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mercredi 23 décembre 2015

La Terre de Sannikov !

La Terre de Sannikov

Nous allons ici faire une assertion plutôt hors normes :

En effet, qui peut affirmer que certaines idées qui jaillissent de certains cerveaux à un moment donné, ne sont pas des "manifestations subconscientes", bien orchestrées temporellement, venant d'une autre dimension parallèle, et dimension qui reste, bien sûr, encore à déterminer et que la Science commence à peine à mettre en exergue ?

Nous pensons donc vraiment que certains mots ou locutions d'auteurs, apparaissent au moment voulu, pour que plus tard des "inspirés" les retrouvent.

N'est-ce pas le cas de la phrase clef suivante utilisée, on le sait bien maintenant, par Jules Verne :

« Enfin, de nos jours, on a prétendu qu’il existait aux pôles une immense ouverture, d’où se dégageait la lumière des aurores boréales, et par laquelle on pourrait pénétrer dans l’intérieur du globe; »

Tiré des "Voyages et aventures du Capitaine Hatteras" (1866).


Comme on le voit donc, tout cela est dit par Jules Verne, clairement, nettement et sans bavure, et il eut vent de cette affaire d'ouvertures polaires dès peut-être 1865, car il lui a fallu, nous l'imaginons, au moins 1 an pour préparer son ouvrage.

Notons cependant que Jules Verne, n'a jamais fait état du "Soleil Central", qui entretiendrait au cœur de notre Terre, Vies et civilisations.

En ce qui nous concerne, ce n'est qu'en 1972, que nous avons découvert cette affaire inouïe de trous polaires.

Ceci étant dit, en Mars 2003, en fouillant dans nos vieux cartons de documents, nous sommes tombés sur une ancienne revue qui avait un article du chroniqueur scientifique de de l'époque, de "France-Inter" : Lucien Barnier, et article qui contient une superbe révélation, qui nous intéresse directement ici.

C'est alors à vous qu'il appartient de juger si, le texte ancien qui va suivre, appartient à cette assertion hors normes , évoquée ci-dessus.

Voyons d'abord, qui était ce Mr Lucien Barnier : 


Lucien Barnier, journaliste et écrivain scientifique bien connu est décédé dans la nuit de Samedi 3 à Dimanche 4 Février 1979 à l'âge de 60 ans, des suites d'un cancer, à son domicile parisien. 

Licencié en lettres, il avait collaboré en 1943 à "Radio France" à Alger puis, l'année suivante, après avoir été chargé de presse au Cabinet du Commissaire de la République à Marseille, il fondait "la Radiodiffusion Télévision Française" à Paris les émissions de la jeunesse.

Depuis 1960, Il était rédacteur en chef de l'Agence de Presse "Science Service" qu'il avait fondée. 

Collaborateur scientifique des grands journaux français et de journaux belges et suisses il avait été de 1957 à 1970 responsable sur les ondes de "Radio Luxembourg" ,des émissions scientifiques techniques et médicales.

A partir de 1970, il devenait le spécialiste de ces mêmes questions à l'O. R .T.F. puis collaborait régulièrement à"FR3", tout comme à "France-Inter", "France Culture " et "Radio-France".

Voici donc une partie de la couverture de la revue découverte : 


Et voici le début de l'article de Lucien Barnier :


Et enfin, voici la passage qui a retenu notre attention :


Comme vous le voyez, Lucien Barnier, prétend qu'il existe des explorateurs russes dont les rapports écrits mentionnent leurs "rencontres"avec la légendaire "Terre de Sannikov", mais qui n'a rien à voir avec un iceberg vide et désolé, comme le suggère l'auteur.

Il va sans dire, que nous serions particulièrement, aux anges, si un très aimable internaute, connaissant le russe, pouvait mettre la main sur ces rapports.


Genèse de l'affaire


Le scientifique soviétique Vladimir Obroutchev, ne se contentera pas seulement, dans son roman la Plutonie, d'aborder le sujet hors-normes de la Terre creuse, mais il allait encore récidiver, deux ans plus tard, dans un autre roman intitulé "La Terre de Sannikov", et que cette insistance, nous paraissait particulièrement insolite...

Nous sommes entrés en possession de ce fameux livre, sur la Terre de Sannikov.

Nous allons donc vous présenter ici quelques lignes particulièrement surprenantes de cet ouvrage et comme à notre habitude, nous mettrons en exergue en couleur, les passages clés, qui s'imposent :

Voyons d'abord les images de la couverture avant et arrière de ce livre :


Cet ouvrage est traduit du russe par Mme Catherine Emery et publié par les Editions "Radouga" , à Moscou en 1989 sous le n°ISBN 5-05-002386-6...

Notons en passant que ces Editions, ont aussi publié: La Plutonie, du même auteur.

Cet ouvrage possède une introduction, puis un passage préliminaire et aussi une postface qui se complètent parfaitement et propos que nous allons soumettre ci-dessous à votre analyse, si le cœur vous en dit :

Commençons voulez-vous par l'introduction :

Près de la moitié de l'Arctique, c'est-à-dire des glaces qui entourent le pôle Nord sont à proximité immédiate du territoire de l'Union Soviétique. A la différence de l'Antarctique, vaste continent situé autour du pôle Sud, l'Arctique est un océan.


L'océan Glacial arctique est semé, dans les zones voisines des continents d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord, de nombreuses îles, grandes et petites, absentes dans sa partie centrale, autour du pôle lui-même.


Du fait de la rigueur du climat, ces îles sont recouvertes en quasi-permanence d'une couche de glace et de neige dont elles ne sont libérées que pour une brève période, durant l'été polaire.

La mer qui entoure ces îles est, elle aussi, prise par les glaces, pour la plupart des glaces immobiles, tandis que l'espace marin restant est recouvert d'une banquise épaisse qui se déplace dans diverses directions, sous l'action des vents et des courants.

Malgré les conditions de navigation difficiles et le climat rude, des marins courageux se sont aventurés dans l'Arctique, découvrant, étudiant progressivement et peuplant même parfois ces îles.


Il y eut des tentatives de dérive (volontaire ou non) sur les glaces flottantes afin de pénétrer dans les zones de l'océan Glacial prises en permanence par les glaces et de les étudier : en mesurer la profondeur, la température des différentes couches d'eau, la composition de celles-ci, étudier la faune et la flore de ces eaux, la constitution des fonds marins, la direction des courants, etc.

La découverte d'îles nouvelles dans l'Arctique s'est poursuivie jusqu'à une époque récente : c'est ainsi qu'en 1881 déjà furent découvertes les petites îles Jeannette, Bennett et Henriette, au nord de l'archipel de la Nouvelle-Sibérie, en 1913, le grand archipel de Sévernaïa Zemlia, au nord de la presqu'île de Taïmyr, plus tard encore de petites îles dans la mer de Kara.


L’expédition Jeannette est une expédition commandée par George Washington De Long entre 1879 et 1881 sur l'USS Jeannette


Mais on ne saurait affirmer que toutes les îles de l'Arctique soient déjà connues, car il peut encore exister, dans la zone des glaces flottantes, des îles inaccessibles par mer et très difficilement accessibles par les glaces flottantes.

L'avion constitue un nouveau moyen d'exploration aérienne de ces régions de l'Arctique.

Une légende conte depuis près de cent cinquante ans l'existence et le mystère de deux îles.

Des hommes courageux, partant pour les îles proches des côtes nord-est de Sibérie pour y chasser les animaux à fourrure, les rennes sauvages et y chercher des défenses de mammouths, ainsi que certains explorateurs du Grand Nord ont aperçu ces îles par temps clair mais n'ont pu les atteindre.


II s'agit de la Terre de Sannikov, au nord de l'archipel de la NouvelleSibérie, et de la Terre d'Andréev, au nord de l'embouchure du fleuve Kolyma, la première portant le nom du chasseur et marchand Yakov Sannikov, et la seconde celui du sergent Andréev qui, les premiers, distinguèrent ces îles à l'horizon parmi les glaces.

Ce roman conte une tentative de retrouver l'une de ces îles, la Terre de Sannikov, et de l'explorer. II se rattache à la science-fiction parce que cette terre y est présentée telle que l'auteur s'en imagine la nature et la population à partir de suppositions théoriques données.

Le lecteur pourra néanmoins se faire une idée de certaines îles de l'Arctique, des conditions de déplacements sur la banquise, de la nature et de la population de cette terre inconnue telles qu'elles pourraient être réellement, si elle existait au lieu et dans les conditions supposés par l'auteur.



Dans la postface, le lecteur trouvera en outre la réponse à certaines questions relatives à l'hypothèse de la Terre de Sannikov ainsi qu'un aperçu de découvertes scientifiques soviétiques dans l'Arctique expliquant dans une certaine mesure le mystère de la Terre de Sannikov.

Fin de citation.

Nous constatons donc dans cette introduction, que l'auteur décrit des lieux géographiques connus, mais il dit bien, que pour son roman, il va s'appuyer des" suppositions théoriques données." Que devons nous comprendre par là ? Il nous fraudra certainement savoir lire en les lignes de son texte... n'est-ce-pas !

Voyons maintenant ce que nous appelons le passage préliminaire du roman, qui présente les personnages fictifs en cause. L'auteur y cite aussi les noms de véritables explorateurs qui ont mis en évidence, le problème qui nous préoccupe dès lors, au sujet de cette Terre de Sannikov .

"ET POURTANT, ELLE EXISTE !"


La première partie de la réunion solennelle de l'association des savants, consacrée au rapport des membres de l'expédition envoyée à la recherche du baron Toll, disparu, et de ses compagnons, touchait à sa fin.

Devant le mur orné de grands portraits de dignitaires, protecteurs et présidents de l'association, un jeune officier se tenait debout à la chaire; il avait effectué un voyage téméraire dans une embarcation légère à une voile, à travers l'océan Glacial depuis les îles de Nouvelle-Sibérie jusqu'à l'île Bennett où avait débarqué le baron Toll pour ne plus revenir.


Le visage courageux du rapporteur, buriné par le rude climat polaire, restait dans la pénombre de l'abat-jour vert de la lampe qui éclairait le manuscrit de son rapport ainsi que son uniforme de la marine, à boutons dorés et décorations.

Devant la chaire, assis à une longue table couverte d'un drap vert, siégeaient les membres du Conseil de l'association, tous savants renommés et voyageurs connus, habitants de la capitale du nord.

Au milieu se tenait le président. Les yeux clos, il semblait sommeiller au ronronnement de la voix du rapporteur. La petite salle était bondée.

Le rapporteur décrivait le déroulement de l'expédition de secours, le long chemin qu'elle parcourut, tirant la lourde barque placée sur des traîneaux, à travers les amoncellements de glaces polaires depuis le continent jusqu'aux îles de Nouvelle Sibérie, le campement pour l'été sur la côte de l'île Kotelny en attendant que la mer se dégage, la lutte avec les glaces lors de la navigation près des côtes et la traversée hardie de la mer jusqu'à l'île Bennett.


II donna une caractéristique de cette île austère prise toute l'année par les glaces, et décrivit la découverte de la cabane de Toll, de ses affaires et d'un document comprenant la description de l'île et se terminant par ces mots :

"Nous partons aujourd'hui pour le sud en emportant des provisions pour quinze à vingt jours. Nous sommes tous en bonne santé."

Donc, prononça le rapporteur, en élevant la voix, le 26 octobre 1902, le baron Toll, l'astronome Zeeberg et les chasseurs yakoute Vassili Gorokhov et toungouze Nikolai' Diakonov quittèrent l'île Bennett et s'en allèrent par les glaces vers le sud et les îles de Nouvelle-Sibérie.


Mais ils ne parvinrent pas à ces dernières: nos recherches n'ont révélé aucune trace de leur passage.

Où donc ont disparu ces hardis voyageurs ? II ne fait pas l'ombre d'un doute qu'ils ont trouvé la mort en route.

A la fin d'octobre, sous ces latitudes, le jour ne se réduit qu'à une pénombre de deux ou trois heures autour de midi.

Le gel atteint quarante degrés et les tempêtes redoutables sont fréquentes. Mais la mer n'est pas encore gelée et les crevasses abondent entre les glaces.

Les voyageurs ont dû tomber, lors d'une tempête, dans une de ces crevasses recouverte d'une mince couche de glace. Ou bien ils sont morts d'épuisement, de froid et de faim en luttant contre les amoncellements de glaces parce qu'ils n'avaient pas pris avec eux de chiens et qu'ils tiraient eux-mêmes leurs traîneaux chargés de canoës et de toutes leurs affaires.

Ou peut-être, enfin, ont-ils tenté de traverser la mer libre dans leurs légers canoës à travers la nuit polaire, et se sont-ils noyés lors d'une tempête.

Quoi qu'il en soit, ils ont trouvé le repos éternel au fond de l'océan Glacial, et la Terre de Sannikov, si longtemps et opiniâtrement cherchée par le baron Toll, n'existe pas.


Le rapporteur quitta la chaire. Les auditeurs étaient sous l'impression de son impitoyable conclusion. Soudain, une exclamation s'éleva clairement dans la salle:

Et pourtant, elle existe!

Un frisson d'agitation parcourut l'assistance. Des questions fusèrent:

- Qui est-ce ? Quel est cet original ?...

Le président promena sur l'assemblée un regard sévère, agita sa sonnette et, lorsque la salle se fut calmée, déclara:

Je propose à la séance plénière de l'association des savants et de ses hôtes d'honorer la mémoire des courageux voyageurs que furent le baron Toll, l'astronome Zeeberg, les chasseurs Gorokhov et Diakonov lesquels, parmi les glaces, ont donné leur vie pour la science

- Tous se levèrent.

- J'annonce une pause d'un quart d'heure. Ceux qui étaient assis près des portes se dirigèrent rapidement vers la sortie. 


Les membres du Conseil entourèrent le rapporteur et l'un d'entre eux, Schenk, académicien corpulent, explorateur notoire autrefois, organisateur et conseiller de l'expédition du baron Toll, se fraya un chemin vers les dernières rangées de bancs.


Dominant le bruit des chaises et la rumeur de la foule, sa voix forte s'éleva: - Je prie la personne qui a affirmé avec tant de certitude l'existence de la Terre de Sannikov de venir me parler.

En réponse à son invitation, un jeune homme en blouse noire et au visage hâlé, strié de ces ridules que la chaleur de l'été, le froid de l'hiver et les vents violents impriment sur la peau, se leva, parvint auprès de l'académicien et déclara:

C'est moi qui l'ai dit et je le répéterai s'il le faut !

- Passons à la bibliothèque. Dans cette cohue, il est impossible de parler tranquillement, dit Schenk en lançant au hardi jeune homme un regard pénétrant de dessous ses sourcils épais et tombants.

Prenant le jeune homme par le bras, Schenk l'entraîna par une porte latérale dans les pièces du fond de la bibliothèque, la chancellerie de la société. Celle-ci était déserte et silencieuse. L'académicien s'assit au bureau du secrétaire et, d'un geste, invita son interlocuteur à occuper la seconde chaise. II alluma une cigarette et dit:

Je vous écoute. Que savez-vous de la Terre de Sannikov ?

- Permettez-moi tout d'abord de vous expliquer qui je suis, répondit le jeune homme. J'ai vécu cinq ans comme exilé politique dans le village de Kazatche, à l'embouchure du fleuve lana.

Et dans ce trou perdu, bon seulement pour les ours, je devrais dire les ours blancs, j'ai fait connaissance avec des chasseurs locaux, hommes frustes et ignorants des raffinements de notre capitale, mais au coeur bon et à l'âme hardie.

Chaque printemps, alors que les jours s'allongent tandis que la glace est encore solide, ils effectuent des voyages téméraires vers les îles de Nouvelle-Sibérie en quête des défenses de mammouths qui y abondent...

Parmi ces chasseurs, certains ont vu clairement la Terre de Sannikov et sont fermement convaincus de son existence.

Ce n'est pas une preuve, fit observer Schenk. Vous avez entendu, dans le rapport, que les montagnes aperçues par Sannikov et Toll n'étaient autre que d'énormes amoncellements de glaces et que des montagnes, sur cette terre imaginaire, devraient atteindre deux mille deux cent cinquante mètres d'altitude pour être visibles depuis l'île Kotelny. 
Or, il ne peut y avoir de montagnes aussi hautes au milieu de l'océan Glacial!

- C'est une supposition, mais non un fait! - En outre, Toll, avant de descendre sur l'île Bennett, a cherché en vain cette terre à bord de son voilier l'Aube, en naviguant dans les eaux où elle était supposée émerger.

- Cela prouve seulement que cette terre est située plus au nord, et plus loin de l'île de Kotelny que ne le pensait Sannikov et les autres qui l'ont vue mais n'ont pu évaluer exactement à quelle distance, répliqua le jeune homme.

- Vous avez raison, répondit Schenk. Mais il se trouve que, outre ces témoignages bien légers, il faut le dire, nous n'avons rien, ou plus exactement rien de concret hormis les récits de migrations d'oiseaux vers le nord

- Pourquoi considérez-vous cette preuve comme insuffisamment convaincante ? fit le jeune homme, surpris. 

Wrangel déjà en a annoncé le fait, Mydel l'a confirmé, et la population du nord indique très précisément que les oiseaux qui abondent l'été sur les côtes nord de Sibérie sont rares dans deux zones seulement :

Allant, premièrement, de la rivière Khroma à la rivière Omolï et, deuxièmement, à cinquante kilomètres à l'ouest du cap Yakan et jusqu'au cap Ryrkaïpiï (note de l'Editeur:Ryrkaïpiï -appellation tchouktche du cap Séverny, aujourd'hui le cap Schmidt.) 


En ces lieux, le gibier est maigre, mais on constate que des oiseaux s'envolent vers le nord.

- De la zone ouest, les oiseaux s'en vont vers les îles de Nouvelle-Sibérie et, de la zone est, vers l'île Wrangel, répliqua Schenk.

- C'est ce que l'on pensait autrefois, mais c'est inexact. L'île Wrangel est très élevée et rocheuse, et reste couverte de neige pratiquement tout l'été.

Et elle comporte insuffisamment d'endroits propices à la nidification d'oiseaux tels que les oies sauvages et les canards. Toutefois celle qui nous intéresse est la zone ouest.

- Oui, de là, les oiseaux s'envolent pour les îles de Nouvelle-Sibérie.

- II s'avère que très peu d'oiseaux passent l'été sur ces îles, tandis que la grande masse d'entre eux s'en vont en vols nombreux plus loin vers le nord.

Cela m'a été confirmé à maintes reprises par des chasseurs d'Oustiansk, Rousskoié Oustié, Ojoguino qui sont allés dans ces îles. Sannikov note aussi la chose.

Et les oiseaux qui partent sont l'oie blanche, l'eider, diverses espèces de canards, les bécasses, les chardonnerets et d'autres, tous se nourrissant de plantes ou de petits insectes vivant parmi les végétaux. II en découle qu'il existe encore dans le nord une terre suffisamment vaste et couverte de végétation.

Oui, cette terre est l'île Bennett, fit observer Schenk. Le document laissé par Toll nous apprend que deux espèces d'eiders y passent l'été, ainsi qu'une espèce de bécasse, le bouvreuil, cinq espèces de mouettes...

- Mais ni les oies ni les canards ne sont mentionnés! s'exclama le jeune homme en riant. Or, ils constituent la majorité des oiseaux migrateurs. C'est pourtant révélateur !

Et avez-vous remarqué la mention, dans ce document, d'un aigle vu par Toll alors qu'il volait du sud vers le nord, d'un faucon allant du nord vers le sud, et d'un vol d'oies sauvages venant du nord, c'est-à-dire revenant, à la fin de l'été, de cette terre inconnue sur le continent.

C'est parfaitement exact, confirma l'académicien.

Et Toll ajoute que des brouillards dissimulaient la terre d'où venaient ces oiseaux, de même que la Terre de Sannikov lors de sa dernière navigation. 
Votre mémoire est stupéfiante, dit Schenk. - J'ai écouté attentivement le rapport, et le document de Toll a renforcé ma conviction en l'existence de la Terre de Sannikov, et plus au nord précisément que l'on ne supposait. 

C'est ce qui m'a incité à me prononcer si catégoriquement.

En ce qui concerne Bennett, vous avez entendu comme moi que cette île est trop petite et trop chargée de glaces pour pouvoir accueillir des nuées d'oiseaux.

Toll a confirmé la chose: des bouvreuils, des bécasses, des mouettes et deux espèces d'eiders, voilà les seuls oiseaux qu'elle accueille l'été.

- Mais une terre située plus au nord, par exemple à quatre-vingts degrés de latitude nord, doit être davantage encore couverte de glace et n'est donc pas plus en mesure de nourrir de nombreux oiseaux. 
Où s'en vont donc, en ce cas, ces stupides volatiles ? fit le jeune homme en riant.

J'avoue que je n'en sais rien. Peut-être gagnent-ils le Groënland en passant par le pôle Nord, bien que ce soit peu probable, répondit Schenk en haussant les épaules.

Mais ne pourrait-on supposer que, du fait de circonstances particulières, la Terre de Sannikov, en dépit de sa situation septentrionale parmi les glaces de l'océan Arctique, jouit d'un climat plus doux que les îles Bennett et de Nouvelle-Sibérie, situées plus au sud ?

- Cela, excusez-moi, est de la pure invention ! répliqua l'académicien, légèrement irrité. Nous n'avons aucuns fondements pour une telle supposition, mis à part les migrations d'oiseaux.

- Peut-être s'y trouve-t-il un volcan qui en réchauffe le sol ou des sources chaudes, insista le jeune homme.
Vos chasseurs et voyageurs auraient remarqué depuis longtemps la fumée du volcan. N'oubliez pas que Nansen est passé sur le Fram, durant sa dérive sur les glaces, tout près de l'emplacement supposé de cette terre mystérieuse, mais sans rien voir. 

- Et avez-vous connaissance de la disparition étrange de tout un peuple, les Onkilones, demeurant dans le nord ?

Repoussés par les Tchouktches, ils ont quitté le continent avec tous leurs troupeaux sans que nul n'en ait jamais plus entendu parler.

- Oui, je me souviens que Wrangel a réuni des renseignements les concernant, de même que Nordsnskjôld et Mydel. Mais je ne suis pas ethnographe.

Le son strident de la cloche, traversant la bibliothèque, interrompit l'académicien. Schenk se leva.

- Je dois aller écouter le rapport suivant. Mais vos idées m'ont intéressé, cependant. Nous devons avoir un nouvel entretien. Venez me voir dans une semaine, le soir, chez moi.

Voici mon adresse. Schenk sortit de son portefeuilles une carte de visite et ajouta, en la remettant à son interlocuteur :

- Je vais étudier les publications relatives à ces Onkilones. Et tâter le terrain au sein de l'Académie sur l'envoi éventuel d'une nouvelle expédition à la recherche de Toll, bien que je doute fort d'un éventuel succès. Venez, de toute manière.

Fin de citation.

D'après la postface de l'auteur, il prétend que le baron Toll n'est pas un personnage fictif, mais a bien existé et a effectivement disparu comme mentionné.

De même il semblerait que soit authentique la disparition d'une population entière nommée les Onkilones d'un village de la Sibérie du Nord, et les Onkilones, qui un beau jour, se sont complètement évaporés en abandonnant tout leur précieux matériel.

Nous vous laissons donc apprécier d'autres informations du même genre, dans le corps de ce roman et pour terminer voyons voulez-vous, ce que l'auteur nous affirme dans sa postface : 

POSTFACE

Le jeune lecteur, après avoir lu, la description des aventures de Goriounov et de ses compagnons sur la Terre de Sannikov, est en droit de demander à l'auteur, si cette terre existe en réalité, perdue parmi les glaces de l'océan Glacial arctique.

Ce livre est en effet un roman de science-fiction destiné à instruire et distraire la jeunesse.

Et à cette question du lecteur, l'auteur répond que ce voyage sur la Terre de Sannikov a effectivement été inventé.

La question de savoir si cette Terre existe aujourd'hui a été ainsi résolue par des recherches de l'Union Soviétique dans l'Arctique: cette Terre a existé, peut-être pendant plus de cent ans, comme l'ont montré les observations de Sannikov et de Toll, mais elle a disparu il n'y a pas si longtemps. 
Dans la partie est de l'océan Glacial, les explorateurs polaires soviétiques ont découvert des îles flottantes.

Des recherches scientifiques ont confirmé la conclusion de l'amiral S. Makarov faite en 1899 déjà sur l'existence dans l'océan Glacial arctique d'îles de glace en dérive.

Alors qu'il naviguait en août au nord de la grande île du Spitzberg, Makarov aperçut parmi les glaces de l'océan une île inconnue.

Les compagnons de l'amiral y trouvèrent des blocs erratiques et de petites pierres, et la glace de l'île n'était pas salée.

Makarov établit qu'il s'agissait d'un immense iceberg qui devait s'être détaché du Spitzberg, à l'extrémité d'un glacier....

...On peut penser que la Terre de Sannikov également était une île de glace semblable, un iceberg détaché d'un des glaciers de Sévernaïa Zemlia.


Emplacement des îles De Long, au-delà desquelles on situait la « Terre Sannikov »


Au nord de l'archipel de la Nouvelle-Sibérie, il a dû heurter un haut fond et y est demeuré plus de soixante-dix ans, car Yakov Sannikov a remarqué cette île au nord-ouest de l'île Kotelny en 1811, et Édouard Toll en 1886 a vu par temps parfaitement clair, au même endroit, quatre colonnes montagneuses en cône aplati, prolongées par un bas piémont, à l'est.

Mais il est possible que les deux observateurs aient repéré des îles différentes, posées sur des hauts fonds à peu près au même endroit en des années différentes de leur formation.

De telles îles de glace flottantes ne pouvaient, bien évidemment, abriter les Onkilones qui ont fui les Tchouktches depuis les côtes nord de Sibérie Orientale. II ne peut y avoir aucune végétation sur des îles flottantes.

De telles Îles ne pouvaient pas non plus attirer les oiseaux en période de nidification.

On peut penser que les oiseaux qui venaient du sud passer l'hiver dans les pays du nord cherchaient des endroits mieux protégés pour faire éclore leurs oisillons, endroits qui abondaient dans les archipels des îles de l'océan Glacial.

Quoi qu'il en soit, il sera intéressant, pour le lecteur, d'apprendre ce qui suit sur le passé récent de la région de l'océan Glacial arctique: celui-ci est, en général, très riche en îles, petites et grandes, dans tout son bassin, délimité par les côtes d'Europe, d'Asie et d'Amérique.

Dans ces îles, on rencontre assez fréquemment des roches volcaniques jeunes et, sur certaines d'entre elles, par exemple en Islande, il existe des volcans en activité.

Cela démontre que le gros volcan imaginé dans ce roman et qui constitue la Terre de Sannikov n'est pas impensable dans cette partie du globe.

Des études géologiques ont déjà révélé que la partie orientale de l'océan Glacial arctique sur toute sa longueur, depuis la presqu'île de Taïmyr jusqu'à l'île Wrangel et, dans le nord, jusqu'à 80 de latitude, était une terre émergée au début de l'ère quaternaire, et constituait les confins nord de la Sibérie.


Cela a été démontré par la découverte, dans le sol de ces îles, des restes de gros mammifères: mammouths, rhinocéros, buffles, chevaux. 

Ils ne pourraient pas se trouver là si ces îles n'avaient pas formé autrefois une terre reliée à la Sibérie au début du quaternaire.

Les explorations ont indiqué aussi que, dans certaines îles, il subsiste encore des vestiges des glaciers qui recouvraient autrefois les parties les plus élevées de cette terre.

Dans la Grande île Liakhov qui constitue une partie de l'archipel de la Nouvelle-Sibérie, de nombreuses défenses de mammouths sont prises dans ces glaces fossiles et ont été récupérées par les chasseurs qui venaient au début du printemps depuis le continent les ramasser lorsqu'elles étaient extraites de la glace par les vagues de l'océan.

Autrefois on apportait régulièrement à la foire de lakoutsk de cent cinquante à trois cents tonnes de défenses, ce qui prouve que des centaines de ces gros animaux vivaient sur cette ancienne terre au début du quaternaire. On peut expliquer une telle concentration de mammouths sur ces petites îles par le fait que, en ces points qui constituaient les zones élevées de l'ancienne terre, les mammouths se réfugièrent en grand nombre lorsque la terre où ils vivaient commença de s'enfoncer: ils cherchèrent alors, dans les hauteurs, un refuge contre la montée de l'eau qui inondait les plaines.

Nous avons donc la preuve de l'existence de volcans dans cette ancienne terre septentrionale, ainsi que de grands troupeaux de mammouths et de glaciers, et nous pouvons dater l'époque où cette terre s'est enfoncée en dessous du niveau de la mer.

Cet affaissement a eu lieu pendant ou à la fin de la dernière période glaciaire. La découverte de dessins de mammouths, représentés par les hommes primitifs, indique qu'ils en étaient contemporains.

Donc, l'hypothèse de base de mon roman selon laquelle, sur une grande île perdue dans l'océan Glacial et qui était autrefois le sommet et le cratère d'un grand volcan, la chaleur de celui-ci a permis à des hommes primitifs et à des mammouths de subsister depuis la fin de la dernière période glaciaire, n'est pas dénuée de vraisemblance.

Et cette terre bénie parmi les glaces polaires a pu abriter les Onkilones, originaires de l'Alaska, apparentés aux tribus d'Indiens d'Amérique et qui ont reculé, sous la pression des Tchouktches, vers les îles de l'océan Glacial.

La question de la disparition des Onkilones devrait être étudiée par l'Institut d'histoire de la culture matérielle ou l'Institut d'histoire de l'Académie des sciences de l'URSS afin que soit reconstituée l'histoire de ce petit peuple de Sibérie du Nord qui existait il y a trois ou quatre cents ans.

On a retrouvé, dans les îles de l'archipel de la Nouvelle-Sibérie, les restes de leurs demeures, très particulières, ce qui indique que des représentants de cette tribu y ont longtemps vécu, mais on ne sait rien d'autre les concernant.

Les explorateurs polaires du XIXe siècle ne les ont pas trouvés sur ces îles.
Tous les Onkilones ont-ils été décimés par une quelconque épidémie ou sont-ils morts en tentant de traverser en canoës ou de franchir à pied trop tôt les zones de glace jeune séparant les îles les unes des autres ?

La question de la migration des oiseaux, au printemps, vers le nord et de leur retour en automne sur le continent, dont on trouve parfois des mentions dans la presse, demeure non résolue. 

Pour la tirer au clair, il faudrait:

1. Interroger soigneusement la population de toute la côte nord de Sibérie, depuis l'embouchure des fleuves Olénéka et Léna à l'ouest jusqu'à l'embouchure du fleuve Kolyma à l'est, ainsi que ceux qui passent l'hiver sur les îles de Nouvelle-Sibérie et Wrangel pour savoir si ces migrations d'oiseaux, vers le nord au printemps et inversement à l'automne, se poursuivent et, si oui, en quelle quantité, quels oiseaux elles concernent et quelles sont les espèces dominantes.

2. Si les vols d'oiseaux se poursuivent, les avions qui effectuent chaque année des vols d'exploration au-dessus des glaces de l'océan afin d'en étudier la quantité et les déplacements pour assurer la navigation sur la Voie Maritime du Nord, devraient constamment tenir compte de l'existence d'une terre inconnue parmi les glaces et effectuer des observations afin d'en découvrir enfin les dimensions, le relief et toutes les particularités.

Le vol d'oiseaux vers le nord, remarqué en 1938 déjà par ceux qui passaient l'hiver sur l'île Henriette, prouve qu'en cette année il existait parmi les glaces une terre propice à la nidification des oiseaux et à leur séjour durant l'été.

Mais la situation orientale de cette île permet de douter que ces oiseaux se fussent dirigés vers la Terre de Sannikov qui devait se situer (si elle existait en 1938) plus à l'ouest.

Par conséquent, il devait se trouver parmi les glaces, au nord de l'archipel de Long, en 1938, une terre permettant aux oiseaux de passer l'été.

Peut-être certains de mes jeunes lecteurs deviendront-ils pilotes en région polaire et se fixeront-ils pour tâche de résoudre l'énigme de cette terre; peut-être la découvriront-ils sous un voile de brouillard, parmi les glaces, et s'y poseront-ils pour l'étudier et nous indiquer comment elle se présente à l'heure actuelle.

Ne convient-il pas en conclusion de nous rappeler l'existence, dans l'océan Glacial arctique, au nord de la presqu'île de Taïmyr, de l'archipel de Sévernaïa Zemlia qui fut exploré pour la première fois en 1930-1932 par une expédition de quatre hommes, comprenant le géologue Ourvantsev qui a décrit cette expédition et ses découvertes dans un excellent livre.

Toutefois, l'étude de l'archipel par cette expédition a laissé bien des questions non résolues, et il serait fort souhaitable, dans les prochaines années, qu'elle soit renouvelée pour en permettre une nouvelle étude.

V. Obroutchev

Fin de citation.

L'analyse très sommaire de cet ouvrage du scientifique Obroutchev, nous montre une fois de plus, qu'il existe bien des phénomènes inexplicables qui se passent dans la région polaire nord, et l'auteur avoue son impuissance à résoudre cette affaire de migration des oiseaux au printemps, vers le nord en disant qu'elle "demeurait non résolue".

Munis de toutes ces curieuses données, à vous de juger tout cela, maintenant .

Nous avons aussi alors précisé plus haut en parlant de "manifestations subconscientes", qui sont bien orchestrées temporellement, et donc dans le cas qui nous occupe, ne pourrait-on pas aussi classer, le film produit par les studios Walt Disney, et parfaitement calqué sur cette histoire de la "Terre de Sannikov" ? 

Ce film de 89 minutes réalisé par Robert Stevenson est sorti en France en DVD, le 10/03/2004 et est intitulé: "L'île sur le Toit du Monde". En voici la jaquette :


Evidemment certains vont croire que tout cela reste encore du domaine des vues de l'esprit, et qu'ils préfèrent, sans se formaliser, simplement rêver un peu, grâce à de la bonne science-fiction, conçue à la Jules Verne.


Que la paix accompagne leur conscience et que nos illusions, elles, s'évaporent au plus vite, prochainement.

Source : Artivision











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