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mardi 6 mars 2018

ELIOT George – Livres Audio !

                ELIOT George – Livres Audio               

ELIOT, George – Le Moulin Sur La Floss

Donneur de voix : André Rannou | Durée : 21h 46min | Genre : Romans

Tom et Maggie
La famille Tulliver et ses deux enfants, Tom et Maggie, mènent une vie simple et heureuse au moulin de Dorlcote, sur les bords de la Floss, mais une série de malheurs – causés par le tempérament bouillant et coléreux du meunier – va bientôt s’abattre sur la famille et la réduire à la misère. Le roman analyse surtout l’impact des ces épreuves sur Tom, très proche de sa cadette, mais conscient de sa supériorité masculine, et Maggie, enfant puis adolescente un peu fantasque et indisciplinée, très sensible, fort intelligente et soucieuse de son indépendance. Tom forcera Maggie à interrompre sa relation d’amitié amoureuse avec Philip Wakem, le fils de celui que leur père tient pour responsable de sa ruine. Un second écart de conduite, bien plus grave que le premier, lui vaudra non seulement de perdre l’amour de son frère bien-aimé, mais d’être mise au ban de la société. Tandis que celle-ci exalte les valeurs familiales, elle voue à l’échec toute tentative d’émancipation féminine.
Le dénouement spectaculaire du roman n’a cessé depuis sa parution en 1860 – un an avant Silas Marner et onze ans avant Middlemarch – de diviser la critique et les lecteurs, et si Le Moulin sur la Floss n’est pas le meilleur roman de George Eliot, il demeure le plus lu, et Proust l’admirait beaucoup.
Traduction : Alexandre-François D’Albert-Durade (1804-1886).
Écouter un extrait : Chapitre 01.

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ELIOT, George – Silas Marner

Donneur de voix : André Rannou | Durée : 8h 14min | Genre : Romans

George Eliot - Silas Marner
Publié en 1861, Silas Marner est de tous les romans de George Eliot le plus court et, en apparence, le plus simple. Cependant, par le biais d’une histoire qui ressemble à un conte de fée, il présente l’expression la plus concentrée de sa morale et une tentative hautement sophistiquée de traduction des valeurs religieuses traditionnelles en termes purement humains. George Eliot avait perdu la foi de son enfance, mais néanmoins, cette oeuvre témoigne d’ « une sorte d’ordre supérieur, de providence puissante qui fait de notre mal l’instrument incompréhensible de notre bien » (Marcel Proust), et efface la perte de l’or par le gain de l’amour.
Le roman conte l’histoire de Silas Marner, un tisserand d’une ville du nord de l’Angleterre, qui est ignominieusement exclu de sa communauté religieuse très sectaire pour avoir été faussement accusé de vol. Plein d’amertume, il renie sa foi en Dieu et part s’installer dans le lointain village rural de Raveloe, dans les Midlands où, fuyant ses semblables, il ne vit que pour son travail et sombre dans l’avarice. Jusqu’au jour où son trésor lui est volé et, un peu plus tard, une petite fille aux cheveux d’un blond éclatant apparaît mystérieusement dans son humble chaumière…
Traduction : Auguste Malfroy (18?-19?).
Écouter un extrait : Chapitre 01.

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ELIOT, George – Middlemarch (Livres 5 À 8)

Donneur de voix : André Rannou | Durée : 16h 15min | Genre : Romans

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Le second volume de Middlemarch continue de dérouler lentement les vicissitudes de la vie des deux couples précédemment mis en vedette. Le sinistre Casaubon meurt, léguant à Dorothée son énorme fortune, mais par le biais d’un testament-piège destiné à assurer la séparation définitive de Dorothée et de Ladislaw. Le docteur Lydgate, en butte à l’hostilité de ses confrères et abandonné par nombre de ses patients, connaît de graves problèmes d’argent qui l’obligent à s’endetter. Loin de le soutenir dans cette épreuve Rosemonde, sa femme, se détache égoïstement de lui en l’accablant de reproches, et n’a qu’une idée en tête : quitter Middlemarch. Elle souffre du départ de leur ami Ladislaw, qu’elle imagine secrètement épris de sa personne. Pour sa part, un troisième couple, mieux assorti, celui de Fred Vincy et de Mary Garth, parviendra en vainquant bien des obstacles à contracter un mariage heureux. Une quatrième intrigue se profile avec l’apparition inopinée d’un certain Raffles, une vieille connaissance du banquier Bulstrode. Après l’avoir fait chanter pour lui extorquer de l’argent, il déclenche un énorme scandale en mourant dans des conditions suspectes, qui achèvent de ruiner la réputation de Lydgate, non sans avoir au préalable révélé l’origine criminelle de la fortune de Bulstrode et dévoilé l’identité, jugée peu recommandable, des parents de Ladislaw.
Middlemarch souligne la condition peu enviable des femmes à la période pré-victorienne. Elle est néanmoins acceptée et jugée normale, par les intéressées, exception faite de Dorothée (et dans une certaine mesure Rosemonde), dont l’intelligence et la grandeur d’âme suscitent l’admiration de tous, mais dont l’indépendance d’esprit est sévèrement jugée par ses proches et l’opinion publique en général.
J’ai pensé que ceux d’entre vous qui connaissent l’anglais auraient plaisir à entendre deux extraits du roman en version originale. Vous trouverez à la fin de la liste des fichiers mp3 le premier chapitre et la conclusion (durée : 41min).
Traduction : M.-J. M. (1890).
Écouter un extrait : Chapitre 01.

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ELIOT, George – Middlemarch (Livres 1 À 4)

Donneur de voix : André Rannou | Durée : 16h 31min | Genre : Romans

George Eliot - Middlemarch
Middlemarch, paru en 1871-1872, est considéré comme l’un des grands chefs-d’oeuvre de la littérature anglaise, voire de la littérature mondiale. Ce long roman de George Eliot (pseudonyme masculin de Marian Evans (1819-1880)), comporte des intrigues multiples, mais expose surtout les difficultés de deux couples. Dorothée Brooke, jeune fille belle et intelligente mais un tantinet naïve, épouse par idéalisme Edouard Casaubon, pasteur rigide et pédant, de vingt-sept ans son aîné, dont elle souhaite ardemment assister les savantes recherches sur l’origine commune des mythes anciens. Cette union mal assortie tourne vite au désastre, mais Dorothée trouve du réconfort auprès du jeune Will Ladislaw, un petit-cousin de Casaubon. Par dépit, ce dernier va s’ingénier à contrecarrer cette amitié naissante et semblera prendre un plaisir quasi sadique à humilier et à torturer moralement sa jeune épouse, longtemps docile et soumise mais qui finira cependant par regimber. De son côté, Rosemonde Vincy, fille du maire de Middlemarch et célèbre pour sa beauté, jette son dévolu sur Tertius Lydgate, jeune et ambitieux médecin récemment installé dans la ville, lequel succombe à son charme et ne tarde pas à l’épouser. De nombreux chapitres de ce premier volume décrivent en outre les préoccupations de Fred Vincy, frère de Rosemonde, qui ayant interrompu ses études mène une vie oisive et dissipée en attendant, espère-t-il, d’hériter de la fortune considérable et des terres d’un vieil oncle en fin de vie, Pierre Featherstone, qui feront de lui un vrai « gentleman » et le dispenseront de choisir une profession.
Les vies de ces personnages, et de bien d’autres, ont pour toile de fond les bouleversements politiques et sociaux d’une période clé de l’histoire d’Angleterre, à savoir les deux années précédant la grande Réforme de 1832, qui allait étendre quelque peu le droit de vote et permettre enfin à de grands centres tels que Birmingham et Manchester d’être représentés au Parlement.
Traduction : M.-J. M. (1890).
Écouter un extrait : Préface.

EEKHOUD Georges – Livres Audio !

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EEKHOUD, Georges – Le Quadrille Du Lancier

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 55min | Genre : Nouvelles

Le Quadrille du lancier
Dans les 12 Contes patibulaires (sur 14) ici publiés, Georges Eekhoud (1854-1927) a moins montré son penchant pour la littérature homosexuelle que dans son œuvre majeure Escal-Vigor qui fit scandale et que dans Le Quadrille du lancier. Il a peint les uranistes avec sympathie, mais il ne faut pas oublier que ce peintre de l’homosexualité masculine est aussi par sa double culture belge et suisse un parfait manieur de la langue française.
Deux échantillons extraits du Quadrille du lancier :
« Et les discordances, la couleur fauve, la frénésie, la continuelle fêlure de cette musique digne du rogomme et des gueulées du voyou, ces cuivres aussi mal embouchés que des escarpes, ce cancan provocateur et cynique sur lequel on venait de lui faire danser le plus macabre des cavalier-seul, viola brusquement sa conscience et convertit son désespoir en un démesuré besoin de représailles ! »
« De trop explicites gazettes lui avaient révélé les mœurs ségoriennes des colonies pénitentiaires. A côté des chambrées de mendiants et de frelampiers, celles de la caserne avec leurs farces risquées et leurs indécentes brimades étaient de virginales nurseries. Les chauffoirs des dépôts de vagabonds perpétuaient les priapées des antiques étuves. Et, comme dans des serres torrides établies pour la culture la plus forcée, on y voyait fleurir des végétations monstrueuses ressuscitées du paganisme ou importées de l’Orient. »
L’orgie sexuelle finale fait frémir :
« L’atmosphère y régnait plus suffocante que l’ozone et plus délétère que la mofette. De livides désirs crépitaient à fleur de peau comme les feux follets sur la tourbière. Ici, le feu de l’enfer prévalait contre le feu du ciel, car nulle part ailleurs les salamandres des ardeurs maudites et des lacs asphaltides ne se traînaient et se mêlaient avec autant d’effronterie. Et à présent le dégradé aspirait à cette vie patibulaire et goûtait par anticipation la cuisante et sinistre tendresse du galérien pour son compagnon de boulet. »
Le Quadrille du lancier.
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2

EEKHOUD, Georges – Le Tribunal Au Chauffoir

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 1h | Genre : Nouvelles

Georges Eekhoud
Les histoires de Le Cycle patibulaire (1892) antérieurement lues ici ne trahissent pas vraiment, à part Le Tatouage et Le Suicide par amour, l’uranisme de Georges Eekhoud qui provoquera avec Escal-Vigor (1899), un des premiers romans modernes qui traite de l’homosexualité, un scandale et se terminera par un procès à huis-clos et l’acquittement de l’auteur.
Le Tribunal au chauffoir dédié « À Monsieur Oscar Wilde, au Poète et au Martyr Païen torturé au nom de la Justice et de la Vertu Protestantes », aboutit, sans détours cette fois, à une apologie de l’homosexualité masculine défendue, devant un tribunal improvisé composé de détenus dans un pénitencier, par un bon avocat et acceptée sans contestation par les assistants, sauf par un seul riche insolent et injurieux qui paiera cher son homophobie…
Mais il ne faut pas oublier que notre poète belge a des délicatesses infinies pour décrire les infortunes, comme le prouvent les autres confessions de cette parodie de tribunal.
Quant au reste,
« Que les temps sont changés ! » disait Abner (Racine, Athalie, scène I)…
Le Tribunal au chauffoir.
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6

EEKHOUD, Georges – Blanchelive, Blanchelivette

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 23min | Genre : Contes

Perov Pticelov - Les Dénicheurs (détail, 1870)
Ne vous laissez pas abuser par le titre Blanchelive, Blanchelivette… Ce conte n’est pas pour la jeunesse ; il appartient au Cycle patibulaire de l’écrivain belge Georges Eekhoud (1854-1927) dont les récits sont souvent proches, par leur ton et leur lyrisme monstrueux, des Chants de Maldoror qui ne furent jamais diffusés du vivant de leur auteur Isidore Ducasse, comte de Lautréamont (1846-1870).
« Aussitôt un être furtif et fringant débuche du bouquet d’arbres et se campe, moite, lubrifié, dans l’évaporation opaline de la rosée :
La dégaîne et la mine d’un apprenti sans atelier, d’un jeune batteur d’estrades, d’un dénicheur d’oiseaux. Dix-huit ans tout au plus. Les cheveux courts et drus avançant sur un front bas, et tirant sur le pelage de la loutre, un de ces teints basanés ragoûtants comme le pain de seigle, de grands yeux mordorés frangés de longs cils, le regard veloureux et magnétique ; le nez busqué aux ailes mobiles, aux narines frétillantes ; la bouche vineuse et friande.
[...] Sans qu’il eût l’air de s’en douter, ce charmeur de pinsons était bel et bien en train de fasciner et de troubler, jusqu’au tréfond de la conscience, cette femme riche, mondaine, occupant, certes, une haute position sociale. Bientôt je fus même intimement convaincu que c’était malgré lui que le luron débraillé excitait l’attention intense de cette hautaine promeneuse. Aussi extraordinaire que paraisse ce phénomène, le gars ignorait absolument la perturbation qu’il causait, lui, le maraud surflétri, en cette aristocratique et considérable personne. Pourtant le gaillard n’en était pas à sa première aventure galante. »
Assistez à la rencontre poétiquement et sensuellement décrite de ce couple insolite.
Blanchelive, Blanchelivette.
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7

EEKHOUD, Georges – Croix Processionnaires – Hiep-Hioup !

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 50min | Genre : Contes

Croix
Georges Eekhoud nous propose ici deux nouveaux Contes patibulaires (terme synonyme d’inquiétant, menaçant, louche, suspect, sinistre, terrifiant).
Croix processionnaires
Devant le cimetière proche d’un pénitencier :
« Combien de dépouilles gueuses engraissent ce sol inculte : carcasses ravagées de routiers endurcis ou savoureuses pulpes de novices !… Pas plus que le couperet ne nombre les têtes des guillotinés, ces douze croix ne comptent les tertres qu’elles foulent en passant…
À chaque décès le fossoyeur déracine la croix du plus ancien des douze derniers morts, et en surmonte la nouvelle tombe anonyme…
Mieux que moi vous savez combien le paysan de cette contrée incline au merveilleux… C’est de leur propre gré que ces croix s’ébranleraient une à une pour rôder à travers la campagne. »
Hiep-Hioup ! est une sombre nouvelle qui, dès le début, semble devoir mal finir :
« Jakkè Overmaat, l’air réservé, plus grave que son âge, était une sorte d’oracle pour sa paroisse. Le caractère ecclésiastique qu’il avait failli revêtir ajoutait à son prestige… S’il tenait à distance les familiers, il ne se connaissait aucun ennemi et pas une mère qui ne l’eût rêvé pour gendre. »
Il rencontre, pour son malheur, car il en devient amoureux, une fille « grande pièce, dégingandée, maigrichonne, les cheveux ébouriffés luisant comme du charbon, l’ovale allongé du masque troué de deux yeux noirs comme l’orage, toute sa personne serpentine travaillée par un brasier intérieur…
Les villageois l’avaient appelée Hiep-Hioup ! à cause de ses interjections favorites qu’elle accompagnait d’un entrechat et d’un claquement des doigts, et bientôt elle ne fut plus connue que sous ce sobriquet… Cette paroissienne devait avoir fatalement maille à partir avec Jakkè Overmaat. »
Croix processionnaires.
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6

EEKHOUD, Georges – Partialité

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 30min | Genre : Nouvelles

La Campine
Eekhoud, dans cette autre nouvelle extraite du Cycle patibulaire, nous entraîne en Campine où se situait aussi le Moulin-horloge des travailleurs semblables à des forçats.
Partialité relate, dans un style souvent poétique, ses souvenirs et ses pensées lors d’une promenade avec sa bien-aimée au milieu d’une population hostile.
« Et, brusquement, de tomber sur un attroupement de jeunes blousiers, campés sous un tilleul centenaire pour voir défiler leurs savoureuses paroissiennes, avant de se répandre dans les estaminets…
C’était eux :
Les patauds très entreprenants, ennemis jurés de la ville et des œuvres urbaines, les gaillards exubérants, mais sans aucune urbanité, les réfractaires que nous signalaient, depuis des heures, à la suite du cuistreux journal, le ciel bougon, la campagne haletante, la pluie trop tiède et les sèves exaltées. »
« Plutôt troublé que gêné, sans la moindre rancune contre ces rustauds, je m’abstins de te parler de l’incident, craignant autant d’épiloguer sur leur licence, que d’avouer ma blâmable partialité à leur égard. »
Le mot-titre est lâché…
Partialité.
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3

EEKHOUD, Georges – Le Tatouage – Le Moulin-Horloge

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 40min | Genre : Nouvelles

Le Tatouage
Ces deux nouvelles du Cycle patibulaire, comme les cinq déjà publiées, montrent la profonde sympathie qu’Eekhoud éprouve pour les exclus et les parias de la société : déclassés, chômeurs, vagabonds, criminels et homosexuels.
Le Tatouage témoigne de la mauvaise réputation, en 1895, de ce genre d’ornementation et aussi de la réprobation populaire de l’homosexualité :
« En le contemplant de plus près, je m’aperçus que la poitrine, le dos et les bras du jeune gars étaient complètement tatoués de curieux et grossiers emblèmes, de devises en langues et en argots divers qui le tigraient de leurs rébus et de leurs hiéroglyphes. »
Le Moulin-horloge est l’étrange description, au style parfait de poème en prose, d’un moulin, situé « à Merxplas, là-bas, tout au fond de la Campine » (aux environs d’Anvers), que des malheureux, tels des forçats, actionnent :
« Il y a cinq ans, je vis ce moulin-horloge, et depuis, ne parviens pas à l’oublier, et depuis, mon pain pétri de farine peu suspecte a contracté une indélébile amertume de larmes et de sueur ; et depuis, toutes mes heures sonnent au cadran des irréguliers, et comme une épave, je flotte à la dérive… Je sais un moulin sinistre que desservent d’incompatibles moulants maillotés de gris terreux et de fauve comme des bêtes puantes… Je sais un moulin broyant le pain de l’infamie, je sais une horloge aux rouages de chair pantelante, aux mouvements saccadés comme un spasme. Horloge et moulin ne font qu’un…
Le moulin-horloge marque une heure exclusive à des trappistes involontaires. On les a parqués et numérotés, ils sont plus de deux mille. »
Le Tatouage.
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EEKHOUD, Georges – La Bonne Leçon

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 35min | Genre : Nouvelles

La poétesse Ada Negri (1870-1945), institutrice à l'école primaire de Motta Visconti
La Bonne Leçon, cinquième extrait du Cycle patibulaire, est une nouvelle occasion pour Eekhoud de condamner, dans un style somptueux parfois, la société, ici l’italienne. Pendant une pause, devant sa classe de petiots, l’institutrice se laisse aller à rêver : « La pauvre, à l’âme bonne et passionnée, profite de cette trêve pour rimer des chansons douces et pitoyables. Cette atmosphère des miséreux en fleur, des enfonçons de parias lui inspire des choses compatissantes et navrées, et ce premier âge du serf rural, ces germes d’humanité taillable et corvéable l’induisent en de douloureux attendrissements, car elle songe à ce qui devrait être et à ce qui ne sera pas encore pour tous ces êtres si neufs et si candides. » Que deviendront ces gosses de pauvres ?
« Elle a dansé la courtisane, monstrueuse, l’infâme fortune ! Qui te pardonnera lorsque clame et rugit, et glapit, lorsque s’élève le cri de tout l’or menacé, des affameurs. Les ventres et les coffres ne peuvent te refuser à la bête dansante. Et tous les tiens que la ballerine aurait pu porter sur les fiers pavois de la liberté et de l’abondance, les beaux gars qu’elle aurait pu exalter dans une apothéose de félicité suprême, elle préfère les affamer, les vieillir, les faner avant le terme. Pour orchestre la cascadeuse sinistre réclame les râles des meurt-de-faim, les cris des suppliciés de l’industrie et des bagnes militaires, les détonations des fusillades fratricides, les explosions des chaudières et des grisous ! Elle danse, elle danse devant les vieillards-cerviers aux doigts rapaces et crochus, dont la luxure convoite l’or, toujours l’or… Trembleurs et lâches, énervés par ses voltiges, ils n’ont rien à refuser à la danseuse immonde ! Oui, prends sa tête, société pourrie, blasphématrice de la bonté, régale-toi, gorge-toi de cette jeunesse, ô pieuvre dont la beauté n’existe que pour les négateurs de la justice et de la lumière ! À la curée ! La guillotine est là. Dépêchons !… »
La Bonne Leçon.
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EEKHOUD, Georges – Gentillie

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 1h | Genre : Nouvelles

Georges Eekhoud - Le Cycle patibulaire
Gentillie est une histoire troublante de possession et d’envoûtement érotique extraite du Cycle patibulaire (1892) et rappelant par son atmosphèreLe Suicide par amour.
Le triste destin de Gentillie battue par sa mère, battue par son amant et battue par son fils se déroule lentement sous nos yeux.
« Cependant Gentillie s’entête. Elle paraît sourde, aveugle, insensible à tout ce qui se passe autour d’elle. Exhortations, menaces, bourrades, autant de moyens essayés en pure perte. C’est comme si plus rien n’avait prise sur son être ensorcelé. »
« Foulée comme la dernière des serves, elle peine, laboure, s’exténue vaillamment, sans une plainte, sans un mot, soutenue par on ne sait quelle force surhumaine. »
Gentillie.
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