Né à Paris, l'attirance de Richard Berry pour les métiers artistiques remonte à son enfance. Il voyait en eux une porte d'accès à la liberté et une possibilité de communication qui le guérirait de sa timidité : "Je voulais toucher les gens, dit-il, les faire rire ou pleurer. Petit à petit, les choses ont pris forme, j'ai pris conscience que la notion de divertissement existait, que c'était une façon de faire du bien aux gens. " (in "Cinéma 83" n° 294).
Vers l'âge de seize ans, il rencontre un ami de sa soeur, comédien dans une troupe d'amateurs, et commence à jouer les grands classiques qu'il lit dans leur intégralité : Racine, Corneille, Molière, Beaumarchais... Refusé une première fois au Conservatoire, il suit des cours dans une école privée et réussit l'examen d'entrée au Conservatoire en 1969. Ses professeurs sont Jean-Laurent Cochet et Antoine Vitez. Il obtient un premier prix à sa sortie en 1972. Richard Berry entre ensuite à la Comédie Française. il y restera sept ans. Il joue Figaro dans "Le Barbier de Séville", mis en scène par Michel Etcheverry, Dubois dans "Les Fausses Confidences", l'attaché dans "Maître Puntila et son valet Matti" et "Les Fourberies de Scapin" (Jacques Échantillon), "Andromaque" (Jean-Paul Roussillon), "Lorenzaccio" (Franco Zeffirelli), "Dave au bord de la mer" (Antoine Vitez)... Aujourd'hui, les mots de Richard Berry ne sont pas tendres lorsqu'il parle de la Comédie Française : "Tout y est décadent, dépassé, tant sur le plan des statuts que des principes. " (in "Télérama" du 24 novembre 1981).
Désireux d'aborder une technique plus moderne et un langage de son temps, Richard Berry s'oriente ensuite vers le cinéma. Son premier grand rôle lui est offert par Élie Chouraqui dans son premier film : MON PREMIER AMOUR. Richard Berry continuera de jouer dans des premières oeuvres, avec notamment L'HOMME FRAGILE de Claire Clouzot, en 1981, date importante où on le voit dans deux autres films: PUTAIN D'HISTOIRE D'AMOUR (seconde réalisation de Gilles Béhat) et UN ASSASSIN QUI PASSE qui le fait comparer à Al Pacino et Robert De Niro. En 1982, il joue des rôles très diversifiés dans des films d'audience et de factures opposées. LE GRAND PARDON et LA BALANCE (deux gros succès), un film d'auteur au budget modeste, LE CRIME D'AMOUR, dans lequel il interprète le rôle d'un homosexuel, et la comédie musicale de Jacques Demy UNE CHAMBRE EN VILLE.
"J'essaie, dit-il, autant que possible, d'alterner les genres et les risques. Je ne tiens pas très grand compte sincèrement du côté commercial, s'il est l'unique aspect... Les regrets que j'ai eus concernent non les films que j'ai faits, et que je revendique tous, mais ceux que j'ai refusés et qui se sont révélés être passionnants, quelquefois meilleurs que ceux pour lesquels je les avais délaissés. Certains films m'ont "retardé". La crédibilité d'un acteur (il faut s'en souvenir) est très proportionnelle aux nombres d'entrées qu'il fait " (in "Cinéma 83" n° 294). À la télévision, on a vu Richard Berry dans "Le Coeur en écharpe " (Philippe Viard, 1979), "La Dernière nuit de Marie" (Didier Decoin, 1980), "Un petit Paradis" (Michel Wyn, 1981) et en 1982 "Fausse note" de Peter Kassovitz et "La Dame de coeur" de Jean Sagols. Au milieu des années quatre-vingt, Richard Berry continue d'incarner, avec SPÉCIAL POLICE et URGENCE, ces héros(?)positifs(?), éminemment sympathiques, qui ont établi sa popularité. Brillant informaticien démêlant les fils d'une énigme policière dans le premier, courageux reporter confronté à la violence d'un groupuscule d'extrême-droite dans le second, il y fait preuve d'une belle vitalité, dans des rôles physiques.
L'affrontement est davantage psychologique dans LA GARCE, interprétée par Isabelle Huppert, sous la houlette inspirée de Christine Pascal. Berry est également très à l'aise, face à Claude Brasseur, en TAXI BOY. Apprécié du public, il est en revanche quelque peu boudé des professionnels, et n'est jamais nommé aux Césars.
En 1987, il apparaît dans l'ambiance trouble de la SPIRALE tissée par Christopher Frank. Il retrouve l'action avec CAYENNE PALACE, film d'aventures tourné en Guyane, et L'UNION SACRÉE, polar musclé dans lequel il incarne un policier arabe faisant équipe avec un collègue juif (Patrick Bruel) pour affronter de dangereux terroristes - une nouvelle participation à un cinéaste auquel il demeure fidèle : Alexandre Arcady. Il se montre parfois inquiétant en mari trompé dans l'agréable LA BAULE-LES-PINS de Diane Kurys, il trouve l'un des meilleurs rôles de sa carrière grâce à Bernard Favre. Son champion cycliste amateur, mari ignoble et amant sadique, démontre toute une palette de possibilités encore peu exploitées.
Émouvant, face à Claudia Cardinale, sa "mère" dans 588, RUE PARADIS, l'autobiographie filmée de Henri Verneuil, il est enfin reconnu à sa juste valeur dans LE PETIT PRINCE A DIT, où il est dirigé par Christine Pascal. Son personnage, tout en nuances, de père d'une fillette atteinte de tumeur incurable, lui vaut sa première nomination au César du meilleur acteur (et le prix d'interprétation du Festival de Montréal). Si certains de ses films suivants passent un peu inaperçus, comme ce JOUEUR DE VIOLON auquel il croyait tant, ce n'est pas le cas d'ADULTÈRE (MODE D'EMPLOI) de Christine Pascal, décidément la cinéaste qui sait le mieux l'utiliser. Son personnage de séducteur cynique s'accommode à merveille de son charisme naturel, éclatant avec le passage de la quarantaine. Son second rôle dans L'APPÂT en est assez proche, et il réussit à attirer la compassion sur un personnage d'abord antipathique, au cours d'une scène de torture insoutenable.
Il se distrait de la gravité de ces rôles graves, où il fait jouer tout à la fois son physique, la séduction de son phrasé et de sa voix, et son sens de la nuance, dans des comédies délirantes telles que MA VIE EST UN ENFER ou PÉDALE DOUCE.
Il interprète dans les années quatre-vingt-dix de nombreux films de télévision : Shadow of the Past (G. Pelletier, 1991), Machination (Gérard Vergès, 1992), Le Cavalier des nuages (Gilles Béhat, 1995), L'Enfant du silence et Monsieur Victor (Josée Dayan, 1996). De temps à autre, il remonte volontiers sur les planches : Andromaque (Roger Planchon, 1989), L'Ex-femme de ma vie (Josiane Balasko, 1989), Partenaires (Bernard Stora, 1993), Un Grand cri d'amour (Josiane Balasko, 1996). Il a épousé en mai 1991 l'actrice Jessica FORDE, vue chez Éric Rohmer (QUATRE AVENTURES DE REINETTE ET MIRABELLE |
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