aurait selon certains un rapport avec son appartenance à la Société Thulé et aux desseins de cette organisation à ce moment de la guerre.
Haushofer et Hess
Avec la croissance du NSDAP, le déclin de la société Thulé s’explique très bien. Sa fin définitive, tout comme la fin de l’Ordre des Germains lui-même, eut lieu plus tard lors du décret de 1937, qui interdisait toutes les loges franc-maçonnes et toutes les organisations apparentées aux loges. Quant à Sebottendorff, il se serait suicidé en se jetant dans le Bosphore en 1945.
La Société de Thulé est composée de corps armés, qu’on appelle Freikorps et Kampfbund. Hitler devient membre de la société en 1920 ; ses débuts en politique ont été soutenus par cette société.
L’idéologie de l’Ordre était fondée sur la croyance en l’existence de surhommes et d’une race humaine supérieure : les Aryens qui aurait vu le jour dans l’hypothétique Hyperborée. Cette société reprend la thèse qui dit que les Juifs sont sur la Terre pour y créer l’enfer.
L’idéologie professée par la société Thulé s’inspire d’un corpus d’éléments ésotériques et mystiques puisés dans l’Ariosophie de Guido von List, chez Jorg Lanz von Liebenfels, Rudolf von Sebottendorff, Helena Petrovna Blavatsky, Arthur de Gobineau, et des théories aryano-centristes de certains archéologues allemands.
Selon plusieurs auteurs grecs et latins, il aurait existé dans des temps très reculés un continent situé à l’Extrême-Nord, qu’ils appelaient Hyperborée (Ultima Thulé), lequel aurait été peuplé d’hommes transparents.
Ceux-ci, en s’alliant aux autres hommes, auraient donné naissance à des êtres humains de plus en plus opaques, mais leurs descendants auraient néanmoins conservé leurs facultés, supérieures à celles des humains ordinaires.
D’autres mythologies reprennent ces mêmes caractéristiques à propos de l’Atlantide. L’écrivain Jean Mabire reprend les thèses “hyperboréennes” dans Ultima Thulé, tentative personnelle de redécouvrir l’idéologie de la société Thulé.
Personne ne connaît exactement la liste complète des membres, ce qui a amené certains auteurs à échafauder des théories diverses sur l’adhésion de personnalités à une “section secrète” de la société Thulé.
Des auteurs comme Werner Gerson dans l’ouvrage cité ci-après, Jacques Bergier dans “Le Matin des Magiciens”, et Trevor Ravenscroft dans “La Lance du Destin”, rapportent que les membres de Thulé, considéraient Steiner et ses disciples comme leurs pires ennemis.
Steiner a été Secrétaire général de la section allemande de la Société théosophique, avant la fondation de la Société Thulé. Comme certains membres de la Société Thulé auraient aussi été membres de la Société théosophique, l’amalgame était facile. René Alleau affirme avoir découvert en Allemagne la liste supposée des membres de la Société Thulé, publiée en 1933 par R. Von Sebottendorff, laquelle comprend 226 noms, mais pas celui de Rudolf Steiner.
Dans sa liste, Von Sebottendorff ne mentionne pas Hitler comme membre de la Société Thulé, mais écrit en 1933, qu’il fut “l’hôte de la Thulé”.
———————–

Un film clef : “Forces occultes”

Forces occultes” est un film français de Paul Riche (pseudonyme de Jean Mamy), sorti le 9 mars 1943. Il s’agit du dernier film de ce réalisateur, un moyen métrage de propagande antimaçonnique qui, dans l’esprit du Régime de Vichy, consiste en une dénonciation virulente de la franc-maçonnerie, du parlementarisme et des juifs.
Ce film cherchait à accréditer la thèse d’un prétendu complot judéo-maçonnique ; il avait été commandé en 1942 par la Propaganda Abteilung, délégation du ministère de la Propagande du IIIe Reich dans la France occupée.
Forces occultes” fut diffusé dans les grandes salles de cinéma des principales villes de France, bénéficiant d’une grosse publicité dans la presse écrite de l’époque, sous forme d’encarts publicitaires.
L’affiche du film “Forces Occultes”. Ce documentaire produit en France pendant l’Occupation dévoile les secrets du rituel d’initiation maçonnique. Il fut tourné dans les locaux du Grand Orient de France durant la guerre
Le film bénéficia d’un financement allemand et fut tourné en décors réels (Assemblée nationale, locaux et temples maçonniques du Grand Orient de France à Paris). L’ensemble de ce qui est montré à l’image correspond à de vraies cérémonies maçonniques, interprétées par des acteurs. L’ensemble est montré sous un angle caricatural.
Malgré tous les moyens mis en oeuvre le film ne remporta pas le succès attendu par ses producteurs et les services allemands. Le film raconte la vie d’un jeune député qui se joint aux francs-maçons afin de relancer sa carrière. Il constate alors que les francs-maçons conspirent avec les Juifs pour encourager la France dans une guerre contre l’Allemagne.
En 1942 plusieurs expositions antimaçonniques sont organisées en France, dans les temples. Ici à Lyon, dans les locaux du Grand Orient de France. De macabres mises en scène sont organisées.
À la Libération, Jean Marquès-Rivière, Robert Muzard et Jean Mamy furent condamnés pour collaboration avec l’ennemi. Le 25 novembre 1945, Muzard fut condamné à trois ans de prison ; Marquès-Rivière, qui s’était exilé, fut condamné à mort et à la dégradation nationale.
Jean Mamy -qui avait également été journaliste à L’Appel de Pierre Constantini (leader de la Ligue française d’épuration, d’entraide sociale et de collaboration européenne) et au journal collaborationniste “Au pilori” – fut condamné à mort et exécuté à la forteresse de Montrouge le 29 mars 1949.
———————–

Le Soleil Noir et la Wewelsburg

Le fondateur de l’hitlérisme ésotérique, Heinrich Himmler, était fasciné plus que n’importe quel autre officiel du Troisième Reich par le mystère et le paranormal.
Himmler a prétendu s’être considéré lui-même comme le successeur spirituel ou même la réincarnation de Heinrich (ou Henri) Ier dit l’Oiseleur, duc de Saxe et roi germanique au Xème siècle. Il mit au point des rites SS en l’honneur du vieux roi et rapporta les ossements de ce dernier dans la crypte de la cathédrale de Quedlinburg.
Himmler eut même ses quartiers personnels aménagés au château de Wewelsburg, décoré en l’honneur de celui-ci. Le Soleil noir est un symbole de la forme d’une roue solaire. Le symbole comprend trois croix gammées étroitement enlacées ou douze runes de la victoire inversées et est aujourd’hui visible surtout dans les mouvements néonazis ainsi que dans le contexte néo-païen.
Le signe du Soleil Noir a été redessiné par les troupes noires de la SS, sous forme d’un ornement au sol en marbre de l’ancien “Obergruppenführersaal” (salle des généraux) de la tour du nord du château de la Wewelsburg.
Ce château médiéval, restauré dès 1934 est basé en Westphalie en Allemagne. La Wewelsburg a été pensé par Heinrich Himmler en vue d’un faire un centre de recherche sur la religion raciale, dans le contexte de la montée idéologique de la SS.
Le château de Wewelsburg
La tour du nord aurait été, selon les architectes de l’époque, le “centre du monde”. Le plan global du château s’inscrit dans une forme triangulaire.
Himmler, qui se présentait comme le Grand Maître de la SS, appréhendé selon lui comme une résurgence d’un ordre de chevalerie moderne au service du Troisième Reich, voulait faire de la Wewelsburg le centre initiatique des troupes d’élite d’Hitler.
Des cours pour les officiers sur la mythologie, l’archéologie et l’art étaient enseignés à la Wewelsburg.
Depuis 1936, Himmler voulait un centre idéologique et représentatif. Le « Reichsarbeitsdienst » (Service du travail du Reich) effectue alors les modifications du château. Entre 1939 et 1943, des prisonniers des camps de concentration de Sachsenhausen et Niederhagen se chargent des travaux de construction.
Selon les plans délirant de Himmler, le château devait être le “centre du monde nouveau” à la suite de la “victoire finale”.
Deux chambres ont été construites dans la tour nord du château. Les chambres peuvent encore être visitées aujourd’hui. Les officiers SS y subissaient différentes initiations. Au premier étage se trouve la salle des généraux, au sous-sol une pièce pour la prière des morts.
Himmler y organisait des réunions dans le style des chevaliers du Roi Arthur, autour d’une table ronde. De nos jours se trouvent dans le château une auberge de jeunesse et un musée. “Fonctionnaire de la mort”, Heinrich Himmler est avant tout un bureaucrate soucieux du détail.
À la différence des SA, Himmler choisit selon lui « l’élite en uniforme noir qui allait réincarner le vieil ordre des Chevaliers teutoniques”.
En tant que Grand maître de ce nouvel ordre, il institue des critères rigoureux pour les nouvelles entrées dans la SS. L’une de ces unités, la garde spéciale du Führer, se compose jusqu’en 1937 de jeunes hommes, blonds, aux yeux bleus dont la taille requise est au minimum de 1m80.
En 1931, Himmler légifère une règle de mariage spéciale pour les SS interdisant à un homme de prendre une femme si celle-ci ne peut justifier de la pureté de ses origines aryennes au cours des deux siècles précédents.
Le dessein du Reichsführer-SS est clair : avec l’institution du mariage SS, il veut être le bâtisseur d’un vaste empire germano-nordique de l’Atlantique à l’Oural dans lequel le sort des “races inférieures” voisines appartient à la “race des Seigneurs”.
Heinrich Himmler veut réécrire l’Histoire. Le 2 juillet 1936, dans la collégiale de Wewelsburg il célèbre le millième anniversaire de la mort de son héros le roi germanique Heinrich Ier, Henri l’Oiseleur. Il dépose une gerbe et des rameaux de chêne sur le tombeau du souverain et énonce un discours en juillet 1936 :
Ici où vivent depuis toujours ceux de notre sang, dans cette magnifique maison de Dieu, née d’un sûr sentiment germanique, sera un lieu de culte où les Allemands iront en pèlerinage (…) L’Homme après mille ans a repris avec une grandeur inouïe l’héritage humain et politique du roi Henri, notre Führer Adolf Hitler, nous le servions fidèlement de nos paroles, de nos pensées et nos actes, pour l’Allemagne et pour la Germanie”.
Dans cette même perspective de réécriture de l’Histoire, il déclare le 7 avril 1942 devant les officiers supérieurs et les chefs de service de la Schutzstaffel – les SS :
Tout ce que nous faisons doit être justifié par rapport à nos ancêtres. Si nous ne retrouvons pas cette attache morale, la plus profonde et la meilleure parce que la plus naturelle, nous ne serons pas capables à ce niveau de vaincre le christianisme et de constituer ce Reich germanique qui sera une bénédiction pour la terre entière.  Depuis des millénaires, c’est le devoir de la race blonde que de dominer la terre et de toujours lui apporter bonheur et civilisation”.
De nombreuses expéditions sont alors lancées à travers le monde pour :
– trouver les preuves « irréfutables » de la race aryenne partout dans le monde, des expéditions sont financées en direction du Tibet, dans les Andes, au Moyen-Orient,
Sous la swastika, encadrée du sigle SS, les membres de l’expédition au Tibet de 1938-1939, recevant les dignitaires tibétains et le représentant de la Chine à Lhassa
– retrouver le Saint-Graal, recherché principalement aux alentours de Montségur et de Montserrat en Catalogne,
– étudier des rites païens préchrétiens de la race aryenne.
Cela concernait le culte des équinoxes, de la moisson, les différentes croyances de sorcellerie pratiquées. Himmler a également mis en application un vaste programme d’eugénisme, le programme Lebensborn (source de vie).
Sous cette appellation se cache une entreprise de reproduction à grande échelle destinée exclusivement aux SS, qui sont censés représenter la pureté raciale aryenne.
Certains historiens avancent que durant la guerre, plus de 400 000 enfants, en Pologne, furent déportés vers des instituts Lebensborn à partir de critères raciaux. La Norvège et la Belgique avaient également leurs Lebensborn.

Les rites de l’Ordre Noir

L’Ahnenerbe, branche d’études “scientifiques” des SS, aussi appelée par certains le Bureau occulte nazi, avait pour vocation l’étude et la conservation de l’héritage ancestral.
Il était originellement consacré à la recherche de preuves de la supériorité de la race aryenne, mais elle fut aussi versée dans des pratiques occultes. Fondée en 1935 par Himmler, les buts poursuivis par l’Ahnenerbe furent notamment la quête de lieux et d’objets mythiques comme l’Atlantide et le Graal.
Sigle de l’Ahnenerbe
Des expéditions au Tibet, au Népal, en Grèce, en Arctique, et en Nouvelle Souabe (Antarctique) furent organisées à la recherche de la mythique nation “Aryenne” d’Hyperborée, dont la capitale, Ultima Thule, avait supposément été érigée par les ancêtres “extraterrestres” des “races aryennes” en provenance du système solaire d’Aldébaran.
De pareilles expéditions furent organisées à la recherche d’objets semi-mythiques censés conférer la puissance ou des pouvoirs spéciaux à leur détenteur, comme le Graal (que l’on retrouve dans le troisième volet des “Indiana Jones”, et la Sainte Lance de Longinus (soldat romain qui perça le flan du Christ avec sa lance).
Le film “Hell Boy” montre l’ampleur de ce que pouvait être l’activité occulte des nazis. Quoi qu’il en soit, c’est dans cette logique mystique, et dans cet espoir fou de s’emparer du pouvoir alchimique absolu que les loges maçonniques furent pillées par les nazis à travers l’Europe.

Les francs-maçons face à l’occupation

Les maçons ne restèrent pas passifs face à l’ennemi. Plusieurs d’entres eux fondèrent Patriam Recuperare, un réseau de résistance composé pour partie de frères et soeurs maçons issus de toutes obédiences.
Cependant, à l’image de tous les Français, les francs-maçons furent loin de manifester une résistance sans faille au régime de Vichy. Le cas de Charles Riandey en est l’exemple. Cet ancien Grand Commandeur du Suprême Conseil se fit remarquer par un antisémitisme outrancier.
En effet, arrêté par la police en raison de son engagement maçonnique, il déclara à l’inspecteur Moerschel :
J’ai combattu, avec beaucoup d’autres, au prix de pénibles épreuves, l’envahissement de la maçonnerie par les juifs (sic)“.
Son engagement dans la Résistance (en 1943) lui évita d’être radié de la Grande Loge de France. Cette anecdote démontre que la franc-maçonnerie est loin d’être infaillible.
Aussi l’épuration de la maçonnerie fut pratiquée dès 1944. Le journal maçonnique “La chaîne d’union” manifeste son soutien à une politique d’épuration dès la Libération :
Certains frères, par lâcheté, par intérêt, ont démérité ; il faut les éliminer. Il faut procéder au grand nettoyage. Nettoyage matériel de nos temples, mais surtout nettoyage spirituel”.
La raison fraternelle perd ici, à cette époque, les limites de l’humanisme. De fait, le nettoyage a bien lieu. Les “collabos” sont chassés de l’ordre et les frères doivent se plier à une enquête sur leurs activités durant la guerre.
Pierre Mendès-France fut choqué d’être soumis à un tel interrogatoire alors que son passé de résistant était connu, il quitta sa loge. À contrario certains collaborateurs réussirent à passer entre les mailles du filet et à se faire oublier.
La persécution de la franc-maçonnerie n’est pas qu’une affaire franco-française. Les occupants allemands ont piloté en fait toute l’opération en sous-main. On sait qu’Hitler, comme Pétain, voyait dans les rouages de la maçonnerie une menace.
Tous deux avaient développé une haine sans limite contre les “enfants de la veuve” (nom donné aux
maçons), qu’ils associaient au complot judéo-maçonnique. Complot qui n’a jamais existé et qui au XXIème siècle continue à être un mythe sans cesse renouvelé.
———————–

Les symboles et mystères de la franc-maçonnerie

La franc-maçonnerie possède un ensemble de symboles qui constitue un code et un enseignement crypté, connu de l’initié. Voici quelques-uns de ces symboles secrets, avec leur signification cachée :
– l’’équerre, qui réunit l’horizontal et le perpendiculaire, à l’image d’un discours, parfaitement ordonné, elle représente la droiture, la matière.
– le compas, qui évoque la prudence, la justice et la tempérance et symbolise l’esprit et son emprise sur la matière.
C’est l’ouverture de l’esprit, le signe de la souplesse et des enseignements que l’être peut recevoir.
– la truelle représente l’achèvement du travail.
– le triangle, qui renvoie à la fois à la trinité chrétienne, au compas et à l’équerre et à la devise Liberté, Egalité, Fraternité.
– l’étoile pour vaincre l’obscurité et l’obscurantisme, le mal et l’ignorance, et qui participe à l’équilibre cosmique.
Le symbole du travail.
– le chiffre trois, la somme des deux premiers nombres. Après le un, il est le premier nombre insécable.
Si un, l’unité, est Dieu, si deux est la matière, trois est la matière organisée. Le trois signifie donc l’équilibre physique, moral, intellectuel ou cosmique. Le trois est le nombre de l’apprenti : trois ans, trois pas, trois marches de l’escalier.
– le chiffre cinq : Le cinq, au milieu des neuf premiers nombres, est considéré par les pythagoriciens comme un signe d’union. Il est le nombre nuptial, symbole du mariage de la terre et du ciel. Il est le nombre de l’équilibre, de l’harmonie.
– le chiffre sept : si le quatre symbolise la terre et le trois correspond au ciel, sept est le nombre de l’univers, les couleurs de l’arc-en-ciel, les jours de la semaine, les notes de musique. Une loge primordiale est constituée de sept Maîtres maçons.
Le secret, ou plutôt le retrait, dans lequel opère la franc-maçonnerie est également évoqué très tôt à l’initié maçon :
Le secret maçonnique s’explique par la nécessité de garder aux travaux la discrétion indispensable à leur poursuite sereine à l’abri de l’agitation du monde, il traduit aussi l’impossibilité d’expliquer à l’extérieur une réalité incompréhensible au profane”.
———————–

La prise des sièges maçonniques parisiens

Le 14 juin 1940, quelques heures à peine après le défilé des troupes de la Wehrmacht sur les Champs-Elysées, des commandos spéciaux du Reich se précipitent au siège du Grand Orient de France, première obédience maçonnique française, rue Cadet à Paris.
Des scellés sont apposés le jour même sur les portes du Grand Orient. Peu de temps après la Wehrmacht force les portes de la Grande Loge de France, rue Puteaux et s’empare d’un grand nombre de documents.
Dès le 26 juin la police secrète allemande de campagne, Geheime Feldpolizei, confisque les archives et le matériel de l’ensemble des loges.
Le 1er juillet c’est la Gestapo qui intervient sous les ordres d’Alfred Rosenberg, l’idéologue du parti nazi. Elle câble à Berlin, auprès de Martin Bormann, le secrétaire particulier d’Hitler, le message suivant :
D’immenses trésors ont été découverts dans les loges parisiennes du Grand Orient et de la Grande Loge”.
Rosenberg est un passionné d’occultisme. On peut imaginer que les trésors évoqués, ont un lien direct avec l’occulte. On est loin ici des persécutions initiées par Vichy, qui voulait simplement établir au grand jour les listes des maçons, afin de neutraliser le réseau d’influence qu’ils constituaient.
Alfred Rosenberg (1893-1946)
La Wehrmacht dans un premier temps, vite relayée par les SS, cherche autre chose. Hitler, porté également sur le mystère et l’occulte, ordonne la saisie des biens maçonniques dans toute l’Europe occupée.
Le 30 juillet Otto Abetz, futur responsable de l’ambassade du Reich à Paris, rédige un projet, soumis à Pétain, d’interdiction de la franc-maçonnerie. Le paradoxe c’est qu’apparemment Otto Abetz était lui-même maçon.
C’est le secrétaire général de la Mairie du 18ème arrondissement de Paris, le Frère Riandey, qui répond lors d’un interrogatoire par les SS :
Otto Abetz est maçon, il fréquentait avant guerre la loge Goethe à la Grande Loge de France”.
Vichy se borne à exclure de la fonction publique les maçons identifiés et à publier leurs noms, grade maçonnique et loge de rattachement.
L’état major allemand évacue vers Berlin les documents et biens des loges, en direction d’une forteresse tenue par les troupes de Goering.

Le service des sociétés secrètes

Les nazis aident Vichy à organiser la disparition des sociétés secrètes. Une importante logistique se met en place :
– Le service des sociétés secrètes dirigé par Bernard Faÿ est logé dans les locaux du Grand Orient de France rue Cadet. Il partage les lieux avec le SD, contre-espionnage allemand. Le service des sociétés secrètes dépend du Cabinet de Pétain.
– Le service des associations dissoutes est dirigé par le Commissaire Moerschel de la Préfecture de Police. Son objectif : perquisitionner, arrêter et interroger les maçons. Les interrogatoires sont supervisés par un membre du SD.
– Le service des recherches est décentralisé en douze régions administratives. Objectif: surveillance des francs-maçons en province.
– Le centre de documentation est installé dans les locaux de la Grande Loge de France, dirigé par Henry Coston.
Il publie une série de documents antimaçonniques très virulents, à destination du public, sous forme d’opuscules aux titres édifiants :
Dans les coulisses de la république, Ministres, Préfets et policiers agents d’exécution de la dictature maçonnique”, “Responsabilité de la guerre 1939-40, des juifs aux francs-maçons”, “Du sang sur la cité, les complicités judéo-maçonniques dans la révolution rouge d’Espagne” ou encore “La fausse éducation nationale, l’emprise judéo-maçonnique sur l’école française”.
– Le service de renseignement, rue Grefhule est dirigé par Jean Marquès-Rivière, auteur de livres dès 1941 qui ont fait date : “La trahison spirituelle de la F :. M :.” ou “Les rituels secrets de la Franc-maçonnerie d’après les archives du Grand Orient et de la Grande Loge de France”.
Marquès-Rivière a en charge la propagande antimaçonnique, sous le contrôle direct du Reich allemand. C’est l’organe central de la répression contre la franc-maçonnerie. Il organise conférences, expositions et surtout planifie l’arrestation et la déportation des francs-maçons français.
En parallèle à cet ensemble de services français, destinés à anéantir la franc-maçonnerie, les nazis doublent le système en créant leur propre administration allemande, sous contrôle direct du haut commandement de la SS :
– Le SD, service du contre espionnage aux questions maçonniques pour la Belgique,
– Le SD pour les questions maçonniques pour la France,
– Les Services spéciaux antimaçonniques au sein de l’Ambassade d’Allemagne à Paris,
– La Feldpolizei, commandos spéciaux d’Alfred Rosenberg.
Quelques loges maçonniques en province ont le temps de cacher leurs archives, voire de les détruire. Mais globalement les nazis pillent systématiquement le patrimoine maçonnique français et européen.
La police allemande investit les locaux de la Grande Loge de France à Paris, dès 1941. Elle force les portes et transfère ses archives vers l’Allemagne
L’ensemble part aussitôt pour Berlin, après avoir été stocké dans les locaux parisiens de la Société Théosophique, proche du pont de l’Alma, réquisitionnés également par l’occupant.
Les archives maçonniques (rituels, décors, travaux de loges – les planches -, objets divers pour les passages de grades…) sont mis en caisses et prennent soit la route, soit le rail. Nous sommes en 1940.
Ces archives sont repliées sur Berlin. En 1943, alors que la capitale du Reich commence à être bombardée, certains documents sensibles ou apparaissant comme plus précieux que les autres sont évacués par les nazis, vers l’école supérieur de Francfort, dans un institut des questions juives, comportant une aile affectée aux affaires maçonniques.
L’évacuation de Berlin conduit encore des documents d’archives vers la Pologne dans un château isolé à l’Est de la Silésie, ainsi qu’à Ratibor ou dans les mines de sel en territoire Sudètes.
Dès 1945, à travers les procès, le public prend connaissance de l’existence et des exactions du service des sociétés secrètes
On sait que Himmler, Reichführer des troupes noires de la SS, supervisait également ces opérations. Son but : trouver un secret qui aurait permis aux nazis d’anéantir toute l’Europe et d’installer, comme le souhaitait Hitler, un Reich de 1 000 ans !
Himmler constituait une bibliothèque hermétique, spécialisée dans la chevalerie, l’ésotérisme, la magie, les runes, les théories de la terre creuse, la mythologie…
Cette documentation était précieusement conservée dans son château féodal de la Wewelsburg en Allemagne. Cette citadelle, de forme triangulaire, était en fait le centre initiatique de la SS, dont Himmler était “le grand maître”.
Les officiers de la garde rapprochée d’Hitler y subissaient leur initiation, passant par plusieurs salles dont les noms étaient en lien avec la légende arthurienne !
Les épreuves subies avaient pour vocation de tester leur endurance physique et psychologique et de provoquer un certain éveil de la conscience. Ces rites s’apparentent, par transposition, à certaines parties d’anciens rituels maçonniques.

Les nazis cherchent à Lyon l’ultime secret des francs-maçons

E Guimel et T. Dalet, dans leur roman “Le chevalier Coën et le mystère de la parole perdue” rapporte une scène surréaliste qui se déroule entre Heinrich Himmler et plusieurs officiers SS, lors d’une réunion secrète en Westphalie le 21 juin 1939 :
Reichführer je sais que la parole perdue (l’ultime secret de la franc-maçonnerie – ndlr -) est mentionné dans les deux ouvrages des Arcana Arcanorum ; il s’agit d’un système d’enseignement théurgique ; grâce à leurs invocations les dirigeants de la franc-maçonnerie égyptienne de Memphis-Misraïm mobilisent les plus puissants des esprits célestes.
La totalité des Arcana Arcanorum est regroupée au sein de sources livresques qui contiennent la parole perdue. Les quatre rituels originaux de Cagliostro se trouvent toujours dans la loge maçonnique lyonnaise, la Sagesse Triomphante ; la parole perdue est dans l’une de ces sources”.
L’autre source évoquée est un document d’une bibliothèque talmudique. Dans ce récit, romancé, Himmler ordonne que plusieurs agents de la SS aillent jusqu’à Lyon et s’emparent, dans les archives de la “Sagesse Triomphante”, des mystérieux documents maçonniques : les Arcana Arcanorum.
Nous touchons ici un point sensible. La Sagesse Triomphante est une loge maçonnique lyonnaise toujours en activité, travaillant bien, parmi d’autres sujets, sur les Arcana Arcanorum, dans la droite filiation de la loge ancienne créée par Cagliostro à Lyon.
Les Arcana Arcanorum constituent le coeur philosophique de la Maçonnerie Egyptienne. Arcana Arcanorum peut se traduire par “mystère des mystères” ou “secret des secrets”.
Ce secret concerne les rapports existants entre l’Homme et la Divinité. Dans cet enseignement hermétique sont également révélés les moyens de contacter les “Maîtres Cosmiques” par la théurgie.
Depuis une quarantaine d’année, la Sagesse Triomphante se réunit de façon très discrète 5 à 7 fois par an. La plupart des autres obédiences maçonniques ignorent son existence, ses jours et ses lieux de tenues et le coeur de ses travaux.
La règle du secret est sa clef, afin de pérenniser ses travaux en toute quiétude. C’est une sorte d’Atelier supérieur, Loge d’étude, où ses membres ne se connaissent qu’au travers de noms initiatiques, attribués au moment où chaque frère est “reçu” maçon égyptien.
Pendant la guerre, Memphis Misraïm fut bien visé par les nazis : le Grand Maître C.
Chevillon a été assassiné en 1944, par la milice de Lyon et le Frère Delaize, Grand Maître de Belgique, résistant, fut assassiné par les troupes d’occupation.
Autre figure de cette maçonnerie égyptienne, Robert Ambelain. De 1942 à 1945 il maintient une loge clandestine, “Alexandrie d’Egypte” bien que la menace allemande pesait sur lui. Lyon, dans son fonds ancien conservé à la Bibliothèque Municipale, possèdent les archives les plus importantes en France relatives à Cagliostro et à la franc-maçonnerie égyptienne.

Conclusion, la fin de la quête

Le temps manqua à Rosenberg, Himmler et Hitler. En 1944 le débarquement de Normandie contrarie cette guerre secrète de l’occulte. En 1945, au moment de la chute de Berlin les russes mettent la main sur les précieuses archives maçonniques des Sudètes et de Silésie.
Le vainqueur russe n’attend pas le commandement US et prend l’initiative, discrète, de transférer ces archives vers Moscou, en septembre 1945. Officiellement rien n’a été trouvé, rien n’a été envoyé à l’Est.
Il faut attendre les années 90 pour que la Russie admette détenir les fameuses archives secrètes de la maçonnerie. C’est en 2002 que les autorités soviétiques restituent, au Grand Orient de France et à la Grande Loge de France, un total de 750 cartons de documents, dûment classés et répertoriés. On y trouve des fiches, des travaux, des documents, divers objets.
L’affaire n’a pas été relayée véritablement par la presse, mais a fait l’objet d’une exposition à Paris en 2006, organisée par la Grande Loge de France “La franc-maçonnerie sous l’occupation”, ainsi qu’à Lyon en 2003 : “Lyon carrefour européen de la franc-maçonnerie” (une salle de l’exposition lyonnaise était consacrée à la période de l’occupation), sous l’égide de l’Institut Maçonnique de France et de la Ville de Lyon.
Aujourd’hui qu’en est-il de toute cette affaire ? Avouons qu’il manque des pièces du puzzle. On a l’impression d’être face à une disproportion des choses : d’un côté, durant l’occupation, l’alliance de Vichy et du Reich pour supprimer la franc-maçonnerie avec une logistique importante, de l’autre des archives qui sont restituées quelques 30 ans après, mais sans aucune conséquence apparente.
Ce qui est certain c’est que le plan secret du Reich, percer les mystères de la franc-maçonnerie, n’a apparemment pas abouti. Ceci dit, le retour des archives volées est trop rapidement tombé dans le secret et l’oubli.
L’affaire est entre les mains des historiens qui devront dans la période qui s’ouvre trancher sur toute cette histoire, où la fiction se mêle à la réalité, sur des faux semblant d’“Indiana Jones” et de professeur Tournesol associés. La guerre secrète de l’occulte n’est peut-être pas finie.
Source : Pierre Oul’Chen/Top Secret N°38