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mardi 22 novembre 2016

L’incroyable histoire du soldat américain !

L’incroyable histoire du soldat américain qui a sauvé 75 personnes sans toucher à une arme en 1945


Le réalisateur Mel Gibson vient d’adapter au cinéma cette histoire incroyable survenue lors de l’une des batailles les plus sanglantes de la guerre dans le Pacifique.
Il y a quelques jours, le controversé Mel Gibson faisait un retour triomphant derrière la caméra avec la sortie de Tu ne tueras point aux Etats-Unis. Prévu le 9 novembre en France, le film raconte l’histoire d'un soldat qui avait fait le vœu de ne tuer personne quand il a rejoint l’armée lors de la Seconde Guerre mondiale. 

Au-delà de la réalisation spectaculaire, la fascination exercée par le film réside dans l’histoire du soldat qui l’a inspiré. Sur son site, NPR explique que Desmond Doss, un garçon calme et plutôt maigre de Virginie, s’est engagé dans l’armée au début des années 1940 en promettant de ne tuer personne. Une promesse qui le pousse à refuser de porter une arme. Un soldat indigne de son pays aux yeux de ses supérieurs et ses camarades donc, qui feront tout pour l’humilier, des petites blagues au harcèlement abusif, le but étant de le faire transférer ou de le pousser à accepter de porter une arme. 
Mais comme le précise NPR, «une loi de 1940 autorise les objecteurs de conscience à servir l’effort de guerre dans des positions “non-combattantes”, alors Doss est parti avec sa compagnie dans le Pacifique en tant que médecin». 
Son engagement philosophique va pourtant être mis à mal lorsqu’il atterrit en 1945 au Hacksaw Bridge, à Okinawa, où des milliers de soldats japonais attendent les Américains en haut d’une falaise. «C’était plein de caves et de trous dans lesquels les Japonais se cachaient, a expliqué à la radio Mel Gibson. Les Japonais parlaient de “pluie d’acier” parce qu’il y avait tellement de métal qui volait autour d’eux.» «Sous un barrage de coups de feu et d’explosions, ajoute NPR, Doss a rampé sur le sol, passant d’un soldat blessé à un autre. Il a trainé un grand nombre d’hommes blessés au bord du pont, les a attaché à une corde et les a envoyé à d’autres médecins en contrebas.» 
En douze heures de combat, Doss a sauvé 75 hommes, dont son capitaine Jack Glove, ces hommes qui l’ont moqué et humilié pendant longtemps. Evidemment, le nouveau héros pacifiste a reçu la prestigieuse Médaille d’Honneur des mains du président Truman en 1946. Il est le premier objecteur de conscience à recevoir cet honneur. 



lundi 14 novembre 2016

LA PROPAGANDE BOULANGISTE !

         LA PROPAGANDE BOULANGISTE          



CONTEXTE HISTORIQUE
Le plébiscite populaire du général Boulanger 

La menace qu’a fait peser le général Boulanger sur la république a été brève. Tout commence quand, fait rare, ce militaire qui ose afficher des convictions républicaines est nommé ministre de la Guerre en janvier 1886, sur la recommandation de Clemenceau. 

Lors de la revue du 14 juillet 1886 à Longchamp, Boulanger, qui a amélioré l’ordinaire et l’organisation de l’armée, déclenche l’enthousiasme de la foule. Au printemps 1887, l’affaire Schnaebelé oppose la France à Bismarck. Resté ferme dans un contexte de tension avec l’Allemagne, Boulanger profite du feu nationaliste attisé par Déroulède ou Barrès. 

Inquiets de cette nouvelle menace sur le fragile équilibre républicain, les « opportunistes », Ferry en tête, décident d’écarter Boulanger… Rochefort n’hésite pas à appeler à la révolte autour du « général Revanche » dans L’Intransigeant. La scène d’hystérie collective provoquée par le départ forcé de Boulanger pour Clermont, le 8 juillet 1887, oblige Clemenceau à prendre ses distances : « La popularité du général Boulanger est venue trop tôt à quelqu’un qui aimait trop le bruit. » 

C’est alors que, poussé par Georges Thiébaud, Boulanger se présente en avril 1888 à une élection partielle en Dordogne, puis démissionne et entame un « steeple-chase électoral » (Barrès) à travers la France, qui le conduit au triomphe à Paris, le 27 janvier 1889. Refusant de marcher sur l’Élysée, menacé par la justice, Boulanger fuit à Bruxelles le 1er avril 1889. Il se suicide deux ans plus tard.
ANALYSE DES IMAGES
Voies et voix de la popularité de Boulanger 

Jean Eugène Buland (1852-1926) a vraisemblablement peint son tableau juste après le dénouement de la crise boulangiste. Cette scène de genre traitée dans un style hyperréaliste, quasi photographique, met aux prises un colporteur d’imprimés et une famille paysanne, comme en témoignent les sabots du chef de la maisonnée, au premier plan. 

L’étranger, debout et ventru, la main tendue, s’impose aux six autres personnages, les mains croisées ou les poings fermés. De la caisse du colporteur ont jailli trois portraits du général Boulanger : en buste, en plan américain et à cheval. 

Les tons sombres des costumes font ressortir les couleurs bien plus claires de l’aîné (vieillard) et de la benjamine (petite fille). Le portrait de Boulanger qu’il tient dans sa main gauche regarde ces deux personnages. Ce tableau dans le tableau met en abyme le rôle de l’image dans la soudaine popularité de Boulanger. 

Les « nouvelles chansons boulangistes » composées par Gaston Villemer alimentent également la popularité du général Boulanger. Les trois quarts supérieurs de la lithographie sont dominés par un titre très lisible, qui souligne la récurrence de la parution de chansons en l’honneur de Boulanger. L’image centrale mêle un événement réel – le discours du ministre de la Guerre à la Chambre – et une image allégorique : Marianne, qui ramène deux jeunes filles, dans lesquelles on reconnaît l’Alsace (à gauche) et la Lorraine (à droite). Les seules couleurs employées sont celles de la République ; Boulanger est en civil et sans décorations, façon de « général Revanche » démocrate. Toutefois, il surplombe nettement depuis la tribune une vingtaine de députés. Seize d’entre eux sont identifiés par les bustes croqués, dont Clemenceau et Ferry : on peut imaginer que c’est à eux que s’adresse le discours. Aux Français, Villemer adresse la chanson sur l’Alsace-Lorraine qui occupe le bas de la feuille.
INTERPRÉTATION
La naissance de l’opinion publique dans la France du suffrage universel et de la liberté de la presse 

Si la scène peinte par Buland est une scène de propagande, ni parole ni écrit n’y sont mis en avant. L’artiste soumet trois générations d’hommes et de femmes à la diffusion de l’image de Boulanger, avec un souci exemplaire du détail. Ainsi, à la cocarde tricolore du colporteur répondent le foulard rouge de l’homme d’âge mûr et le ruban bleu roi de la petite fille : Boulanger, homme providentiel presque malgré lui, a fédéré sur sa personne et surtout sur son nom et son image des tendances politiques opposées, qui se rejoignaient dans une critique de l’« opportunisme » des républicains modérés, comme Ferry. Cela dit, seuls deux des personnages sont en mesure de voter : quelle peut être l’influence du reste de la famille, en particulier celle des femmes, sur ces participants à la démocratie ? 

En 1881, par la loi du 29 juillet, furent instaurées des règles de presse et de réunion qui sont toujours en vigueur aujourd’hui. La multiplication des titres de presse et des imprimés en tout genre participe de la constitution d’une opinion publique naissante. Il est difficile de savoir si la chanson de Villemer, plutôt complexe, a vraiment été chantée au cours des manifestations de soutien à Boulanger. Mais nombre d’autres refrains et slogans sont restés et attestent de l’influence de ce mode de diffusion populaire. La mise en image, en mots et en musique de la popularité de Boulanger est de ce point de vue exemplaire. Elle préfigure le déluge d’informations et de « propagandes » qui se déchaînera lors de l’affaire Dreyfus, quelques années plus tard.


LES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS DANS LA GRANDE GUERRE !

LES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS DANS LA 


GRANDE GUERRE




CONTEXTE HISTORIQUE
Les troupes coloniales au secours de la métropole 

La France a pris pied au Sénégal sous l’impulsion de Colbert, sous le règne de Louis XIV. À partir du comptoir initial, Faidherbe entreprend entre 1854 et 1865 de conquérir l’intérieur du continent et crée le port de Dakar, qui devient capitale de l’Afrique-Occidentale française en 1902. Traditionnellement, l’armée coloniale opère un recrutement local de supplétifs qui maintiennent l’ordre parmi la population indigène, offrant ainsi une étroite voie d’intégration et d’identification patriotique. À la suite de la défaite de 1870 face à la Prusse, et devant l’inquiétante dénatalité française, le colonel Mangin avait théorisé dès 1910 l’emploi décisif de la « force noire ». À cela s’ajoute en 1914 la nécessité de remplacer les masses de soldats tués dans les premiers mois du conflit. La France a ainsi engagé sur le front environ 134 000 combattants d’Afrique noire – des tirailleurs sénégalais, corps créé en 1857 pour engager les Africains subsahariens dans l’armée d’Afrique. Ces unités sont reconnaissables entre autres à la chéchia rouge, empruntée aux tirailleurs algériens.
ANALYSE DES IMAGES
Du festin à la popote 

En 1914, Paul Dufresne, illustrateur prolifique de temps de guerre, dessine une série de cartes postales en couleurs mettant en images des dictons populaires dans un contexte décalé, celui du front. Au centre de la composition, un Sénégalais portant l’uniforme d’apparat bleu, or et rouge. Sa pose rappelle la publicité pour le chocolat en poudre Banania dont cette carte est la contemporaine : la cuillère en l’air, la main qui se frotte la panse et les dents blanches de contentement. Le bivouac improvisé au milieu des combats mêle le festin (champagne) et le rata (gamelle). Il est né de la guerre, avec ses ruines, son mort (allemand), ses explosions aux couleurs de l’artifice, ses flammes et ses fumées, la poursuite du Prussien casqué à coups de baïonnettes qui le repoussent loin à droite (à l’est). 

Fernand Cuville (1887-1927), musicien de formation, engagé à la Section photographique (créée en 1915), couvre pendant deux ans l’ensemble des fronts en France, puis dans les Balkans en 1918. À travers une scène de groupe, il offre un aspect méconnu du conflit : l’utilisation fréquente de main-d’œuvre issue des colonies à l’arrière-front. Les trois Sénégalais posent devant le mess réservé aux officiers, comme l’indique l’inscription sur le mur décati. Ils portent le calot, les jambières et l’uniforme, dissimulé par les tabliers propres à leur fonction réelle. À gauche, le plus jeune écope des tâches salissantes : son tablier est trempé par l’eau puisée avec les seaux de toile goudronnée. L’air assuré du personnage central laisse supposer qu’il s’agit du chef cuistot. À droite, le soldat sans tablier a légèrement bougé pendant la pose ; il est probablement chargé de transporter le bois dans la brouette rustique à côté de lui. Les murs effondrés et l’absence de vitrage soulignent l’inconfort généralisé du campement provisoire.
INTERPRÉTATION
Actions imaginaires et emploi réel 

Les deux images diffèrent par leur nature mais se rejoignent dans l’objectif de populariser la guerre en cours et d’en donner une représentation conforme aux nécessités de la propagande. Elles révèlent toutefois tout autre chose que ce qu’elles veulent bien montrer. Ainsi, la carte postale de Dufresne pratique un double jeu périlleux entre cliché rassurant du « bon nègre » et imaginaire frissonnant des nettoyeurs de tranchées. Si le personnage central sourit, ses dents forment un rictus inquiétant et ses lèvres sont d’un rouge très sanguin. L’exagération des proportions, typique de ce genre de dessin, rend quasi monstrueuses mains et tête. Surtout, la mort et la violence de guerre sont à la fois cachées et suggérées. Au second plan, on devine un cadavre plus qu’on ne le voit, sans doute un soldat écrasé par des poutres plutôt que tué au combat. Mais au tout dernier plan, une scène de meurtre à la baïonnette est bien visible, assez confuse toutefois pour que la censure ne sévisse pas. L’intention première est de vendre des cartes postales grâce aux attraits combinés de l’exotisme, de la sagesse populaire, de l’humour militaire et du sensationnalisme. Plus largement, on fait l’apologie de l’usage déchaîné de la « force noire » dans les zones d’ombre du conflit. 


Travaillant également en couleurs mais avec une approche censément documentaire, Cuville utilise pour ses clichés le procédé autochrome breveté par les frères Lumière en 1903 et commercialisé en 1907. Cette technique aux résultats convaincants nécessite une forte lumière (c’est l’été) et un certain temps de pose, ce qui explique l’abondance de vues de bâtiments (en ruines), de paysages (avec des barbelés) et des portraits. Cuville a immortalisé à plusieurs reprises des travailleurs sénégalais et algériens, seuls ou en groupe, dans la Somme et dans l’Aisne. Ces images devaient présenter une guerre acceptable parce qu’humaine, sereine dans le quotidien du combat. Cette mise en scène, maladroite étant donné la masse d’informations sur les violences de guerre, dédouanait les Sénégalais de leur réputation de sauvagerie. Au-delà, ce cliché met en évidence le fossé entre soldats du rang et officiers, entre Blancs de métropole et Noirs des colonies.



L'esclavage en terre d'islam !


     L'esclavage en terre d'islam        






De 622 au XXe siècle


Après la mort du prophète Mahomet et la soumission de la péninsule arabe, les musulmans conquièrent les rives méridionales et orientales de la Méditerranée. Multipliant les prises de guerre, ils prolongent dans ces régions l'esclavage à la mode antique. Ils inaugurent aussi une longue et douloureuse traite négrière qui va saigner l'Afrique noire jusqu'à la fin du XIXe siècle.
L'esclavage en terre d'islam est hélas une réalité qui dure comme le montre l'anthropologue Malek Chebel.

Islam et esclavage

Le Coran, texte sacré de l'islam, entérine l'existence de l'esclavage (voir la sourate XVI, Les abeilles) tout comme d'ailleurs les textes bibliques. Notons que le premier muezzin désigné par le Prophète pour l'appel à la prière est un esclave noir du nom de Bilal originaire d'Éthiopie.
La loi islamique ou charia, qui s'appuie sur le Coran et les dits du prophète (hadiths), considère qu'en pays d'islam, seuls sont esclaves les enfants d'esclaves et les prisonniers de guerre. Elle autorise d'autre part la réduction en esclavage de quiconque provient d'un pays non musulman (si un esclave vient à se convertir, il n'est pas affranchi pour autant).
Très tôt, du fait de la rapidité même de leurs conquêtes, les Arabes se heurtent à une pénurie d'esclaves. Ils ne peuvent asservir les populations des pays soumis à leur loi et se voient donc dans l'obligation d'importer en nombre croissant des esclaves des pays tiers, qu'ils soient ou non en voie d'islamisation.
Comme les chrétiens du haut Moyen Âge, ils s'abstiennent de réduire en esclavage leurs coreligionnaires mais cette règle souffre de nombreuses transgressions et l'on ne rechigne pas à asservir des musulmans, notamment noirs, au prétexte que leur conversion est récente (*).

Une économie fondée sur l'esclavage

L'esclavage devient rapidement l'un des piliers de l'économie de l'empire abasside de Bagdad du fait de très nombreuses prises de guerre et de l'avènement d'une très riche bourgeoisie urbaine. Pour s'en convaincre, il n'est que de lire Les Mille et Une Nuits, un recueil de contes arabes censés se dérouler sous le règne du calife Haroun al-Rachid, contemporain de Charlemagne.
Les harems du calife et des notables de Bagdad se remplissent de Circassiennes. Il s'agit de femmes originaires du Caucase et réputées pour leur beauté ; ces belles esclaves ont continué jusqu'au XXe siècle d'alimenter les harems orientaux en concurrence avec les beautés noires originaires d'Éthiopie. Pour les tâches domestiques et les travaux des ateliers et des champs, les sujets du calife recourent à d'innombrables esclaves en provenance des pays slaves, de l'Europe méditerranéenne et surtout d'Afrique noire. Ces esclaves sont maltraités et souvent mutilés et castrés.
D'autres esclaves et eunuques sont employés comme soldats et chefs de guerre par les différentes dynasties musulmanes, du Maroc aux Indes. Ces esclaves-là accèdent parfois à des fonctions élevées et parfois au pouvoir suprême. Ainsi en est-il des fameux Mamelouks d'Égypte, que Bonaparte devra combattre en 1798.
Eunuques  et castrats
Inventée et développée à grande échelle par la Chine impériale, exportée dans les pays musulmans et jusqu'en Italie (les castrats), l'exploitation des eunuques (hommes castrés) est l'une des formes d'esclavage les plus inhumaines qui soient.
Elle poursuit deux objectifs principaux : empêcher que les esclaves étrangers ne fassent souche ; éviter les relations sexuelles entre les femmes des harems et leurs serviteurs. Les castrats sont aussi recherchés par les mélomanes pour leur voix à la fois puissante et très aigüe.
La castration consiste en l'ablation des parties génitales, soit totale, soit limitée aux testicules (pour empêcher la reproduction). Elle est le plus souvent pratiquée à la pré-adolescence et se solde par une mortalité effroyable.
Les esclaves mâles originaires d'Afrique noire sont généralement castrés en Égypte par des moines coptes pour le compte des trafiquants musulmans. À l'époque carolingienne, les captifs slaves destinés aux marchés orientaux sont quant à eux castrés à Verdun, principal marché d'étape de ce trafic.

Esclaves blancs en terre d'islam

Dans les premiers temps de l'islam, les notables de Bagdad s'approvisionnent en esclaves blancs auprès des tribus guerrières du Caucase mais aussi auprès des marchands vénitiens qui leur vendent des prisonniers en provenance des pays slaves, encore païens.
À la fin du Moyen Âge, comme le vivier slave s'épuise du fait de la christianisation de l'Europe orientale, les musulmans se tournent vers les pirates qui écument la Méditerranée. Ces derniers effectuent des razzias sur les villages côtiers des rivages européens, y compris même dans l’océan Atlantique jusqu’aux limites du cercle polaire. En 1627, des barbaresques algérois lancent un raid sur l’Islande et en ramènent 400 captifs. Le souvenir des combats livrés par les habitants à ces pirates perdure dans... la tête de prisonnier maure qui sert d'emblème à la Corse.
On évalue à plus d'un million le nombre d'habitants enlevés en Europe occidentale entre le XVIe et le XVIIIe siècle, au temps de François 1er, Louis XIV et Louis XV. Ces esclaves, surtout des hommes, sont exploités de la pire des façons dans les orangeraies, les carrières de pierres, les galères ou encore les chantiers d'Afrique du nord (*). Des organisations chrétiennes déploient beaucoup d'énergie dans le rachat de ces malheureux, tel Miguel de Cervantès ou plus tard Saint Vincent de Paul.
En Europe orientale et dans les Balkans, pendant la même période, les Ottomans prélèvent environ trois millions d'esclaves.
Jusqu’au début du XIXe siècle, les princes de la côte nord-africaine tirent eux-mêmes de grands profits de la piraterie en imposant de lourds tributs aux armateurs occidentaux en échange de la garantie que leurs navires ne seraient pas attaqués par les pirates. En 1805, le président américain Thomas Jefferson lance une expédition navale contre le dey de Tripoli, en Libye, pour l’obliger à renoncer à ce rackett. Le dey d’Alger le poursuivra quant à lui jusqu’à la conquête française en 1830.

Esclaves noirs en terre d'islam

Si la traite des esclaves blancs a rapidement buté sur la résistance des Européens, il n'en a pas été de même du trafic d'esclaves noirs en provenance du continent africain.
La traite arabe commence en 652, vingt ans après la mort de Mahomet, lorsque le général arabe Abdallah ben Sayd impose aux chrétiens de Nubie (les habitants de la vallée supérieure du Nil) la livraison de 360 esclaves par an. La convention, très formelle, se traduit par un traité (bakht) entre l'émir et le roi de Nubie Khalidurat.
Ce trafic ne va cesser dès lors de s'amplifier. Les musulmans « blancs » de la frange sahélienne (Peuls, Touaregs, Toubous etc) multiplient les attaques contre les villages des Bantous de la forêt et enlèvent les meilleurs éléments pour les vendre aux habitants de l'empire ottoman ou du Maroc.
Les spécialistes évaluent de douze à dix-huit millions d'individus le nombre d'Africains victimes de la traite arabe au cours du dernier millénaire, du VIIe au XXe siècle. C'est à peu près autant que la traite européenne à travers l'océan Atlantique, du XVIe siècle au XIXe siècle.
Le trafic suit d'abord les routes transsahariennes. Des caravanes vendent, à Tombouctou par exemple, des chevaux, du sel et des produits manufacturés. Elles en repartent l'année suivante avec de l'or, de l'ivoire, de l'ébène et, donc, des esclaves pour gagner le Maroc, l'Algérie, l'Égypte et, au-delà, le Moyen-Orient. Au XIXe siècle se développe aussi la traite maritime entre le port de Zanzibar (aujourd'hui en Tanzanie) et les côtes de la mer Rouge et du Golfe persique.
Le sort de ces esclaves, razziés par les chefs noirs à la solde des marchands arabes, est dramatique. Après l'éprouvant voyage à travers le désert, les hommes et les garçons sont systématiquement castrés avant leur mise sur le marché, au prix d'une mortalité effrayante, ce qui fait dire à l'anthropologue et économiste Tidiane N'Diyae : « Le douloureux chapitre de la déportation des Africains en terre d'Islam est comparable à un génocide. Cette déportation ne s'est pas seulement limitée à la privation de liberté et au travail forcé. Elle fut aussi - et dans une large mesure- une véritable entreprise programmée de ce que l'on pourrait qualifier d'"extinction ethnique par castration" » (*).
Les contes des Mille et Une Nuits, écrits au temps du calife Haroun al-Rachid (et de Charlemagne), témoignent des mauvais traitements infligés aux esclaves noirs et du mépris à leur égard (bien qu'ils fussent musulmans comme leurs maîtres).
Ce mépris, légitimé par la malédiction de Cham, a perduré au fil des siècles. Ainsi peut-on lire sous la plume de l'historien arabe Ibn Khaldoun (1332-1406) : « Il est vrai que la plupart des nègres s'habituent facilement à la servitude ; mais cette disposition résulte, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, d'une infériorité d'organisation qui les rapproche des animaux brutes. D'autres hommes ont pu consentir à entrer dans un état de servitude, mais cela a été avec l'espoir d'atteindre aux honneurs, aux richesses et à la puissance » (Les Prolégomènes, IV). Ces propos précèdent de deux siècles la traite atlantique des Occidentaux.
Esclavage et décadence
Les contingents très importants de main-d'oeuvre servile ont contribué à la stagnation économique du monde musulman en décourageant l'innovation technique et sociale. Ils ont causé aussi de nombreux troubles. C'est ainsi qu'à la fin du IXe siècle, la terrible révolte des Zendj (ou Zenj, d'un mot arabe qui désigne les esclaves noirs), dans les marais du sud de l'Irak, a entraîné l'empire de Bagdad sur la voie de la ruine et de la décadence.
« Comparé à la traite des Noirs organisée par les Européens, le trafic d'esclaves du monde musulman a démarré plus tôt, a duré plus longtemps et, ce qui est plus important, a touché un plus grand nombre d'esclaves », écrit en résumé l'économiste Paul Bairoch (*). Cet auteur note qu'il ne reste plus guère de trace des esclaves noirs en terre d'islam en raison de la généralisation de la castration, des mauvais traitements et d'une très forte mortalité, alors que leurs descendants sont au nombre d'environ 70 millions sur le continent américain (*).
Alban Dignat

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BRINGER, Rodolphe – Dranem, Chérau Et Cora Laparcerie – Concours De Natation

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 20min | Genre : Nouvelles

Cora Laparcerie
Rodolphe Bringer fut journaliste au Canard enchaîné, a rédigé moult articles, nouvelles et romans (une vingtaine accessible sur notre site) et ne se départit jamais de son humour.
Dranem, Chérau et Cora Laparcerie nous rappelle que la publicité, « la réclame » en France avant les années 1940 était presque inexistante comparée aux advertisers Américains. Nous les avons rattrapés !!
« Et je vous assure que si le Directeur de l’Eldorado venait me proposer :
- Dites donc, Bringer, vous avez écrit quelques romans qui ont eu du succès ! Voulez-vous venir chanter les Petits Pois chez moi !
Petits Pois chez moi !
Eh bien, franchement, je refuserais, et je m’étonne que Dranem n’en ait pas fait autant ! »
Concours de natation est une riche galéjade de l’auteur né à Mondragon qui mourut en 1943 dans sa chère retraite de Gonfle-Boufigue, alias Pierrelatte dans la Drôme, où ont lieu le concours et « le truc » de Rosine.
Illustration : Cora Laparcerie en 1923 (Source : Gallica).
Dranem, Chérau et Cora Laparcerie.
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SCHOLL, Aurélien – Le Miracle De Montargis – Paternité Légale

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 30min | Genre : Nouvelles

Marie-Louise Villers - Jeune Femme dessinant (1801)
Pour connaître le genre d’esprit humoristique d’Aurélien Scholl (1833-1902), vous pouvez consulter les citations de Demoiselle à marier. Nous le retrouvons dans Le Miracle de Montargis, où il se moque un tantinet des apparitions, mais Paternité légale, extrait du même recueil Fleurs d’adultère(1880), est au contraire l’exposé d’un problème sérieux à l’origine de graves conflits familiaux.
Le Miracle de Montargis.
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BRINGER, Rodolphe – Joséphin Enterre Sa Vie De Garçon – Le Bel Héritage

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 22min | Genre : Nouvelles

Joséphin enterre sa vie de garçon
Quelques phrases suffisent à donner le ton de Joséphin enterre sa vie de garçon :
« Et, en somme, tout se fut passé le mieux du monde si cet animal de Fenouillet n’eut amené Marie la Passoire, qui est, comme vous ne l’ignorez pas, l’hétaïre la plus haut cotée de Roubionas, et si la dite Marie la Passoire n’eut pas voulu faire profiter de cette petite fête sa nièce qu’elle éduquait, disait-on, en vue de lui laisser sa riche clientèle, car elle était d’âge à se retirer personnellement des affaires. »
Les mœurs de Le Bel Héritage ne sont pas plus reluisantes et Bringer y ajoute les petits calculs financiers et coquins de la région de Montélimar.
« Quand leur vieille cousine Péroline mourut, les Fardayat se réjouirent dans leur cœur, car ils pensèrent hériter d’elle. [...] La Flavie Fardayat ruinait son mari en toilettes et en fanfreluches, et il avait beau travailler, il n’était pas plus riche qu’avant, heureux encore de fournir à la Flavie tout ce dont elle avait besoin, de façon qu’elle ne fut pas obligée de s’adresser a d’autres, et vous savez à quels prix, pour s’offrir ce qu’il lui fallait ! Aussi de tous temps Fardayat s’était dit comme cela : « Quand la cousine Péroline mourra, j’hériterai d’elle, vu que nous sommes ses seuls parents. »»
Joséphin enterre sa vie de garçon.
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O. HENRY – Le Calife, Cupidon Et L’horloge

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 22min | Genre : Nouvelles

Frank Beard - Poor People's Parks
Notre bien connu humoriste américain O. Henry est capable de faire pleurer Margot (cf. notre récente La Dernière Feuille) comme de faire rire Pantagruel dans Le Calife, Cupidon et l’horloge.
« – Attendez, dit-il solennellement, que neuf heures aient sonné. J’ai, plus que le reste des hommes, de la fortune, du pouvoir, et de la science, mais je suis toujours un peu effrayé quand j’entends sonner l’horloge. Restez près de moi jusqu’après la sonnerie de neuf heures. Cette femme sera vôtre, le Prince héréditaire de Valleluna vous en donne sa parole. Le jour de votre mariage, je vous ferai présent de cent mille dollars et d’un palais sur l’Hudson. Mais à la condition qu’il n’y ait point en ce palais de ces damnées horloges, qui mesurent nos folies et limitent nos plaisirs. Êtes-vous d’accord ?
- Bien sûr ! fit le jeune homme gaiement. Les horloges sont insupportables, de toute façon, avec leur tic-tac et leur carillon, et leur manie de vous faire arriver en retard pour dîner.
Il jeta les yeux vivement sur l’horloge de la tour : il était neuf heures moins trois. »
Traduction : F.R.
Le Calife, Cupidon et l’horloge.
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CHAVETTE, Eugène – Un Ami De Trente Ans – L’Amant De Cœur

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 25min | Genre : Nouvelles

Un ami de trente ans
Prolongeons le premier avril avec deux nouvelles de l’humoriste facétieux Eugène Chavette.
Dès le début de Un ami de trente ans on sent très bien que le poulet truffé ne va pas rester longtemps intact et c’est avec une grande subtilité que Chavette nous fait parcourir les diverses étapes, « truffées » de mauvaise foi, des deux gourmands ! Plus vrai que nature !
Tout au contraire, on ne s’attend pas à l’issue deL’Amant de cœur qu’on croyait une histoire d’amour à quatre personnages ! Mais chut !
Un ami de trente ans.
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DIVERS – Fritures D’archives À La Sauce Pastiche

Donneurs de voix : Projet collectif | Durée : -h –min | Genre : Humour

Poisson d'Avril 2013
Nous vous proposons de passer cette journée de premier avril avec le sourire grâce à notre sélection de récréations littéraires et de pastiches, sans oublier quelques poissons…

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ROORDA VAN EYSINGA, Henri – Le Roseau Pensotant (Première Sélection)

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 47min | Genre : Nouvelles

Parapluies
Voici le quatrième enregistrement d’Henri Roorda (1870-1926), né à Bruxelles et ayant vécu en Suisse.
Le Roseau pensotant (1923) compte une quarantaine de textes humoristiques dont nous lisons les dix premiers écrits dans une langue caustique et acerbe.
Quand on lit certains de ces récits (pour ne pas dire tous), on y voit le reflet très fidèle de notre temps où nous sommes sans arrêt sollicités comme consommateurs et notre désir de de posséder toujours plus.
Un exemple de dérision sur un autre sujet :
« Nous pousserions des cris d’horreur si nous apprenions que, dans les États scientifiquement organisés du vingt et unième siècle, chaque citoyen devra épouser le « numéro » correspondant à son billet de loterie. Nous nous représentons les désespoirs affreux qui éclateraient au moment de la confrontation. Il y aurait aussi beaucoup de résignés. Mais toutes les surprises du mariage ne seraient pas désagréables. Et, en somme, dans des millions de ménages, après vingt ans de vie commune, les conversations seraient ce qu’elles sont aujourd’hui, sous le régime du libre choix. »
La lecture désopilante de ces billets nous fait penser, mais surtout « pensoter » en riant ou l’inverse !
Écouter un extrait : Préface.
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ALLAIS, Alphonse – Ne Nous Frappons Pas (Sélection)

Donneur de voix : René Depasse | Durée : 30min | Genre : Nouvelles

Postes et télégraphes
Une demi-heure divertissante portant surtout sur les mots… Postes et télégraphes est extrait de Vive la vie ! et les cinq autres textes de Ne nous frappons pas, par la Revue blanche en 1900.
Deux questions très à la mode soulevées par Alphonse Allais :
I
« Quand on est lancé dans la voie glissante de la publicité, bien malin celui que dirait où l’on s’arrêtera. »(Où s’arrêtera la publicité ?)
II
« Prenons, par exemple, le cas de l’omnibus Batignolles-Clichy.
En 1889, date de la précédente Exposition universelle, ladite ligne a transporté 9847433,17 voyageurs.
Il est clair, disent ces messieurs, qu’en l’an 1, ladite ligne en aurait transporté 1889 fois moins.
Et non moins clair, qu’en 1900 elle transportera 1900 fois plus.
Il n’y a donc plus qu’à exécuter une simple règle de 3 et à accomplir ce petit calcul :
9847433,17 multiplié par 1900 et divisé par 1889.
Un bébé de vingt mois tant soit peu précoce se tirerait facilement d’une opération aussi limpide.
Et le plus curieux, c’est que les résultats ainsi obtenus sont généralement couronnés de succès. » (Un peu de statistique)
Écouter un extrait : Postes et télégraphes.
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