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vendredi 28 octobre 2016

L’immortel comte de Saint-Germain !

          L’immortel comte de Saint-Germain           


C’est un trait curieux du caractère humain que de considérer les étrangers et l’inconnu comme un danger. Ce trait rend l’homme soupçonneux et inquiet en face de tout nouveau venu qui ne se conforme pas au mode de penser et aux règles de conduite établis.
Lorsque le comte de Saint-Germain, parut en Angleterre, en 1745, il ne fut pas surprenant qu’un honorable Anglais conformiste comme l’était Horace Walpole, ait donné de lui le portrait suivant : « Il chante et joue du violon à merveille, il compose, il est fou et déraisonne. »Certaines encyclopédies vont plus loin encore dans leur jugement sur ce personnage mystérieux et le traitent, simplement, « d’aventurier ». Mais il y a un abîme entre l’épithète dont on affuble un homme et l’étude objective de sa vie et de sa nature. La plupart des commentaires défavorables sur Saint-Germain ont des sources politiques.

Pour la police française, il fut un espion prussien. D’autres services secrets européens le soupçonnèrent d’être à la solde de la Russie ou des jacobites anglais. Toutefois, ainsi que l’écrivit Lord Holdernesse à Mitchell, l’ambassadeur d’Angleterre en Prusse : « Son interrogatoire ne fit apparaître aucune preuve matérielle. »
Voltaire, l’un des plus grands esprits qui aient illustré le brillant XVIIIe siècle, avait une opinion définitive sur le comte de Saint-Germain : « C’est un homme qui sait tout », disait-il.


Dans les Mémoires de mon temps qu’écrivit le prince Karl Von Hesse-Kassel, grand ami et disciple de Saint-Germain, il estime que le comte est « l’un des plus grands philosophes qui aient jamais existé ». [1]
Le comte Johann Karl Phillip Cobenzl (1712-1770), ambassadeur d’Autriche à Bruxelles, avait aussi une très haute opinion de Saint-Germain : « Il sait tout, disait-il et il montre une droiture et une bonté d’âme qui forcent l’admiration. » [2]
Notre incursion dans la vie de Saint-Germain aborde ses réalisations scientifiques, c’était un maître des sciences anciennes dont nous pouvons discerner les traces dans l’histoire et la légende. Ce fut le maréchal de Belle-Isle qui présenta le comte de Saint-Germain à Mme de Pompadour et à Louis XV en 1749. Le roi s’ennuyait ; la marquise vit en cet étranger un moyen de le distraire. Le comte eut, sur l’alchimie, la science et autres sujets, plusieurs longs entretiens avec le roi et sa favorite.
Stéphanie-Félicité, comtesse de Genlis (1746-1830), pédagogue qui écrivit plus de 80 volumes et reçut une pension de Napoléon I, disait dans ses Mémoires (Paris, 1825),que Saint-Germain « était fort instruit en physique et grand chimiste ». « Mon père », ajoutait-elle, « très qualifié pour en juger, était sur ce point un grand admirateur de ses capacités. » [3]


Saint-Germain, le grand alchimiste

Sans aucun doute, le comte de Saint-Germain n’était pas seulement bon chimiste, mais aussi parfait alchimiste. On lit dans le London Chronicle du 3 juin 1760 : « En toute justice nous pouvons dire que cet homme doit être considéré comme un étranger inconnu mais inoffensif, il a des ressources dont la provenance est inexplicable mais qui lui permettent de mener grand train. Venant d’Allemagne, il parvint en France avec la réputation éclatante d’un alchimiste qui possède la poudre secrète et, de ce fait, la médecine universelle. On murmura que l’étranger pouvait faire de l’or. Le pied sur lequel il vit paraît confirmer cette rumeur. »
La collection de diamants et de pierres précieuses du comte augmentait encore sa réputation d’alchimiste. Le baron Charles-Henri de Gleichen, diplomate danois en France, publia dans Mercure étranger, Paris (1813), le récit des rencontres qu’il eut avec Saint-Germain. Au cours de l’une d’elles « il me montra », dit-il, « une quantité de gemmes et surtout des diamants de couleur, d’une grandeur et d’une perfection extraordinaires. Je crus voir les trésors d’Aladin, possesseur de la lampe merveilleuse ». [4]
De nombreux épisodes attestent l’habileté de Saint-Germain dans la transmutation des métaux. Lorsque le marquis de Valbelle lui rendit visite dans son laboratoire, l’alchimiste lui demanda une pièce d’argent de six francs. Après l’avoir enduite d’une substance noirâtre, il la soumit au feu ; quelques minutes plus tard, le comte retira la pièce du four et quand elle fut refroidie, elle n’était plus en argent, mais en or fin. [5]


Casanova relate une expérience semblable dans ses Mémoires : « Le comte me demanda si j’avais sur moi quelque monnaie. Je pris plusieurs pièces et les mis sur la table. Il se leva et sans me dire ce qu’il allait faire, prit un charbon ardent, le posa sur une plaque de métal et plaça une pièce de douze sols sur le charbon après avoir posé sur la monnaie un grain de poudre noire. Le comte alors souffla dessus et en deux minutes elle parut incandescente. “ Attendez, me dit-il, laissez-la refroidir. ” Elle refroidit presque instantanément. “ Prenez-la, elle est à vous ”, dit l’alchimiste. Je pris la pièce de monnaie et vis qu’elle était changée en or. » [6]
Casanova resta toutefois quelque peu sceptique sur cette transmutation, mais l’histoire est de celles qui méritent l’attention. Le comte de Cobenzl fut aussi témoin, chez Saint-Germain, de « la transmutation d’un morceau de fer en un métal aussi beau que l’or et au moins aussi propre aux travaux d’orfèvrerie ».
Lorsqu’un chapelain de la cour de Versailles demanda soupçonneusement à Saint-Germain s’il ne s’adonnait pas à la magie noire, celui-ci répliqua que son laboratoire ne comportait rien de surnaturel et qu’il était lui-même un chercheur sérieux dont les découvertes étaient déjà utiles à l’humanité.
Si la pierre philosophale servit à l’alchimiste à fabriquer de l’or et des diamants, elle lui permit aussi de confectionner une eau de Jouvence.


De nombreux écrits, issus de personnes ayant connu Saint-Germain, indiquent qu’il possédait un élixir dont il fit présent à certains, en de rares occasions.
Dans une lettre à Frédéric le Grand, Voltaire fait une allusion significative à la longévité du comte : « Il aura probablement, écrit-il, l’honneur de voir Votre Majesté au cours des cinquante prochaines années. » L’examen des documents contemporains, lettres, mémoires, articles de presse, permettra peut-être de tirer une conclusion sur le pouvoir qu’eut Saint-Germain de conserver vigueur et jeunesse au-delà des limites assignées à l’homme.
Notre premier témoin, le baron de Gleichen (1735-1807) rapporte dans ses Mémoires qu’il a entendu « Rameau et une vieille parente d'un ambassadeur de France à Venise, attester avoir connu M. de Saint-Germain en 1710, quand il avait l’apparence d’un homme de cinquante ans ». Jean-Philippe Rameau (1683-1764) est le célèbre compositeur d’opéras et de ballets. [7]


De leur côté, le maréchal de Belle-Isle et Mme du Hausset décrivent deux scènes qui soulignent de façon typique l’intérêt que Saint-Germain avait suscité chez Mme de Pompadour par sa réputation de perpétuelle jeunesse. [8]
« — Vous prétendez donc avoir fabriqué un élixir de Jouvence ? dit la favorite.
— Ah ! madame, répond le comte, toutes les femmes désirent l’élixir de jeunesse et tous les hommes convoitent la pierre philosophale ; les unes, la beauté éternelle, les autres, l’éternelle fortune.
— Quel âge avez-vous ?
— Quatre-vingt-cinq ans, peut-être !
— Vous ne m’abuserez pas, monsieur de Saint-Germain, j’en saurai davantage sur vos prétentions, s’exclama la marquise. J’ai déjà démasqué maints imposteurs et charlatans.
— L’homme qui est devant vous est votre égal, madame, risposta fièrement Saint-Germain. Avec votre permission, souffrez que je me retire. »
L’âge de l’alchimiste fut une nouvelle fois discuté en 1758 et Mme du Hausset consigna le débat mot pour mot : 
« — Vous ne nous dites toujours pas votre âge, remarque la Pompadour, et vous vous donnez pour fort vieux. La comtesse de Gergy, qui était ambassadrice à Venise il y a cinquante ans, je crois, dit vous y avoir connu tel que vous êtes aujourd’hui.
— Il est vrai, Madame, que j’ai connu Mme de Gergy il y a bien longtemps.
— Mais suivant ce qu’elle dit, vous auriez plus de cent ans à présent !
— Ce n’est pas impossible, dit le comte en riant, mais je conviens qu’il est possible que cette dame, que je respecte, radote.
— Elle dit que vous lui avez donné un élixir aux effets merveilleux, elle prétend qu’elle a longtemps paru n’avoir que 24 ans. Pourquoi n’en donneriez-vous pas au roi ? questionna la marquise.
— Ah ! madame, s’écria-t-il avec une sorte d’effroi, que je m’avise de donner au roi une drogue inconnue ! Il faudrait que je fusse fou ! »

Refusant de donner son élixir à Louis XV, Saint-Germain n’en prépara pas moins des crèmes de beauté très efficaces dont la Pompadour fut enchantée.

Chronologie, selon les sources de l'époque

Les réminiscences de Rameau et de Mme de Gergy placent notre alchimiste à Venise en 1710. A cette date, il paraît avoir environ cinquante ans. Il était donc né vers 1660 et en 1758, comme le disait la marquise, il frisait la centaine.




De 1737 à 1742, Saint-Germain est l’hôte très honoré du shah de Perse.
En 1745, l’auteur anglais Horace Walpole écrit à Mann résidant à Florence : « L’autre jour fut saisi un curieux homme qui vit sous le nom de comte de Saint-Germain. Il est à Londres depuis deux ans. »
Le prince Ferdinand Lobkowitz reçoit le comte à Vienne sous son toit au cours des années 1745-1746.
En 1749 il arrive à Paris sur l’invitation du maréchal de Belle-Isle qui, nous l’avons vu, l’introduit à la cour de Versailles.
En 1750, l’éditeur Walsh, de Londres, publie la musique pour violon composée par Saint-Germain, ce qui nous fournit encore une date précise pour établir la biographie du personnage. [9]
En 1756, le général Robert Clive, fondateur de la colonie britannique des Indes, rencontre Saint-Germain dans ce lointain pays.
Le London Chronicle, en 1760, publie un article qui montre l’intérêt que l’éternelle jeunesse du comte avait fait naître en Angleterre : « Personne », y est-il dit, « ne peut plus douter de ce qui parut tout d’abord une chimère ; il était réputé avoir, indépendamment de son autre grand secret, un remède pour tous les maux et même les infirmités par lesquelles le temps triomphe de l’organisme humain. »


Le comte réside à Saint-Pétersbourg en 1762 et prend part au coup d’Etat qui place la Grande Catherine sur le trône de Russie. A la fin de la même année, et en 1763, il est à Chambord, plongé dans ses expériences chimiques et alchimiques. Sa trace est retrouvée à Berlin, en 1768, et l’année suivante, son passage est signalé en Italie, en Corse et à Tunis.
En 1770, il est l’hôte du comte Orlov lorsque la flotte russe est au mouillage à Livourne (Italie). Saint-Germain porte alors l’uniforme de général russe et les frères Orlov ont toujours parlé du rôle important qu’il joua dans la révolution de palais dont la Grande Catherine fut la bénéficiaire. Durant les années 70, le comte séjourne en Allemagne où il participe aux activités des francs-maçons et rose-croix avec son protecteur, ami et disciple, le prince Karl de Hesse-Kassel.
Les registres de l’église d’Eckernfôrde, en Allemagne, renferment le procès-verbal suivant : « Décédé le 27 février, enterré le 2 mars 1784, celui qui se donnait le nom de comte de Saint-Germain et Weldon, sur lequel on n’a pas d’autres renseignements, a été inhumé dans l’église de notre ville. »


Le document paroissial qui ne dit pas où le comte était né n’indique pas davantage la véritable identité du « soi-disant comte de Saint-Germain ». Mais si nous nous référons à Rameau et à la comtesse de Gergy, il aurait eu 124 ans au moment de son décès !
Toutefois, un an après cette mort officiellement enregistrée, nous trouvons le mystérieux personnage participant à une réunion maçonnique ! Le Freimauer Brüderschaft in Frankreich insère cette notice : « Parmi les francs-maçons invités à la grande conférence de Wilhelmsbad le 15 février 1785, nous trouvons Saint-Germain et Saint-Martin parmi beaucoup d’autres. » [10]
La comtesse de Genlis, déjà cité plus haut, consigne un fait extravagant dans ses Mémoires — elle aurait rencontré le comte à Vienne en 1821 ! Peu après cette date, le comte de Châlons, ambassadeur de France à Venise, prétend également avoir tenu une conversation avec l’immortel Saint-Germain sur la place Saint-Marc. Si, dans cette même Venise et d’après le témoignage de Mme de Gergy, le comte paraissait avoir la cinquantaine en 1710, nous pouvons calculer qu’en 1821 il aurait eu 161 ans !
Le grand âge et l’extrême verdeur du comte de Saint-Germain sont une réalité qui ne peut s’expliquer sans admettre l’hypothèse de la pierre philosophale. Le grand Voltaire aurait-il eu raison qui disait de l’alchimiste : « C’est un homme qui ne meurt jamais » ? [11]

La Très Sainte Trinosophie


L’unique manuscrit qui nous soit parvenu du comte de Saint-Germain est la Très Sainte Trinosophie dont l’original est à la bibliothèque de Troyes.
Le document renferme des illustrations symboliques et un texte hermétique. La section 5 contient quelques axiomes étranges : « La vélocité avec laquelle nous parcourions les espaces aériens ne peut être comparée à rien qu’à elle-même. En un instant j’eus perdu de vue les plaines au-dessous de moi. La terre me semblait un vague nuage. J’avais été emporté à une effroyable hauteur. Je roulai très longtemps à travers l’immensité. Je vis les globes tourner autour de moi et les terres graviter à mes pieds. » [12]
Sans trop d’imagination, le passage suggère un long vol spatial au cours duquel la Terre devient minuscule, ainsi qu’elle le parut aux équipages d’Apollo. Mais Saint-Germain dut aller plus loin que la Lune car il semble avoir atteint les planètes.
Transmutation, prolongement de la vie, voyage spatial, conquête du temps sont les frontières de la science et l’on peut admettre que le comte de Saint-Germain avait accès à la fontaine secrète du savoir.

Notes :

[2] Graf Philipp Cobenzl und seine Memoiren (1885) : Cet homme parut à Bruxelles sous le nom de comte de Surmont [...], pp. 84-85.
[3] Mémoires de Madame de Genlis: en un volume, Firmin Didot Frères, 1857, p. 26.
[5] Souvenirs sur Marie Antoinette... et sur la cour de Versailles, Volume 1, Étienne Léon Lamothe-Langon, 1836, p. 297.
[6] Mémoires du Vénitien J. Casanova de Seingalt, Volume 12, Giacomo Casanova, 1828. p.68.
[7] Souvenirs de Charles-Henri, baron de Gleichen, L. Techener fils, 1868, p. 126.
[9] Sonatas for two violins with a bass for the harpsicord or violoncello, Saint-Germain (Le Comte de), [J. Walsh] (London), 1750.
[10] Freimaurer Brüderschaft in Frankreich, Latomia, Vol. ii., p. 9.


L'histoire occultée de Christophe Colomb !

L'histoire occultée de Christophe Colomb : entre magie, kabbalisme et grand maître du Temple 


L'Histoire, avec une majuscule, dont les livres classiques, les journaux et la télévision donnent une image intentionnellement déformée, peut néanmoins être partiellement appréhendée à travers les écrivains dits hérétiques et les écrits dits apocryphes.
C'est le cas pour la venue des « anges » de la Genèse que l'on trouve exposée en neuf lignes dans la Bible... et en cent cinq chapitres dans le Livre d'Enoch !
C'est le cas de la plupart des grands événements à résonance politique : la peur de l'an mille, les croisades, la Révolution de 1789, la guerre 1940-1945... c'est le cas de l'aventure prodigieuse qui eut Christophe Colomb pour héros.

En a-t-on écrit des livres et des livres sur Colomb ! A croire que tout ce qui avait trait à sa personne physique et morale, à ses ambitions, à ses desseins et à ses réussites avait été dit et redit ! Et puis, voilà qu'à l'instar de Galilée en 1633, un véritable historien : Salvador de Madariaga, lançait un pavé dans la mare aux crapauds et faisait imprimer, en Angleterre d'abord, en France ensuite, la véritable histoire de Christophe Colomb.
Une histoire à couper le souffle aux sicaires de la Conjuration, qui ne manquèrent pas d'organiser une sorte de black-out sur le livre hérétique.


Salvador de Madariaga (1886-1978)

L'aventure de Galilée recommençait en 1968. Salvador de Madariaga méritait largement le sort qu'on lui souhaitait – le bûcher – pour la simple raison qu'il avait le toupet d'exposer une thèse contraire à celle des historiens patentés.

Le paradis terrestre

Selon Madariaga, Colomb ou Colon aurait dit à Fraï Juan Pérez qu'il était déjà allé aux Indes Occidentales dont un pilote inconnu lui avait révélé la route maritime. Au XVe siècle, les chercheurs d'aventures et les poètes rêvaient d'îles fabuleuses : Antilia ou les Sept Cités, San Brandan, Brazil, la Mano Satanaxia, etc, qu'ils situaient dan la Mer Ténébreuse, bien au-delà des colonnes d'Hercule.
On les appelait isles Fortunées et beaucoup d'Occidentaux, dont Christophe Colomb, pensaient qu'elles étaient le Paradis terrestre de la Bible et aussi... le réceptacle de prodigieuses gemmes et de pépites d'or non moins alléchantes.C'était l'époque où le Le Livre des Merveilles, de Jean de Maudeville, enfiévrait les imaginations en contant qu'il existait de par le monde des hommes sans tête, des diables perchés sur des montagnes et qui vomissaient le feu par leur gueule, des monstres ailés assez puissants pour enlever un éléphant dans leurs serres, des mers tropicales si bouillantes qu'elles cuisaient vifs les poissons.



Colomb croyait-il à ces rêves et à ces sornettes ?
Nul ne saurait dire jusqu'à quel point il était victime de la grande illusion des isles atlantiques, mais incontestablement il espérait trouver aux Indes de l'Ouest, ce qui était le plus important pour lui : l'or, les pierres précieuses et la gloire. Peut-être, aussi, croyait-il à l'existence de ce Paradis terrestre occidental que certifiaient les mythologies de l'Egypte, de l'Irlande et du pays de Sind. Il a écrit que la Terre n'était pas ronde mais en forme de poire avec, sur un côté, un mamelon en forme de sein de femme.La pointe de ce sein située dans la zone équatoriale était la partie du globe la plus proche du ciel et Colomb pensait que là devrait se trouver le Paradis décrit dans la Genèse.
« Personne ne peut atteindre ce Paradis terrestre, écrivait-il, sauf par la Volonté divine ».
Or, señor Gloriso, comme on l'appelait alors, ne se prenait pas pour le premier venu !
Ce converso plus ou moins acquis au christianisme avait les qualités et défauts de sa race. Il était intelligent, âpre au gain et se jugeait supérieur au reste de l'humanité.



S'adressant à ses souverains, il écrivait :
« Ayant expulsé les Juifs, vous m'avez envoyé dans l'Inde et vous m'avez fait grand amiral. Ayant abaissé ma race, vous m'avez élevé »En fait, Colomb était à la fois aussi mauvais juif que mauvais chrétien et, en dépit de son mérite de découvreur, on est gêné de déceler en lui un héros cupide, sans coeur et parfois malhonnête.

La carte de Toscanelli

On croit en effet que Colomb entreprit son voyage après avoir dérobé la carte du physicien florentin Paolo del Pezzo Toscanelli.


Paolo Toscanelli (1397-1482)

Le 25 juin 1474, Toscanelli envoya au chanoine portugais Fermâo Martins (ou de Roritz) une carte de géographie où il avait tracé la route « menant vers l'Inde par l'océan occidental », avec indication des lieux, des pôles, de la ligne équatoriale et des distances.
« Vous pouvez entreprendre le voyage vers l'ouest, écrivait le Florentin... et atteindre ces régions, les plus fertiles en toutes sortes d'épices, de joyaux et de pierres précieuses...
Car tous ceux qui navigueront vers l'ouest dans l'hémisphère le plus haut, trouveront les dits chemins vers l'ouest, et tous ceux qui navigueront vers l'est par voie de terre dans l'hémisphère le plus haut, trouveront toujours la même terre à l'est ».


Restitution hypothétique de la carte du monde perdu par Paolo Toscanelli (1474)


Carte et commentaires étaient à destination finale du roi Alfonse Ier et nous avons de bonnes raisons de penser que le souverain, sur la foi des thèses de Toscanelli, envoya plusieurs fois à « Brazil » des pilites qui lui rapportèrent de l'or et des pierres précieuses.
Ces marins transatlantiques devaient obligatoirement prendre leur retraite dans l'île la plus lointaine de l'empire, à Madère, où comme par hasard, Colomb en 1474 alla épouser la señorita Perestrello ou Palestrello, fille d'un de ces pilotes et héritière de ses cartes et de ses documents.

De plus, c'est grâce à la lettre de Toscanelli, qu'en novembre 1475, Fernâo Telles fut crédit du gouvernement du royaume des Sept Villes, que l'on présumait devoir exister quelque part vers San Brandan et Antilia ! Il est probable, sinon certain, que Colomb, dénicheur, fureteur comme il l'était, et possédé du démon du voyage océanique, a dû lire cette lettre fameuse et s'en inspirer.

Salvador de Madariaga s'étonne que Colomb se soit enfui du Portugal (en 1488 pensons-nous).
« Un homme qui a volé un document important doit s'enfuir ! Écrit-il. Colomb fabriqua la correspondance avec Toscanelli (qui était mort et ne pourrait par conséquent la renier)... afin de fournir des explications plausibles pour éviter qu'on en parle aux Portugais. »

Sous entendu : du vol de la carte géographique !


Carte de Toscanelli (1468)

A l'appui de cette assertion, Madariaga produit une lettre du roi Jean II qui assure « son ami particulier Christouon Colon » qu'au cours de son voyage, s'il revient au Portugal, il ne sera« point arrêté, retenu, accusé, renvoyé ou mis en demeure de répondre à aucune question, civile ou criminelle, d'aucune sorte »Quelle explication donner de cette étrange assurance ?
Colon était un voleur, écrit Madariaga. « Ne possédons-nous pas la preuve matérielle qu'il avait volé la lettre de Toscanelli ?... Il a volé le moyen d'aller dans le Nouveau Monde. »

Le mirage des isles Fortunées

L'affaire est extrêmement embrouillée. La célèbre... et douteuse carte de Piri Reïs serait une copie, à la fois des cartes dessinés par Colomb et de toutes celles qui, vers 1550, pullulaient en Europe.



Piri Reis aurait tracé sa carte en 1513. Dessinée sur une peau de gazelle, elle détaille les côtes occidentales de l'Afrique et les côtes orientales de l'Amérique du Sud.

Il nous paraît infiniment probable que Christophe Colomb ait eu connaissance des documents qui, au XVe siècle, circulaient entre les marins et les aventuriers qu'enfiévrait le mystère de la Mer Ténébreuse. C'était une véritable psychose, Jean de Mandeville avait écrit écrit : «  Un vaillant homme de notre pays, se partit jadis pour aller chercher le monde. Sy passa Ynde et oultre Ynde plus de 5 mille lieus et enuironna le monde par maintes saisons. »
En 1473, disent des chroniqueurs, un représentant de la couronne du Portugal,
Joano Corte-Real, aurait participé à une expédition vers le Nouveau Monde.


Corte-Real

Au retour, il aurait été nommé gouverneur des Açores « en récompense de sa découverte du Pays des Morues » qui était soit Terre-Neuve, soit le Labrador, c'est-à-dire la Terre Ferme, le contient américain. Colomb était au courant de ces découvertes et de ces relations. Il avait lu les théories sur les Indes Occidentales et Duarte Pacheco Pereira, exprimées dans Esmeraldo de Situ Orbio, laCosmologie de Ptolomée, le Livre des Merveilles de Jean de Maudeville, les écrits de Philippe de Beauvais mentionnant l'existence, au delà de l'océan, d'un nouveau monde encore inconnu, Le Livre de Marco Polo, les relations de voyage de Henri le Navigateur, etc.
Nous lui faisons confiance sur ce point : il a étudié tout ce qui se rapportait à son projet, vu et copié de nombreuses cartes marines, la mappemonde de Henricus Martelus Germanus, le Globe de Laon, et peut-être aussi les esquisses du Ponant ( couchant) : Cipango, Candia, Java Mayor, Java Minor, Anguana, Ceylan, Antilia, Brazil...


Carte du monde par Henricus Martelus Germanus

Le Winland et le Mexique avant Colomb

Les portulans et cartes qui faisaient autorité au XVe siècle, outre le globe de Martin Behaim (1492), se trouvaient à la bibliothèque grand-ducale de Weimar, à celles de Parme, de Genève, de Rome, de Venise et de Lisbonne. On consultait particulièrement les cartes vénitiennes des frères Pizzigani (1367), l'atlas d'André Bianco, les cartes des Génois Beccaria (1435), et Bartholomeo de Pareto (1455), et celle d'Andrea Benincasa d'Ancon. Les érudits de l'époque savaient qu'il existait, au-delà de la Mer Ténébreuse, un continent qui n'était pas celui du Grand Khan, mais le Winland ou Pays du Vin.
« Vers l'an 1000, dit l'Encyclopédie (Pierre Larousse 1872), on conduisait une colonie dans ce pays qui était surnommé Winland et qui selon toute apparence, devait appartenir à l'Amérique septentrionale... Il est rapporté que des pêcheurs avaient été jetés par la tempête dans l'île d'Estotiland (?), où ils trouvèrent un peuple policé, ayant une écriture particulière. Là, on les chargea parce qu'ils connaissaient la boussole, d'une expédition sur la côté de Drocco, plus au Sud ; ils furent faits prisonniers par des sauvages anthropophages.
L'un d'eux parcourut en esclave tout le pays, et apprit que plus loin s'étendait un pays riche, fertile et civilisé. Les anthropophages de Drocco pourraient être les sauvages de la Nouvelle-Ecosse et du Canada, et le pays civilisé, le Mexique.



Quoi qu'il en soit, il est probable que ces renseignements connus de Christophe Colomb (écrit Pierre Larousse), ne purent que le confirmer dans sa croyance à des terres occidentales...
Il ne fut pas le premier à découvrir l'Amérique. Dans l'antiquité, Aristote avait deviné l'existence de ce que Colomb devait appeler les Indes Occidentales et, sans remonter si haut, il suffit de rappeler que les voyages des Scandinaves dans le Groenland et dans l'île de Terre-Neuve, voyages qui étaient probablement connus en Italie au XVe siècle. »

Martin-Alonzo et Vincente Pinzon

Quels que soient les mérites de Colomb – et il existent – l'historien se doit ne pas passer sous silence les taches dont « l'illustre Génois » a parsemé son blason. En premier lieu, il sied de souligner que les fères Martin-Alonzo et Vincente Pinzon armèrent, au profit de Colomb, les trois nefs de l'expédition : la Pinta, la Nina et la Santa-Maria du navigateur Juan de la Cosa.


La croix templière ornait les voiles des trois caravelles

Jamais Colomb n'eût pu embarquer vers l'Occident sans les Pinzon et sans Juan de la Cosa.


Vincente Yáñez Pinzón (1462-1514)

Jamais les nefs n'eussent franchi l'Atlantique si les Pinzon n'avaient pris le commandement des équipages. La traversée fut longue ; les matelots après avoir dépassé les 700 lieues prévus par « l'amiral » Christophe Colomb, s'aperçurent que ce dernier n'était qu'un piètre navigateur, incapable surtout de donner un ordre que l'on puisse décemment agréer. Ils grognèrent souvent et parlèrent même de jeter par-dessus bord cet amiral de comédie. Colomb, quand la mutinerie éclata, était certes prêt à mourir bravement; peut-être sur le point de faire demi-tour, mais Martin Pinzon encore une fois sauva la situation.


Martín Alonso Pinzón (1441-1493)

– Plaise à Dieu, s'écria-t-il, que flotte de si grande reine ne recule, non seulement cette nuit, mais de toute une année ! Selon Pierre Margry, auteur de : Les Navigateurs français et la révolution maritime, du XIVe au XVIe siècle, « Vicente Yañez Pinzon aurait été le second du navire de Jean Cousin, qui en 1488 – quatre ans avant le voyage de Colomb – découvrait le Brésil et doublait le cap de Bonne-Espérance ».

Les précurseurs de Colomb

Jean Cousin, originaire de Dieppe, bénéficiant des instructions du savant hydrographe Desceliers, son compatriote, découvrit l'embouchure d'un grand fleuve qu'il nomma Maragnon et qui plus tard fut appelé le fleuve des Amazones. Le premier, il baptisa « Pointe des Aiguilles » – dix ans avant Vasco de Gamma – ce qui devient ensuite le cap de Bonne-Espérance.
Voici, d'après les traditions et les relations anciennes, l'ordre chronologique des « découvreurs » connus des Amériques, depuis le Déluge jusqu'à Colomb :

– Il y a 9000 à 10 000 ans, des peuples émigrés d'Europe franchirent l'océan, conte le Popol-Vuh, livre sacré des Mayas-Quichés, et par étapes successives, se rendirent des terres du Nord (Canada) jusqu'au Mexique, en passant par les Etats-Unis. Les mêmes peuples migrateurs passèrent au Yucatan-Guatemala, puis en Colombie, puis au Pérou et en Bolivie. De là, sans doute, en Océanie et notamment à l'île de Pâques.



Détail d'une carte de l'Australie par Desceliers (XVIe siècle)

  • Au temps du roi Minos, des navigateurs crétois auraient touché au Mexique.
  • 850 av. J.-C. Badezir, roi de Phénicie, serait allé au Brésil, si l'on croit l'inscription suivante (indéchiffrable, en réalité) de la Pierre de Gavea, à Rio de Janero :

Traduction avancée : « Badezir grand-prête de Baal, roi de Tyr en Phénicie ».

999 : l'Islandais Björn Asbrandson.

1003 : le Norvégien Leif Ericson (d'après une saga).

1029 : l'Islandais Gudleif Gudlangson.

XIe siècle : expédition dite des « Aventuriers » par lle géographe arabe El Edrisi.

1121 : Erik Gnupson, évêque du Groenland, voyage jusqu'au Winland.

1362 : huit Suédois, vingt-deux Norvégiens, selon l'inscription runique de la pierre de Kensington.

1473 : Les Portugais, Danois et Norvégiens de l'expédition – très douteuse – commandée par les capitaines allemands Pining et Pothorst.

1488 : le Dieppois Jean Cousin serait allé au Brésil et aurait reconnu les bouches de l'Amazone. 


Carte réalisée par Jean Cousin 

1497 : Jean Cabot aurait pris pied sur la Terre Ferme avant Colomb.

Cabot touche terre avant Colomb

Jean Cabot, navigateur et cosmographe vénitien, naturalisé anglais, prit pied sur le continent américain (on disait alors la Terre Ferme) avant Christophe Colomb, qui lors de son premier voyage n'avait touché qu'à une île des Antilles ( San Salvador).
Voici, écrite par son fils Sébastien, la relation de l'exploit :
L'an de grâce 1497, Jean Cabot, vénitien, et son fils Sébastien, partirent de Bristol avec une flotte anglaise, et découvrirent cette terre que personne n'avait encore trouvée ; ce fut la première qu'ils aperçurent de dessus mer.Ils donnèrent à l'île située devant le continent, le nom d'île Saint-Jean, parce qu'ils y arrivèrent, selon toute apparence, le jour de la Saint-Jean-Baptiste.
Les habitants de cette île étaient couverts de peaux de bêtes, dont ils se croyaient fort parés...

Ils se servaient dans leur guerre d'arcs, d'arbalètes, de piques, de dards, de massues de bois et de frondes.



Ils trouvèrent que ce terrain était stérile en plusieurs endroits et portait peu de fruits ; qu'il était rempli d'ours blancs et de cerfs beaucoup plus grands que ceux d'Europe, qu'il produisait quantité de poissons, et de ceux de la plus grande espèce, comme des veaux marins et des saumons. Ils y trouvèrent des soles de trois pieds de long, et beaucoup de ce poisson que les sauvages appellent braccalaosIls y remarquèrent aussi des perdrix, des faucons et des aigles, mais ce qu'il y a de singulier, c'est qu'ils étaient tous aussi noires que des corbeaux.
Cette première terre, découverte par Jean Cabot en 1497, était le Labrador.



Il longea la côte jusqu'à la Floride, puis retourna à Bristol, emmenant trois « sauvages » vivants et une riche cargaison. Christophe Colomb ne toucha la terre ferme des Amériques qu'en 1498, c'est-à-dire un an après Cabot... et dix ans après le Dieppois Jean Cousin, qui avait reconnu le Marañon ou embouchure de l'Amazone. 

Le vrai but : reconstruire le Temple de Jérusalem

A trop vouloir prouver, on ne prouve rien du tout ! Colomb était-il un voleur ? Ce n'est qu'une hypothèse. Il n'est pas le vrai découvreur des Amériques sans doute, mais il est certain qu'il apporta à l'Espagne un empire immense et à l'Histoire un de ses plus beaux fleurons.
L'aventure américaine est d'une telle complexité qu'il est quasiment impossible d'en démêler la trame.

Le Génois était-il un juif rusé ou un chrétien retors ? Nul ne peut le dire.

Il est certes attiré, avant toute chose, par l'appât de l'or ; pourtant, Salvador de Madariaga dans son livre étonnant, révèle ce que fut sans doute le but secret de la conquête des Amériques : amasser des richesses pour reconstruire le Temple de Salomon à Jérusalem.


A Baza, il aurait assuré le roi et la reine que tous les bénéfices qu'il retirerait de son entreprise seraient consacrés à la libération de la maison de Sion et à la reconstruction du Temple.

Fin du monde en 1656

Colomb pensait sincèrement qu'il était missionné par Dieu pour accomplir de grands exploits, et cette idée le soutint puissamment dans son entreprise. Il s'appuie sur Esdras pour estimer la largeur de la mer – six parties de la Terre sont sèches et il y en a une sous l'eau – et sur les prophéties de Hébreux pour prévoir la fin du monde, qu'il fixe à l'an 1656. C'est pour cette raison qu'il presse le roi et la reine d'Espagne «  de se lancer dans l'entreprise de la conquête des Indes ».


Ferdinand V et Isabelle 1er étaient roi et reine de Castille en tandem de 1474 à 1504

Madariaga écrit, à propos de la mission dont Colomb se croyait chargé :
«  Il était l'agent du Seigneur, choisi non seulement pour conquérir un monde nouveau, n'existant jusque-là que dans son imagination, mais aussi pour faire face à ce roi et à cette reine qui opprimaient la moitié de son peuple et se préparaient à envoyer l'autre dans un exil inhumain. »
Il invoque Abraham, Moïse, Isaac, Sarah, Isaïe ; après sa réussite, il se compare à David.
Grisé, il brûle d'imiter les prophéties bibliques : il gémit, se juge opprimé, se couvre la tête de cendres et finalement écrit un Livre de Prophéties qui, malheureusement, ne nous est pas parvenu, mais qui traitait probablement du problème de la restauration d'Israël, soit en Palestine, soit dans les Indes Occidentales.

Colomb, Grand Maître du Temple

Un des grands mystères attachés à Christophe Colomb, outre ceux de sa naissance et de la paternité de la découverte de l'Amérique, est celui de sa signature dont voici la reproduction :


Pour Maurice Privat et Joseph Hariz, Colomb était magicien, et sa signature prouve son appartenance à l'Ordre du Temple, dont il aurait été le Grand Maitre.

Cette signature contient deux triangles pointés (nous en voyons quatre !).
« La dernière ligne xto ferens qui signifie Christo-ferens, exprimait la devise de Colomb, le porteur du Christ, devenue son prénom. La troisième ligne fait allusion au fait qu'il combattait les Maures sous les murs de Grenade, en costume de de franciscain. C'est sous la bure monocale qu'il débarqua après son deuxième et son quatrième voyage.... X,M,Y, expriment Christ, Marie ou Méryen, Joseph ou Yousouf, les mots de reconnaissance des tertiaires. Il ne restait plus à trouver que la clef du triangle ainsi formé.
Eliminons l'A central (Maurice Privat a vite raison des difficultés !) et nous obtenons le triple triangle. Nous y reconnaissons la figuration des pyramides d'Egypte. Colomb atteste donc indiscutablement son initiation... » 


Une mission templière

Par la Kabbale, M. Privat spécule que S répétée trois fois = 15 x 3 = 45, soit 4 + 5 = 9, nombre divin abstrait. En arithmosophie, 45 exprime l'héritage, le legs.
« La mission du Templier lui a donc été assurée par héritage. D'autres part, 15 divisé par 3 donne 5, qui est attribué au grand hiérophante entre les colonnes d'Hermès et de Salomon, c'est-à-dire l'initié. Par conséquent, Colomb expose ses titres sans ambages avec la lettre A :
« Je suis le premier de mon ordre. » Il est donc le grand maître de cette fraternité qui, après avoir aspiré à la conquête du monde pour l'organiser, fut décapitée en 1307 par Philippe le Bel, mais dont la puissance s'est perpétuée. » 



Telle est l'opinion de Maurice Privat, assez extravagante, avec néanmoins des lueurs qui accrochent notre curiosité. Il n'est pas impossible en effet que les Templiers aient été mêlés à cette histoire, de même que les Juifs, car il est impossible de ne pas remarquer que Colomb était un converso ; il « découvrit » l'Amérique dont l'Etat le plus puissant, les USA, devait devenir peu à peu la nouvelle Terre de Sion.
Selon Louis Charpentier, les Templiers avaient été tenus au courant des rapports des missionnaires groenland et, depuis le XIIe siècle, ils savaient qu'ils existait une route maritime pour se rendre dans un monde occidental.
Maurice Privat va plus loin encore en assurant que «  les Templiers avaient organisé un immense empire au Mexique, à la fin du XIIIe siècle.Colomb devait, par conséquent, les plans et les cartes qui lui permirent d'aller au Nouveau Monde, aux Templiers dont il était l'héritier majestueux ».


Ceux que cette thèse tenterait, devront se demander pourquoi Colomb « vola » la carte de Toscanelli et fit tant de démarches pour se procurer des documents !

Colomb Kabbaliste

L'expertise de la signature de Colomb ne nous porte pas vers l'explication de Maurice Privat.
Nous en retiendrons pourtant que le « Génois » était d'origine juive et qu'il pratiquait probablement la magie.
« Lors de son 4e voyage, écrit le Dr J. Hariz, Colomb pratique des conjurations. Par grande tempête, sur les côtes du Venezuela, torturé par le scorbut, il se lève, revêt son manteau, peint son épée, allume les cierges bénits dans les fanaux, brandit l'Evangile selon saint Jean l'Evangile de l'esprit, coupe l'air aux quatre angles. Est-ce à cause de cette cérémonie qu'on trombe gigantesque passa entre les caravelles sans les aspirer ? ».



Une évidence ressort dès l'examen primaire : Colomb croit à la puissance des lettres, des nombres, des pantacles et sa signature, incontestablement, veut avoir un caractère magique et talismanique. Il s'agit effectivement d'un pantacle, juif et kabbaliste !
Colomb en effet est d'origine juive ce qui, par ailleurs, ressort de son tempérament, de sa souplesse, de son intelligence. Comme tous les Juifs, même s'ils sont convertis (les conversos), il attache un grand crédit aux forces « mystérieuses » qui doivent l'aider à accomplir sa « mission ».
« Encore de nos jours, écrit Jean Marquès-Rivière, des Juifs utilisent le pantacle appelé le Shadaï que portent tous les enfants israélites au moment de la cérémonie dite Bar-mitzwah.
C'est une médaille ronde sur laquelle est inscrit, le nom divin Shadaï, dont l'usage est de tradition immémoriale.Ce nom divin se retrouve d'ailleurs dans de nombreux textes magiques et pantaculaires. »


Médaille Shadaï

Un Talisman de maître du monde

Cette signature se décompose en deux parties bien distinctes : la signature, dans le bas : christoferens ; un pantacle surmonte et protège le nom, avec 7 lettres magiques et 6 points qui rappellent les 6 pointes du sceau de Salomon.Voici, selon les traditions kabbalistes et les superstitions hébraïques, le sens du pantacle : 



Cette magie avait donc pour but, dans l'esprit de l'Amiral (en lisant de droite à gauche, comme en hébreu) de le placer sous la protection de Samaël-Sathan pour conjurer les tempêtes et... découvrir une Terre... vers le pays où le soleil se couche. Que Yahvé, le Seigneur, fasse Maître du monde le soussigné : Christophe Colomb. Samaël, Shamshiel, Arets et Sikiel sont fréquemment invoquées dans la magie des Juifs. Colomb est gonflé de vanité, de cupidité, d'orgueil insensé ; ne se prend-il pas pour un prophète quand il écrit ses Prophéties et annonce la fin du monde pour 1656 ?



N'a-t-il pas exigé avant de partir sur l'océan, d'être fait chevalier, don, grand amiral et vice-roi ?
Après sa victoire, vers 1498, il écrit aux souverains espagnols, une lettre délirante où il se présente comme un prince du monde, le véritable Metatron : « Dieu... qu'a-t-il fait de plus pour Moïse ou pour David ? »
Et parlant de lui, il ajoute : « Depuis ta naissance il a toujours pris grand soin de toi... Il a donné à ton nom un retentissement merveilleux sur la Terre. » En fait, le talisman, écrit et enfermé dans un sachet que Colomb devait porter à même sa peau, semble avoir joué un rôle efficace.
Bien qu'il n'ait pas découvert les Amériques, et n'ait pas même imaginé la route maritime du Ponant, Colomb est devenu une sorte de Metatron : l'homme le plus connu du monde.



Samaël, Sikiel, Arets, Shamshiel – Y – M et X (X == votre nom, surtout s'il commence par un C), voilà un puissant et merveilleux talisman qui a fait ses preuves ! Le mayorazgo, de 1498, bien qu'apocryphe, écrit Madariaga, doit s'appuyer sur le document disparu de 1502.
On y trouve une clause singulière concernant la signature :
« Don Diego, mon fils, ou celui quel qu'il soit qui héritera ce majorat, après en avoir hérité et en avoir obtenu la possession, signera de la signature que j'utilise à préent, qui consiste en un X, avec un S au-dessus, et un M avec un A romain au-dessus, et au-dessus encore, un S, et ensuite un Y avec un S au-dessus, avec leur traits et leurs virgules comme je fais à présent et comme on le verra d'après mes signatures et par celle ci-dessous. Et il ne signera rien que l'Amiral, quand bien même le roi lui donnerait, ou il mériterait d'autres titres. »

Un pacte avec Satan

Si l'on veut bien s'en tenir à ces précisions, la signature signifierait alors :
« Christophe Colomb – lumière ou soleil – Maître – de la Terre – sous la présidence de Samaël – Seigneur – de la tempête. » Les 6 points reliées entre eux donnent 2 triangles accolés. Si on les relie dans tous les sens possibles on obtient deux pyramides en géométrie dans l'espace, c'est-à-dire avec quatre face chacune. Par translation des deux triangles on obtient... le sceau de Salomon, ce qui nous ramène encore aux pentacles magiques des Hébreux.



Il semble donc ressortir des précisions apportées par l'Amiral, qu'il aurait signé avec Satan-Samaël un pacte qui engageait aussi sa descendance directe. Certes, nous ne croyons pas à la puissance d'un pacte, pas plus qu'à Satan, mais il est curieux de remarquer que l'aventure de Colomb se déroule exactement comme si le Diable s'en était mêlé : avec son cortège de démons, de talismans, d'incantations, de hasards étranges, de bonnes fortunes insolites, d'aides providentielles et pas toujours méritées. Avec aussi, un contexte d'or et d'horreur, de marchandages, de duplicité, de sang et de cruautés ressemblant à des holocaustes dont les « sauvages » de l'Inde Occidentale firent les frais.
Salvador de Madariaga fait remarquer également la forme triangulaire de la signature et pense à la Kabbale.



Il ajoute que l'arrangement des S pointés fait apparaître l'écu de David (bouclier de David) ce qui est relativement exact. Un israélite kabbaliste, M. Maurice David, a révélé à Madariaga que « fils et petit-fils de rabbins, lorsqu'il avait vu le monogramme qui se trouve dans le coin supérieur gauche de toutes les lettres adressées par Colon à son fils Diego, sauf une, il avait reconnu celui que son père et son grand-père inscrivaient toujours au même endroit sur toutes leurs lettres. C'était une vieille salutation hébraïque, une bénédiction... »Les graphologues hébraïques ne sont pas de cet avis, ajoute Madariaga. Selon J. R. Marcus, professeur d'histoire juive à l'Hebrew Union College de Cincinatti (Ohio), la transcription en caractères latins du talisman donnerait : 




Ce qui représente un talisman magique à caractère religieux et juif. Autre interprétation de l'écrivain Don Armando Alvarez Pedroso :




Pour notre part, nous nous tenons à notre première explication.


Source : Chapitre VI « Le Livre du passé mystérieux » de Robert Charroux (1973).